Sentiers : Un riche passé

Des chemins à découvrir

Comme la plupart des communautés rurales, Henvic disposait naguère d’un riche réseau de voies vicinales et de chemins de traverse. Ce réseau complexe, à présent partiellement effacé, remontait vraisemblablement, du moins pour les plus anciens d’entre eux, aux temps primitifs de l’occupation de notre territoire par les bipèdes que nous sommes, en tout cas, dès l’âge du fer.

L’occupation romaine, au début de l’ère chrétienne, a probablement développé et amélioré le système existant. De longues lignes droites, tracées dans un ensemble assez tortueux, en seraient les vestiges. C’est du moins ce que la légende et la tradition nous ont transmis oralement.

Toujours est-il que ces chemins anciens traduisaient l’activité élémentaire des hommes, c’est à dire exprimaient leur volonté de déplacement et de développement. Ils avaient une dimension quasiment éthologique et une fonction écologique: ils épousaient la configuration géographique au service du parcellaire qui progressivement se mettait en place. Dans un esprit à la fois pratique et esthétique il s’agissait de faciliter l’accès aux différents villages et hameaux ainsi qu’aux multiples parcelles cultivées alentour.

Les talus érigés le long des chemins ou en bordure des champs avaient également une double fonction: ils servaient à délimiter les propriétés mais aussi à protéger les cultures et le cheptel des intempéries. C’est ainsi que s’étendit peu à peu le paysage bocager breton.

Ainsi les éléments primordiaux de façonnement de l’espace rural furent les chemins et les talus. Ce phénomène s’étala sur de longs siècles et s’accéléra à partir du XI ème et XII ème siècle: c’est le début des grands défrichements de la forêt et de la lande primitives. Au même moment apparaissent les lieux-dits en KER. Le maillage de notre commune se fait de plus en plus serré au rythme de l’accroissement de sa population.

Chemins et talus, naturellement associés, furent le fruit du labeur de nos ancêtres et le symbole de la convivialité campagnarde car ils reliaient les différents écarts et favorisaient les rencontres et les échanges de toute nature. Les années soixante du siècle dernier ont vu l’amorce de la disparition partielle du nombre de ces chemins et talus, inadaptés aux nécessaires mutations de notre agriculture séculaire. Tout un patrimoine ancien s’est ainsi irrémédiablement évanoui, parallèlement à l’avènement d’un nouveau parcellaire plus rationnel, sans doute, et mieux adapté à l’ère technologique que symbolise l’arrivée des tracteurs. Il ne sert à rien de le déplorer et d’entretenir un sentiment stérile de nostalgie. Mieux vaut regarder l’avenir et agir dans le présent.

Certaines communes ont déjà compris l’intérêt majeur qu’il y a à conserver, entretenir, relier les différents sentiers, voire à créer de nouvelles liaisons au cas où les anciennes auraient été arasées.

 De telles opérations doivent bien évidemment se faire en étroite concertation avec toutes les parties prenantes, en tenant compte de l’intérêt collectif et dans le strict respect de l’état de droit.

Au moment où la population agricole décline inexorablement et où les aspirations culturelles et écologiques, au sens noble du terme, s’affirment de plus en plus, il nous paraît souhaitable de remettre ce patrimoine vert au service de tous, aussi bien les amoureux de la nature et des beaux paysages que les adeptes du tourisme pédestre. Ce patrimoine est précieux et chargé d’histoire: déjà au XI ème siècle les pèlerins de St Jacques de Compostelle et ceux du Tro Breiz empruntaient plusieurs sentiers henvicois.

 C’est pourquoi nous avons entrepris de finaliser et de pérenniser un réseau de sentiers de randonnée, bien balisé afin de renouer avec les traditions ancestrales. Toute la commune y gagnera en convivialité et en notoriété. La boucle sera bouclée lorsque ce patrimoine immémorial, hérité de nos lointains ancêtres, sera en partie restauré et préservé pour les générations futures.

Venez donc rejoindre L’AMER au service de cette noble cause et/ou participez aux chantiers de débroussaillage et d’entretien de ces sentiers qui longent les nombreux lieux de mémoire de notre commune, tels LE LINGOZ (site le plus ancien), LEZIREUR (siège de puissantes dynasties militaires) et bien sûr TROGRIFFON (ensemble le mieux conservé). Ces sentiers permettront également de découvrir et d’admirer les trésors de notre patrimoine religieux (le Bourg, le Pont de la Corde) ou encore les pittoresques calvaires et les nombreux lavoirs et fontaines qui agrémentent notre lieu de vie, tant il est vrai que les vieilles pierres parlent à ceux qui savent prendre le temps de les contempler.

Alexis Briant, ancien Président de l’AMER