Robert Guiader

Un homme courageux et tenace

Robert Guiader est né au Havre le 03 mai 1920. Il a 20 ans, lorsque le 03 mai 1940, il est appelé sous les drapeaux. Le 22 mai, il gagne le dépôt de Cherbourg puis est évacué sur Lorient à bord du paquebot « Versailles ».

Prisonnier une première fois par les allemands, mais rapatrié sanitaire.

A la veille de l’armistice, le 21 juin, il est fait prisonnier par les Allemands, il est envoyé à Pont Scorff et Hennebont. Il est ensuite ramené à Lorient dans un lycée. Il subit l’opération de l’appendicite à l’hôpital de Bodélio pendant un bombardement.

Il est alors déporté à Nuremberg en Allemagne au stalag XIIIA, le 13 janvier 1941 avec le N° de prisonnier « 3531 ». Dans ce camp, il refuse de travailler, aussi est-il envoyé de force en Kommando sous surveillance spéciale. Il se blesse volontairement. Reconnu rapatriable avec la complicité d’un jeune docteur français de Bordeaux et d’un médecin autrichien, il est transféré au stalag XII A à Limburg. Il y rencontre Claude Alain de Henvic, Yvin, boucher de Penzé et F. Simon, instituteur de Carantec qui deviendra Maire après la guerre.

Le 11 juin 1941 il est rapatrié sanitaire en France, à Satonay et Toulon, puis dans un centre d’accueil de Sciez en Haute Savoie où il reste un mois. Il se démène pour être reconnu « Apte au service à la mer ».

Rejoindre les FFL : Une 1ère tentative infructueuse par l’Espagne …

Désirant rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre, Robert Guiader prend contact avec une organisation chargée de l’évasion de jeunes gens par l’Espagne. Mais sa tentative d’évasion échoue.

Le 27 juillet 1941, il retourne à Toulon et décide d’embarquer à bord du navire de guerre, le « Tarn », un pétrolier ravitailleur d’escadre.

Le Tarn est torpillé

Le 06 novembre 1941, le « Tarn » est torpillé en Méditerranée près du cap Malifou, à 12 miles de la côte. Il réussit cependant à rejoindre Alger. En août 1942 il retrouve son bâtiment, le « Tarn » à Bizerte, après réparation. Robert Guiader est démobilisable le 22 novembre 1942, mais le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord l’empêche de rentrer chez lui. Le 2 décembre 1942, accompagné d’un camarade du bord, Perron Jean de Lorient et d’autres marins, il réussit à traverser l’arsenal, le lac et les lignes allemandes. Ils sont armés. Le 3 décembre au matin, après un voyage mouvementé, 6 avions de chasse allemands les mitraillent.

Repris par les allemands, mais libéré

Ils sont arrêtés quelques instants plus tard. Après avoir résisté et cernés dans une ferme, ils sont amenés à Sidi Abdallad où ils sont interrogés par un tribunal allemand qui le déclare coupable. Il doit être fusillé ou envoyé dans un camp de concentration, mais sur intervention de l’Etat Major, il est remis aux autorités françaises et enfermé dans une cellule, à Ferryville (Algérie). Après 10 jours de cellule, il est libéré et rapatrié en France à bord d’un torpilleur italien, via la Sicile et l’Italie.

A Toulon il est placé en congé illimité et rejoint son domicile familial à Henvic, au lieu-dit Croas Men le 27 décembre 1942.

Engagé volontaire dans les FNFL

Le 06 mars 1943, il rejoint l’Angleterre à bord du bâtiment « S’ils te mordent, mors-les », avec 8 autres évadés. Le bateau arrive à Plymouth le lendemain vers 10 heures Il est conduit au « Patriotic School » à Londres, ancien collège de filles, siège du contre-espionnage britannique: le « M I 5 ». Le 1er avril 1943 il souscrit un contrat d’engagement volontaire dans les FNFL (Forces Navales Françaises Libres) et devient un agent secret du BCRA  (Bureau Central du Renseignement et d’Action). Une mission périlleuse, dans les services secrets de la France Libre. Le 9 avril 1943, il parle à la BBC de 21h30 à 22h00.

Après avoir suivi des cours de transmission, de sécurité et un entraînement parachutiste à Ringway, près de Manchester, il est chargé d’une mission spéciale en France, et « déposé » par un avion de liaison « Lysander » le 06 février 1944.

Arrêté à Paris et déporté à Buchenwald

Le 08 juillet 1944 Robert Guiader est arrêté par la « Gestapo » (Police Secrète d’Etat) dans le métro parisien à la station Denfert Rochereau, puis interrogé Avenue Foch. Il est incarcéré à Fresnes et part de Pantin le 15 août en train de marchandises, pour Buchenwald en camp de concentration sous le N° 77322.

Libéré par les Américains

Le 11 avril 1945 vers 20h30, les allemands ne voulant pas que les prisonniers soient libérés par les américains qui approchent, font sortir les déportés du camp, parmi lesquels Robert Guiader, et les dirigent à pied vers un pont sur l’Elbe à 14 kms. Une longue marche commence… Robert Guiader est enfin libéré par les américains le 4 mai 1945, et rapatrié le 24 mai.

De retour à Henvic, Robert Guiader continuera sa vie de marin, mais dans la Marine marchande cette fois, et jouira d’une paisible et discrète retraite auprès de son épouse Violette et de ses 5 enfants, lui qui ne recherchait ni les honneurs, ni l’exposition médiatique. Toute sa vie il restera fidèle et attaché aux cérémonies patriotiques. Il a assuré pendant 25 ans la présidence des Anciens Combattants de Henvic. Il nous quittera en 2000 à l’âge de 80 ans.

Une rue de Henvic à son nom

Lors de la commémoration du 70e anniversaire de la victoire des alliés sur l’Allemagne et la fin de la Seconde Guerre mondiale, une plaque de rue a été décernée à Robert Guiader, cet ancien Henvicois courageux et tenace, ayant activement participé à la libération de la France par ses actions dans la Résistance.. La guerre terminée, il est revenu dans sa famille à Henvic où il s’est marié à Violette. Ensemble, ils ont eu cinq enfants.

Toute sa vie, il était attaché aux cérémonies patriotiques et était président des Anciens combattants de la commune. Il est décédé à 80 ans.

 

Officier de la Légion d’Honneur, le sous-lieutenant Robert Guiader était titulaire de:

– la Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes,

– la médaille des Evadés,

– La Croix de Combattant Volontaire de la Résistance,

– La médaille de la France Libre.