Le Manoir de Lézireur

Un passé prestigieux       
Durant toute la longue période du moyen âge, jusqu’à la Révolution de 1789, l’existence de nos ancêtres henvicois était inféodée aux seigneurs de Lézireur. Ceux-ci avaient des droits, (des ligences et des cheffrentes), sur l’ensemble de leur fief. Comme haut justicier, le seigneur de Lézireur jouissait d’un pouvoir considérable. Ses armes, ses blasons, se voyaient partout, sur les vitraux des églises de Taulé et de Henvic.

Du manoir de Lézireur, il ne reste pratiquement plus rien de nos jours. Une belle vasque de granit, et quelques linteaux gothiques sur les maisons du hameau, sont les seuls vestiges d’un passé pourtant prestigieux.

Cette belle vasque se trouve toujours à Lézireur (Lieu privé)

« Au 15ème siècle, Lézireur appartenait à la famille de Kerigou. Le fief est ensuite passé à la famille Guizcanou. Celle-ci avait une devise plutôt prétentieuse: « Kenta tud a oa er bed, oa Guizcanou ha Kerret » (Les premiers habitants de la terre étaient Guizcanou et Kerret)

Meriadec de Guizcanou, Capitaine de la ville et du château de Morlaix, et gentilhomme de la Maison d’Anne de Bretagne, obtint du Roi Louis XII, la permission de lever une justice patibulaire à trois poteaux, sur sa terre de Lézireur, et de tenir une foire annuelle à Henvic.

Le moulin de Lézireur fonctionnait grâce à l’eau de son étang

L’incendie du château par les Anglais en 1522

Mériadec de Guizcanou eut pour fils Jean de Guizcanou, qui vit son manoir de Lézireur brûlé par les Anglais, lors de leur descente à Morlaix en 1522, et qui perdit dans l’incendie, parmi tous ses titres, l’acte de concession de haute justice. Aussi son fils, Jehan de Guizcanou sollicita et obtint du roi François 1er, des lettres le confirmant dans la possession de sa haute et basse justice et l’autorisant à dresser une potence patibulaire « pour donner crainte et terreur à ses subjetz ». Les fourches patibulaires furent érigées dans la lande de Langroas, sur le grand chemin entre le bourg de Henvic et celui de Taulé. (Cet endroit s’appelle toujours « Goarem ar Justis », et est situé sur le site d’un ancien tumulus. Le chemin qui y menait, se nommait encore jusqu’à ces dernières années, « Streat an Anaon », le « Chemin des Trépassés »)

Un deuxième incendie en 1594

À l’époque de la Ligue, le manoir fut occupé militairement par les Ligueurs. Mais au mois d’août 1594, la compagnie qui s’y tenait, ayant appris que le maréchal d’Aumont, commandant l’armée royale, venait d’entrer à Morlaix et assiégeait le château de cette ville, se hâta d’évacuer Lézireur après y avoir mis le feu. Heureusement, les paysans et les voisins accoururent aussitôt, et réussirent à éteindre l’incendie avant qu’il eut consumé l’habitation toute entière, mais les archives furent brûlées pour la seconde fois.

Messire Louis Gouriou, seigneur de Lézireur, présenta un aveu au roi en 1631, pour demander à nouveau le droit de haute justice. Mais la Chambre des Comptes ordonna une enquête. La noblesse locale vint alors défendre les intérêts du Seigneur de Lézireur, et ce droit de haute justice fut maintenu.

Le 1er août 1639, le seigneur de Lézireur annexa à son fief, celui de la seigneurie de Penzé, et de l’île Callot. Son fils, Eustache du Lys, seigneur de Beaucé et de Lézireur, fut sénéchal de Rennes en 1660.

Les revenus substantiels du Passage de la Corde

Le Passage de la Corde ou Passage aux Boeufs, sur la rivière de la Penzé, appartenait aussi aux seigneurs de Lézireur, qui en tiraient un bon revenu, ce qui provoqua souvent la convoitise d’autres gentilhommes de Henvic et de Carantec qui prétendirent une part dans le produit de la ferme du bac. Cette redevance, de 6 deniers par homme ou par cheval, n’était pas due l’année où le bateau de passage était refait à neuf.

Les sieurs de Penzornou disputaient aux châtelains de Lézireur, la propriété du Passage de la Corde, et l’un d’eux, Laurent de Tréanna, poussa l’audace jusqu’à percevoir à son profit la redevance payée par les passants, mais il dut rendre gorge en 1693, sous la menace d’un procès, et restituer les sommes indûment reçues.