La toponymie henvicoise

La toponymie henvicoise

Introduction

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Introduction

D’où viennent ces noms de lieux?

Notre toponymie en langue bretonne est en danger !! Va-t-on laisser disparaître des noms de lieux qui constituent un patrimoine culturel, historique  et géographique inestimable? Nous devons transmettre aux générations futures ce patrimoine immatériel que nous voyons quotidiennement à chaque coin de rue, à chaque hameau, à chaque entrée de champ.    

Le sujet que nous proposons ici a été traité en grande partie, par Monsieur Yves Nicolas, henvicois de souche, excellent bretonnant, qui a mené une longue carrière de cartographe dans le monde entier.  Un grand merci également à Alexis Briant, grand connaisseur de l’Histoire de Henvic, et en linguistique et à Louis Guillou, expert en généalogie. 

Henvic, dont le nom apparaît dans les archives en 1440, est le vieux bourg d’un ensemble géographique plus vaste, « Taulai » signalé en 1128, dénommé « Ploe-Taule » en 1398.

La toponymie, science des noms de lieux, nous permet de remonter encore dans le temps. Ces noms sont souvent très anciens. Leur orthographe a souvent varié au cours des siècles, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Mais avec un minimum  de prudence, en arpentant ce labyrinthe, on peut malgré tout entrevoir une sorte de plan cadastral ancien de notre territoire. Nous y percevons la nature des lieux, (relief, composition des sols, le type de cultures, et même l’identité des habitants, (noms et surnoms, caractéristiques diverses).

Quelques généralités

Avant d’aborder une analyse aussi détaillée que possible des toponymes henvicois, faisons un bref rappel historique et statistique des noms les plus chargés de sens. On sait que 43% des noms des paroisses du Léon commencent par « Plou ». Ce n’est pas le cas de Henvic ni des autres communes du canton, à l’exception de l’appellation Ploe-Taule en 1398.

D’autre part, soulignons que la racine essentielle de la toponymie bretonne est « Ker ». A Henvic, d’ailleurs, sur l’ensemble de la toponymie, elle représente plus du tiers.

Alors, que savons-nous de ces lieux-dits en « Ker » ? D’abord, ils sont très rares avant le XIème siècle, comme l’atteste l’examen du Cartulaire de Redon (IXème). Ils ne se développent quasiment qu’à partir du XIIème, qui correspond à une période de paix et de prospérité relatives, entre les ravages des Vikings, et ceux de la grande peste du XIVème. C’est le temps des grands défrichements de la lande et des bois primitifs. La démographie se développe, les talus apparaissent, et les  parcelles cultivables se multiplient, d’où la prolifération de   nouveaux hameaux, les « Ker », qui font référence à des domaines agricoles plus ou moins étendus. Kerily serait un des plus anciens « ker », car il semblerait que la lignée dynastique des Kermellec remonte au temps des croisades.

Les lieux-dits en « Lis » ou « Lez » sont rares et bien plus anciens. Cette racine signifie en vieux breton, (avant l’an 1000),  « place forte » ou « cour seigneuriale » C’est indubitable pour Lezireur, (Lissilour), car nous avons des indices probants. Le nom breton de la plus vieille maison du quartier est « Ar Sal », où le seigneur justicier enregistrait les doléances des sujets. Les archives du XVIème nous le prouvent. On y évoque la présence de deux chapelles, dont l’une, extérieure dans « Park ar Chapel », ainsi que l’existence d’un colombier dans « Park ar ch’ouldri », sans parler de deux étangs, attestés, et sans doute deux moulins. La micro toponymie (nom des parcelles) est ici un précieux témoin historique. Un ouvrage concernant le 19ème siècle à Henvic, en cours de rédaction, reprendra cette micro toponymie établie à partir du Cadastre Napoléonien.

Nous évoquions les lieux dits en « Liz » ou en « Lez ». En ce qui concerne Lesnoa, nous n’avons pas les mêmes indices. Mais nous pouvons affirmer qu’il s’agissait d’un ensemble important géographiquement, comme l’atteste la micro toponymie.  ((« Braz », « bihan », « Kreiz »…) mais sans structure de pouvoir, car les archives sont muettes à ce sujet.

Pour ce qui est des toponymes contenant la racine « Castellum », comme Castellenec, Quistillic, Quistilligou, pourraient évoquer le présence romaine sur notre presqu’île. Sont-ce d’anciennes places fortes ou maisons fortes destinées à surveiller la Penze (Quistillic), la baie, (Quistilligou) ou situé près d’un point d’eau important (Castellenec) essentiel pour le peuplement.

D’autre part, Convenant est aussi un cas particulier intéressant historiquement. Ce mot est signalé dès le XIVème Mais il désigne un système d’exploitation antérieur. En effet, « Convenant » signifie « contrat » : il s’agissait du contrat d’exploitation qui liait un propriétaire foncier à un paysan défricheur. Aux termes de ce contrat, le paysan qui met en valeur de nouvelles terres devient propriétaire de tous les « édifices» , c’est à dire les bâtiments, et les talus qu’il a construits. Ces contrats étaient généralement signés avec une abbaye : St Melaine comme à Penze ? ou bien avec les Templiers dont on sait qu’ils étaient présents à Plouénan et de l’autre côté de la rivière, …. Le secteur de Kervor (Kermor) ?

Pour terminer, juste un mot de Trogriffon, notre perle locale. Le mot vient de « Traon », (tro), « Afon », ou  « Avon », (cf Aven), il signifie donc le bas de la rivière, ou mieux, « la vallée près de la rivière » . C’est le lieu d’érection d’une ancienne construction moyenâgeuse, antérieure au manoir actuel, sur laquelle nous n’avons guère de documents. Observons cependant qu’elle est située à un endroit stratégique et sans doute destinée à surveiller la Penze.

Nous avons observé au cours de nos recherches, que le caractère le plus frappant qui caractérise 1a toponymie de notre commune, c’est, outre sa diversité, sa remarquable pérennité. A titre d’exemple, nous citerons cet extrait du « Cahier de délibérations du Corps Politique de la Trève de Henvic, réuni le Dimanche 28 Décembre 1788. Nous avons relevé les noms des personnes qui y siégeaient. Il s’agissait de « Jean Hyrien, demeurant au lieu de Lesnoa Braz, Jean Le Duc, demeurant au manoir de Feunteun Speur, Lucas Kéroulé, demeurant au lieu de Kermerrien, Guillaume Kerné, demeurant au lieu de Kerantreiz, René Hervet, demeurant au lieu de Ty Nevez, Thomas Tartarin, demeurant au lieu de Kerouant,  Jean Hervet, demeurant au lieu de Kerantreiz, Hervé Guillou, demeurant au lieu dé Kerandrez Huella, Jean Jacq demeurant au lieu de Goasalan, Gabriel Cochart demeurant au lieu de Kervoaziou, Yves Hervet, demeurant au lieu de Pen an Alle, et François Cléach, demeurant au lieu de Kergonnan ». Nous voyons que, si des noms de familles ont aujourd’hui disparu, les toponymes demeurent inchangés. Les seules divergences proviennent de modifications des règles de transcription, qui sont en constante évolution.

Ce problème prend toute son acuité avec le progrès technique. En effet, nous voyons apparaître sur le marché, des voitures équipées de guidage par « GPS ». (Global Positionning System). La position du véhicule est déterminée à tout instant, et en tout lieu, avec une précision de l’ordre du mètre, par un réseau de 25 satellites placés sur orbites hautes. L’usager se contente d’inscrire sa destination finale, et l’ordinateur de bord, couplé avec une carte, lui indique le meilleur itinéraire pour y parvenir. Mais si cette destination est un lieu-dit, comme « Kistillig », par exemple, il devra être orthographié conformément à la carte de référence, donc « Quistillic ». Cet exemple nous montre bien l’importance de la transcription de nos noms de lieux.

La référence pour notre pays est en effet la carte IGN à 1/25000. Les toponymes ont été collectés sur le terrain par enquête auprès des habitants et comparés aux différentes sources, (anciennes cartes, cadastres, INSEE…), Ils ont été approuvés par les autorités locales, (Mairie), et enfin entérinés par une commission de toponymie composée de personnalités compétentes en la matière.

Pour Henvic, les travaux de terrain ont eu lieu en 1973, et la commission de toponymie était présidée par le Chanoine Falc’hun, professeur à l’Université de Rennes. Malheureusement, depuis cette date, les règles de transcription ont encore été changées, concernant notamment l’usage des lettres « C » et « W ». Il est donc hautement souhaitable que pour des raisons de sauvegarde et d’harmonisation, des règles claires et définitives soient adoptées pour une transcription correcte de la toponymie bretonne.

Nous pouvons donc affirmer que les noms de lieux constituent des jalons dans le temps. Mais les interpréter exige beaucoup de prudence et d’humilité. Il faut se méfier de l’étymologie populaire, la plus vivace, ainsi que de toutes ces appellations erronées colportées par la tradition orale. Ainsi le lieu dit Le Croissant n’a rien à voir avec la culture arabo-musulmane ! C’est tout simplement la francisation assez récente sans doute fin du XIXème, de Kroaz hent, un carrefour important du bourg…

Yves Nicolas


noms

Les noms de lieux et hameaux de la commune

Ar Hoel doit son nom à l’ancienne forge, qui faisait partie des biens temporels de la chapelle Ste Marguerite.

Ar Veneg Le Menec – Ar Menec  Autrefois, et encore dans mon enfance, dit Yves Nicolas, on disait « Ar Venec », « Le Venec ». Certains proposent l’origine « men », la pierre. Ce serait alors « le terrain pierreux». D’autres pensent à une dérivation de « Manac’h », signifiant « moine », en « menek », qui veut dire monastère. La légende locale dit que St Maudet aurait eu, par là, une retraite… une de plus pour ce saint voyageur.

Ar Vern: C’est le nom breton d’une ferme appelée « Le Launay » dans des documents officiels (Cadatre). « Vern », (ou « Guern », ou « Vergne »), est un toponyme très répandu bien au-delà de nos frontières pour désigner un terrain humide, marécageux, souvent peuplé d’aulnes, d’où est venue l’appellation française d' »Aulnaie », puis « L’Aunay », et enfin « Le Launay ». Le meilleur moyen d’éviter cette mauvaise transcription est de s’en tenir au toponyme breton « Ar Vern ».

Ar vilin vor (milin = moulin, et mor = mer, avec la mutation classique du « m » en « v »). Ce nom désigne le moulin à marée, qui a fonctionné jusqu’à 1920 environ, mais qui, malgré de louables efforts, n’a pu être sauvé de la ruine.

Ar stivel est la source ruisselant d’une paroi rocheuse située au bord de l’allée d’accès au manoir de Trogriffon, et alimentant un lavoir orné d’une très belle croix pattée.

Bourlac’h (orthographié « Bourleac’h » au cadastre). Ce nom comprend la racine « lac’h », ou «leac’h », qui veut dire le lieu, I’endroit. Ex « Marhalac’h », le lieu du marché. Quant à «Bour», on ne l’emploie guère que dans l’expression « leun bour », « plein à craquer ».

Chapel Santez Marharit est la chapelle, très modeste, mais très ancienne, dédiée à Ste Marguerite. Restaurée en 1827, la municipalité a effectué ces dernières années, des travaux de sauvegarde et d’entretien important. Dorénavant, l’Association des Amis de Ste Marguerite font vivre cette chapelle.

Chapellendy : Mystère. On nous propose : Chapalany : « Chapellenie », c’est-à-dire bénéfice attaché à un lieu. Cela remonterait à l’époque des Templiers. Pourquoi pas ?

Coatalec Kotalec / Coatalec / Coatalec Après le Vilin Goz, remontant la vieille route, une fois passé la fontaine, dite « des malades » ou encore de Sainte Marguerite, aujourd’hui ravagée, polluée, cimentée, nous passons devant Coatalec. S’agit-il de « Ko » de « koz », signifiant « vieux » ou de « Coat », bois ? Il y avait des saules : Alec, Aleg, Alek. C’était un bel ensemble de logis et d’écuries, clos sur une cour intérieure pavée; un manoir certainement. Rénové, il nous offre encore, sur la façade, la très vieille statue de Saint Gildas, qui nous rappelle qu’autrefois existait, en face, la Chapelle Saint-Gildas (et son cimetière) avec, à ses pieds, fontaine et lavoir, que nous avons connus en notre enfance. Bel endroit ombragé où les langues des laveuses battaient au rythme des battoirs, où les vaches venaient aspirer 1’eau et où les pies voleuses guettaient les pavés de savon. Aujourd’hui, tout a été comblé et enfoui sous des gravats. Saint Gildes se trouve plus haut.

Coat Glaz: (Bois vert) est déformé, dans la prononciation locale, en « Koklaz »et même le bois voisin est appelé « Coat ar C’hoklaz », avec une répétition bien involontaire de « coat ». Nous conservons ici le « C » de « Coat », qui, bien qu’erroné, est consacré par l’usage.

Convenant Ce mot signifie un «champ commun». C’est un à peu près pour désigner une «tenure», c’est à dire une terre obtenue d’un seigneur en fief, et soumise à un système particulier à la Basse Bretagne. «Convenant» désigne un domaine congéable, une sorte de fermage. Le mot est souvent suivi du nom du locataire.

Feunteun Speur: « Feunteun » signifie « fontaine » et « Speur » vient de « Speuren », qui signifie le « box d’une écurie ». Ce toponyme indiquerait donc une « fontaine cloisonnée ».

Gwazalan (Goasalan) est composé de la racine « Gwaz » (ruisseau) et du patronyme « Alan », signifiant Alain.

Gwaz ar Saoz ou Gwaz ar Soz: Ne pas se fier surtout  à ce qu’on peut lire  sur la  pancarte « Goas ar Saux ». Gwaz : le ruisseau , et Saoz / Soz: L’anglais. Par extension, à l’époque florissante du lin, le terme « Saozon » les anglais, désignait les tisserands qui commerçaient avec l’Angleterre. A Morlaix, existe encore Ti ar Saozon, la maison des Tisserands. Mais encore, « Saoz » veut dire le bègue, le bafouilleur. (Celui qui parle français comme une vache anglaise). Au choix: le Ruisseau de l’Anglais, le Ruisseau du tisserand, le Ruisseau ,du bègue.

Gwaskelenn /Goasquelen: Ce lieu est situé au pied du viaduc du chemin de fer (le Pont Houarn). Le nom est composé de deux racines, »Gwaz » (ruisseau ou simple fossé), dont la transcription est plus proche de la prononciation que goaz (pas de son « O » et accent tonique sur le « A ») et « Kelenn » (houx), et non « quelenn », le « Q », d’origine latine, étant proscrit de l’alphabet breton.

Hembreiz pourrait être une contraction de « Hent » (Tro) Breiz » c’est à dire le chemin du Tro Breiz, mais cela reste à démontrer.

Henvic: Nous savons que dans le mot Henvic, il y a deux racines distinctes, l’une bretonne, avec l’adjectif « Hen », signifiant vieux, en breton ancien, et l’autre latine, avec « Vic », de vicus, le village, le bourg. Dès lors, la transcription bretonne de Henvig peut être contestable, mais les puristes répondront que la lette « C » n’existe pas dans l’alphabet breton, où elle est remplacée par « K » (en début de mot », ou par « G » (en terminaison). Par exemple dans Kistillig. Par ailleurs, henvicois se dit « henvigiz » en breton, alors, va pour Henvig…

Kastellenec Ce nom, généralement orthographié Castellenec, comprend les deux racines de «Kastel», qui signifie « château », et « Len », qui désigne un point d’eau. Les règles de transcription actuelles de la langue bretonne interdisent l’utilisation de le lettre « C ». Ce lieu-dit remonterait à l’époque gallo-romaine.

Ker: Nous arrivons à cette série de noms de lieux commençant par ce mot breton « kêr », qui peut avoir  plusieurs significations : ville, village, hameau. Anciennement pouvait être un habitat fortifié une  cité. Parfois  «le chez soi, l’intérieur (home). » Par contre, la maison en tant que bâtisse se dit ti en breton.

Keracoual ou plutôt Keracouel. Govel : La forge. Ici, nous disons aussi Gouvel. Mutation aidant : Ker ar C’hovel ou Ker ar C’houvel: La maison de la forge.

Kerall : Ker all : l’autre maison, ou bien, Ker-Ral : Chez Raoul ?

Kerandrez: de « Drez »: les ronces

Ker an Oll Nom du bâtiment communal situé au bourg. Signification : la Maison pour Tous

Kerantreiz est le nom du hameau proche de l’embarcadère du « Treiz ».

Kerbleas: a pour origine le patronyme Bleas, (Blaise) et est d’ailleurs souvent prononcé Kerblaise.

Kerdanet peut se traduire littéralement par « Maison brûlée ». (« tan » signifie le feu). Mais le mot breton « Tann » désigne une variété de chêne, dont l’écorce pilée, appelée « tan » en français, servait à tanner les peaux. Serait-ce alors peut-être « maison entourée de chênes » ? Ou serait-ce la maison habitée par Tanet ou Danet ,patronymes bretons avérés ?

Kerhamon Dérivé du patronyme Hamon. « La maison de Hamon »

 Kerelleg : Dérivé du patronyme Ellec. La maison de Ellec.

 Kerever : Dérivé d’un sobriquet peu flatteur ?

Kergonan : Dérivé du patronyme Konan. La maison de Konan. lieu-dit attesté dès 832 !

Kergoulès: par contre, est beaucoup plus rare, et nous n’avons pas trouvé d’étymologie . Ce nom est peut-être issu d’un nom de famille? Le mot le plus proche que nous ayons trouvé est « goulaz », qui signifie « lattes», et qui est le pluriel de « goulazenn ». Il s’agirait donc d’une maison en lattes? Ou d’une ancienne construction en bois ? Ou encore d’une maison à colombage ? Ce serait bien la seule sur notre territoire !) On peut aussi émettre l’hypothèse qu’avec le préfixe « ker », « Goulez » aurait pu être un patronyme?

Kerilly lieu-dit ancien également ; sans doute le berceau de la famille noble des ERMELLEC (voir armoiries à Ker an Oll )

Kerilis : Maison de l’église. Mais ce n’est certes pas la maison la plus proche de l’église. OU alors, peut- être Kereli : Chez Elie ?

Kerjestin Ne doit pas s’écrire « Kergestin », car la lettre « G » étant toujours « dure » en breton, ne se prononce jamais comme un « J ». C’est un hameau qui comprend notamment les fermes de « Ty Ruz », (maison rouge), et « Ty Braz », (grande maison), pour lesquelles nous gardons le « Y » consacré par l’usage. « Jestin » est un nom de famille.

Kerlidou : Lidou, pluriel de « lid » : rite, cérémonie, fête, bon accueil. La « Maison des fêtes »? Peu plausible. Mais voilà Lindour. C’est la mare d’eau un peu boueuse. Kerlindour: « La maison de la mare ».

Kerlin: est une maison isolée, dont il ne reste que des ruines, d’accès difficile, construite au début du siècle sur le bord de la Penzé, par un original appelé l' »Américain » pour avoir passé plusieurs années comme bûcheron, dans le nord canadien, avec des habitudes de solitaire. Le nom est sans doute dû à la présence de parcelles de lin dans les environs.

Kermerrien: (ou Kerverrien). Merrien: signifie fourmis, mais c’est aussi un nom de famille. C’est un toponyme très fréquent dans notre région.

Kerwoaziou est un lieu-dit habité, situé sur un bassin versant drainé par des affluents d’un ruisseau. Ici il s’agit du ruisseau du moulin du Kistillig. « Waziou » est le pluriel de « Gwaz » qui signifie « ruisseau ». Ce mot est souvent orthographié « Voaziou », ou « Voisiou ».

Kerouan(t) (YC) Comme Pomparan(t). Très souvent, chez nous, les noms se terminant en « an » se prononcent avec un « t » terminal. « Rouan » signifie aviron. Que viendrait faire ici un aviron? Plus probablement il faut chercher du côté des patronymes comme Rohan, ou Ronan, à moins que 1’on évoque la robe du cheval bai-brun. La maison de Ronan, La maison de Rohan La Maison du Bai-brun.

Kerrichard: doit son nom au patronyme « Richard ».

Kersilly  Anciennement appelé Garsilly en 1683, ou encore Kerguilly, ce qui signifie le hameau (ou la maison) près du bosquet.

 Ker Uhel ou Keruel : Maison du haut, la maison haute,le hameau d’en haut.

Kerveguen littéralement la « maison de Gueguen » ce nom est dérivé du patronyme «Gueguen», très répandu dans notre région.

Kervor: est un des plus importants hameaux de la commune, avec une dizaine de feux. Orthographié « Kermor » sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle), il doit son nom à sa position géographique sur la rive droite de la Penzé. Aurait dépendu des Templiers de Plouénan. La création de la ligne de chemin de fer Morlaix Roscoff a séparé ce quartier en deux, et certains habitants ont ajouté les dénominations Uhellañ et Izellañ. Sur certains documents, les maisons situées au sud de la ligne de chemine de fer sont appelées Kervor Chapellendy, (il y a eu probablement autrefois une chapellennie) ou encore Kervor Reun ar C’had (le sentier, ou la colline du lièvre).

Kervrannig: La racine de ce nom est « Bran », signifiant « corbeau ». La mutation du « B » en « V » nous donne « vran », et le suffixe « ig » est un diminutif.

 Kistilligou est le pluriel de « Kistillig ». Nous avons vu précédemment que « Kistillig » est une déformation de « Kastellig », signifiant « petit château ».

Koatplohou Coat blohou au cadastre. Dénommé Koatblouchou en 1669 Est composé du mot «Koat » (le bois), et de « Plohou », employé comme pluriel de « Plog », qui signifie « oisillon ». «Le bois aux oisillons ».

Keryenevet : orthographié Kerguenevet sur la carte de Cassini est un hameau limitrophe de Carantec, de même que Kernevez, (ou Guernevez). Ce nom signifie « maison neuve ».

Kotigariou est orthographié Coatigariou dans la plupart de documents ou archives. Mais l’élément « Coati »résulte de l’évolution de l’ancien « Cozty »(xvème siècle). L’adjectif Koz placé devant un nom prend une connotation péjorative. Kotigariou peut donc se traduire par « la masure de Gariou ». (Gariou étant un patronyme que l’on retrouve dans les noms de famille comme Kergariou).

Kroaz ar Salut , (situé au cœur historique de Henvic), est le nom traditionnel de la croix dressée à l’endroit où les pèlerins du « Tro Breiz » apercevaient pour la première fois les flèches de la cathédrale de leur prochaine étape. (Ici il s’agit de la cathédrale de St Pol)

Kroaz Brenn « Croix de bois ». « Brem » est un vieux mot breton désignant du bois d’œuvre, et que l’on retrouve dans « brenn esken », la sciure de bois.

Kroaz Hent: « La croisée des chemins ». Ce nom de lieu est bien orthographié dans l’ancien cadastre, mais a été, dans un passé récent, sans doute à la fin du 19ème), « francisé » en «Croissant », et a été malheureusement entériné par l’usage.

Langroaz est le nom spécifique d’une croix ornée des instruments de la Passion: marteau, lance, clous. Une jeune fille y aurait été dévorée par des loups, le 30 septembre 1698. Il s’agissait de Françoise Le Boulch.

 La Halte : L’ancienne gare de Henvic-Carantec. Il faut savoir que quand le train s’arrêtait à Taulé, le chef de gare signalait Taulé-Henvic. L’arrivée du chemin de fer a contribué au développement de Henvic, mais maintenant plus aucun train ne s’y arrête…

 Laniélec (1 seul « n » et « 2 « l » : Lan = Ermitage, et Ellec = Vieux Saint breton, probablement disciple de St Pol Aurélien, qui a sa chapelle à Pleyben . « L’ermitage d’Ellec ». Laniellec Huella et Laniellec Izella se partagent le hameau de trois maisons.

Le Band ou Ar Band . signifie terrain en pente, versant de la colline qui surplombe l’étang. Il s’agit de le francisation du breton « ar pant » : il n’y a donc aucune connotation coquine !

Le Heder, An Heder: C’est un casse tête. Tel quel, on ne le trouve dans aucun dictionnaire. I1 nous faut recourir à des suppositions, à partir de mutations possibles parmi les mots commençant par « He ».Voici Hen, vieux, comme dans Henvic. Der, Derf, Dero, pluriel de Dervenn : le chêne. Serait-ce alors An Hen Dero ? les vieux chênes ?. Logiquement, Pen an Heder serait le bout, l’orée des vieux chênes. Mais, tout n’est peut être qu’imagination…

Quant à l’interprétation de certains linguistes selon laquelle An Heder évoquerait un lieu de supplice ou un endroit macabre, elle n’est guère pertinente pour Henvic car la Justice Seigneuriale des nobles de Lézireur se manifestait au gibet de Langroas, situé dans « gwaremm ar Justis  » qui signifie « la garenne du gibet « .

Le Pontic est un diminutif de « Pont », Le petit pont.

Le Vanneg est ce site reposant bien connu des henvicois, avec les mouillages de la Penzé, le moulin à marée, et l’étang artificiel, (le « Len Vor »), dans son écrin boisé. L’origine du nom est « la vanne », lourde pièce de bois qui commandait le remplissage de l’étang. Se soulevant sous la poussée de la marée montante, elle se refermait automatiquement au reflux avec l’inversion du courant. L’étang se vidait alors par le déversoir donnant directement, avec une petite chute, sur la roue à aube du moulin qui fonctionnait ainsi à l’eau de mer.

Lesnoa est un hameau assez étendu, où chaque ferme peut être individualisée par l’adjonction d’un adjectif: « Vraz » (Braz), « le grand », « Vian » (Bian), « le petit », ou « Kreiz » (Central). Pour désigner l’ensemble du hameau, on peut utiliser le pluriel « Lesnoaïou ». Ce nom est parfois orthographié « Lesnoy »(cadastre). Ce toponyme est composé du préfixe « les » (ou « lez ») signifiant « les alentours », et du patronyme biblique de Noa (Noë). Mais ceci n’est qu’une hypothèse… Ce qui est sûr: ce n’est pas une « Cour seigneuriale » car les archives sont totalement muettes à cet égard .

Lezireur. A cet endroit se trouvait un château aujourd’hui disparu et ce toponyme figure sous plusieurs formes dans tous les documents officiels et historiques . Les 2 plus fréquents sont Lysireur et Lissilour. Alors ce nom viendrait-il du patronyme de la famille Lissilour qui fit construire ce qui fut au Moyen Age une des principales places fortes de la région? Il fut brûlé une première fois en 1522 lors d’une incursion des Anglais sur nos côtes, puis reconstruit avant d’être une seconde fois détruit en 1594 durant les guerres de religion opposant Catholiques et Protestants sous Henri 4. Les seuls vestiges qui nous restent sont une magnifique vasque de granit du 15ème inscrite aux M. H en 1930, ainsi qu’une partie de l’enceinte du château, percée de 7 meurtrières, les vestiges de la cour pavée où trône la vasque et aussi le départ au pignon ouest d’un souterrain qui mènerait à Koatblouchou ou à Kerilly (deux manoirs assez proches ) ( pour plus de précisions voir l’article sur le site internet de Henvic ).

Lingoz est un ancien manoir bordant l’estuaire de la Penzé. Nous retrouvons ici l’adjectif « koz »(goz avec la mutation) et le nom « Lin », qu’on serait tenté de traduire par « le lin ». Mais il est plus vraisemblable qu’il s’agisse d’une déformation de « lenn », point d’eau, lavoir, on mare.

Mez ar Groaz : Ce mot est composé de « mez », la campagne, les champs, et de Groaz , la croix. C’est donc les champs de ou près de la croix ( la croix de Kermen en l’occurrence)

Milin Kistillig est l’ancien moulin aujourd’hui disparu au fond d’une petite anse de la Penzé, et alimenté par le ruisseau limitrophe des communes de Taulé et de Henvic. Ce moulin, transformé en mini centrale hydraulique a, pendant une dizaine d’années, alimenté en électricité tout le quartier environnant en attendant son raccordement au réseau EDF.

Parloas Ce nom vient de park (champ) ou bien de parzh (parcelle), ce qui est très proche, et de gwazh (ruisseau), LA signification peut donc être « le champ près du ruisseau » .

Penn al Lan: « Penn » signifie extrémité, (début ou fin), et « Lann » désigne soit une terre inculte couverte de lande ou de genêt, soit un endroit consacré, comme un ermitage.

Pen an Ale désigne le « bout de l’allée », ou un chemin bordé d’arbres.

Pen ar Feunteun littéralement le bout de la fontaine

Pen ar Men, Pen an Neac’h, et Pen ar Feunteun ont en commun le mot « Pen », signifiant « la tête, le début ». « Ar Men » signifie la pierre, le rocher. « An Neac’h » désigne le sommet d’une côte, et « ar feunteun » est la fontaine.

Plas ar Bourg / Plas ar guer: (Plaçz ar guer) Signifie littéralement « l’emplacement du village ». Arrêtons nous sur ce toponyme, sa prononciation, son orthographe et son sens. (On retrouve le terme «plasz», orthographié « plaç » sur le cadastre de 1827, à «Plaç ar Bourg »). « Plasz » ne doit pas être confondu avec « Plasenn », qui signifie la place publique. Outre son sens de «lieu, endroit», il signifie «la place forte, le lieu fortifié». A noter qu’en breton actuel, le son « s » s’écrit avec un « s ». Quant au terme « guer », si on le prononce « gair », il faudrait l’écrire « ger ». Cela signifierait « la place du hameau ». Mais les vieux textes mentionnent « Placz ar Guer ». Cela signifie qu’il faudrait donc prononcer « Placz ar Gwer », et dans ce cas, « gwer » pouvant être une mutation de « gwern », la signification serait « le marais ». Le « gwer » pourrait venir aussi de «gwere» qui à ce moment là signifie « la guérite »… Au choix, donc, mais avec la prononciation adéquate ! !!

Plegouber Plegou est le pluriel de « Pleg », courbe, virage, et l’adjectif « ber » signifie « court ». Sans doute ici la référence est plutôt agraire que routière, et est-il fait allusion à de « courts sillons » dus à l’exiguïté des parcelles.

Pomparan(t)  Toponyme qui ne dit rien à première vue et dont les tentatives de décomposition ne donnent pas grand chose. « Bom » : C’est la bande de terre labourée par la charrue. « Bomper » : est le nom de la grande charrue. « Paran », « Baran » signifie le Pourprier, plante aux oiseaux. « Perann »: la quatrième partie. « ran » le partage ……. Et que faire de tout cela ?

Pont ar Vilin Goz Le Pont du Vieux Moulin, est un hameau niché au fond de l’anse Ste Marguerite. Ce moulin a disparu depuis fort longtemps, puis qu’au 17ème, ce lieu s’appelait déjà comme cela.

Pont de la Corde Comme l’indique la signalisation routière, ce toponyme, pris sans l’article « Le », désigne l’œuvre d’art édifiée sur la Départementale n° 58 pour le franchissement de la Penzé, entre Henvic et Plouénan. Utilisé avec l’article, ce toponyme désigne le hameau comprenant notamment le port de Henvic, des installations ostréicoles, et une zone résidentielle. Il faut remarquer que la toponymie bretonne ne fait jamais référence à « La Corde ». Aussi longtemps que la langue bretonne fut prédominante, les seuls toponymes utilisés étaient le breton « An Treiz » ou sa traduction française « Le Passage ». Ce « passage » n’était d’ailleurs pas celui du bac, mais celui du « passeur », dont l’embarcadère était situé à l’emplacement de l’actuelle « cale des plaisanciers », où l’on peut voir encore l’ancienne maison du passeur, aujourd’hui rénovée ». La barque du passeur servait au transport des piétons; et notamment des pèlerins du « Tro Breiz » qui trouvaient, en la chapelle, un havre de repos et de recueillement.

Prad al Lennou: L’orthographe de ce nom présente également une discordance avec la prononciation locale de « Prad al Liniou ». L’explication en est probablement la suivante; « Lenn », (pluriel « Lennou »), désigne un point d’eau, une mare, un lavoir, un étang etc., et le toponyme s’applique bien à cet endroit, avec ses prairies humides et un ruisseau souvent en crue. Mais dans un passé récent, il a servi au rouissage du lin, d’où la déformation de « Lenn » en « Lin ». Aujourd’hui que le lin a disparu, il convient de s’en tenir au nom originel de « Prad al Lennou ».

Prat Fank se traduit par « prairie sale, polluée ».

Quistillic / Kistillig est un ancien manoir dominant l’aber de la Penzé. Ce nom est sans doute une déformation de Kastellig, lui-même diminutif de Kastel, nom d’origine latine signifiant « château fort ». Il est probable qu’à l’origine, les seigneurs du Kistillig eurent une mission de surveillance et de protection contre toute invasion éventuelle par voie maritime. L’orthographe traditionnelle de « Quistillic » n’est pas correcte, le « C » et le « Q » n’étant pas admis dans l’alphabet breton.

Reun ar C’had: Le toponyme « Reun » est très fréquent, même au delà de nos frontières, sous différentes formes: Run, Reun, Rheun, Rhune, etc. et s’applique à un point haut, crête, colline, sommet. « Ar c’had est le nom breton du lièvre. Un document INSEE indique « Reun ar C’hoat », mais il s’agit d’une erreur de transmission orale.

Roz Nevez Ce nom vient de « roz », qui veut dire le « tertre », la « butte », et « nevez », qui signifie « neuf ». « Le nouveau tertre » ? sur un lieu particulièrement plat ? Ceci laisse supposer que ce « roz » a pu être une butte artificielle, et si nous créditons ce toponyme d’une lettre tombée depuis, on aurait « Roz-an evez », qui à ce moment là voudrait dire « le tertre de surveillance », le « tertre de guet ». Nous y reviendrons à propos d’autres toponymes qui seraient liés au très vieux bourg Gallo-Romain qu’était Henvic, avec ses voies romaines, son atelier de fonderie, et son tumulus, (à moitié arasé, et surmonté d’une maison, et qui, en breton, s’appelait « bron », ou « vron »). Selon la coutume de cette époque, ce vieux bourg, situé sur une voie de passage, entre les deux « treiz », (les traversées de la Penzé, et de la rivière de Morlaix), comportait sans doute des fortifications en terre et en bois, avec des talus, des palissades, des fortins, et des tours de guet. Plus récemment les incursions anglaises, les pillages, les guérillas, nécessitèrent encore d’autres travaux de défense. Il nous en reste les toponymes de « roz », « run », « kastel », « plaçz » etc…

Salventez   C’est une déformation de Sanveltas, Sant Veltaz. Gweltaz, en Breton, signifie Gildas. Donc, St Gildas.

Ti Croas ou Ti Kroas : Maison de la Croix. A ce jour, depuis les années 30, une laide croix de ciment remplace la vieille croix vermoulue …

Ti Forn: Prononcé « Ti Vorn », en raison de la mutation du « F » en « V ». La maison du four. Très ancienne comme l’attestent le mur et les vestiges de porte. A Henvic, le four à pain devait se situer au bout de ce champ, derrière l’actuelle boulangerie. Comme un peu partout, le four est devenu une boulangerie, et nous pouvons toujours voir accolée à notre actuelle boulangerie, la petite maison de l’ancienne boulangerie, que beaucoup de nos anciens appellent toujours le « Ti Vorn ». Le fournil du boulanger s’y trouve toujours. Cette maison est une des plus anciennes du bourg, avec sa porte basse, ses petites fenêtres, et ses vieux murs. Au moment de la Révolution, deux maisons tout au plus se trouvaient dans le voisinage du cimetière qui entourait la vieille église, l’ancien presbytère, et cette maison du four banal.

On sait l’importance symbolique du pain, qui représentait une part importante de l’alimentation autrefois. Chacun pétrissait son pain et venait le faire cuire au four « banal ». Cela nous ramène au droit du moyen âge. Le four « banal » était celui que le seigneur avait obligation de construire et d’entretenir, pour les habitants de la seigneurie, contre paiement d’une redevance. En l’occurrence à Henvic, il s’agissait du seigneur de Lézireur. Mais en contrepartie, on ne pouvait utiliser que ce four, et on ne pouvait donc pas cuire son pain ailleurs. En fonction des besoins, les familles utilisaient le « temps de four » qui leur était attribué afin de cuire leur pain.

Sur le plan social, le four était évidemment un lieu de rencontre important de la population, surtout l’hiver, en raison de la chaleur, bénéfique à tous.

Le champ, où se construit un lotissement, s’appelant « Park an Ti Vorn », L’ AMER a demandé à la municipalité de garder ce nom de « Lotissement du Ti Vorn ». Malheureusement, dès les études précédant les travaux, il a reçu l’appellation de « Lotissement du Ti Fourn »…

Ti Coz_ou_Ty Koz : La vieille maison, de construction moderne mais avec de vieilles pierres.

Ti Croaz /Ty Kroaz La maison de la Croix

Ti Nevez, / Ty Nevez « La maison neuve », est une des plus vieilles maisons de la contrée, attenant au manoir, comme l’ancien Gwazkelen, de l’autre côté du bois.

Ti Ruz / Ty Ruz La maison rouge

Toul al Lan

Toul ar Broc’het

Toul Mari Don est le nom quelque peu mythique de la cascade à la sortie du réservoir d’alimentation du moulin de Trogriffon, au pied d’un majestueux platane, (platanus accrifolia) plusieurs fois séculaire. L’infortunée « Marie Don » y fit une chute mortelle, après avoir été « kelc’hiet », (envoûtée), par des korrigans, déguisés en feux follets. Les plus fervents adeptes de cette légende étaient les parents, soucieux de voir leur progéniture traîner dans ces parages assez dangereux .

Trogriffon: Désigne le manoir, et son magnifique environnement, étang, moulin, pigeonnier, ruisseau, vallée, et versants boisés. L’étymologie la plus répandue se réfère à deux racines celtiques. « Tro », (contraction de « traon »), signifie un point bas, une vallée, et « Afon », rivière, qui est devenu « Aven » en Bretagne (Pont Aven), et « Avon en Grande Bretagne (Stratfort on Avon). Mais nous restons sur notre faim, car comment expliquer la transition de « Afon  » en « Griffon »? Or ce dernier mot existe, en français, il désigne une chimère, figure héraldique fréquente dans les armoiries, qui aurait pu figurer au blason du premier occupant et bâtisseur du château. Mais ce mariage français-breton est peu probable, vu l’ancienneté du toponyme. En breton, « Griffon » est le nom soit d’un oiseau de proie, soit d’un personnage peu recommandable, du genre détrousseur, (dans les bois), ou pirate, (venu de la mer). Nous n’avons que l’embarras du choix!