Jeanne Nicolas Saoût

Résistance et poésie

Mme Nicolas Saoût nous laisse une oeuvre importante de poésies, dont plusieurs ont été mises en musique, et interprétées par la chorale Kanerien San Karanteg.

Mme Nicolas Saout avait 24 ans en 1940, lorsque, en pleine époque d’occupation, de nombreux départs ont commencé à avoir lieu depuis le Pont de la Corde vers l’Angleterre, grâce à la détermination de marins comme Jacques Guéguen, et Ernest Sibiril.

Un groupe de quatre personnes s’est constitué, de manière autonome, pour faciliter ces départs outre Manche. Il s’agissait de Mme Nicolas Saoût, de M. René Kerrien, de Mme Louise Prigent, et de M. Jean Guyader, qui était en outre chef du groupe. Des américains et des anglais ont été cachés et Mme Saout, qui avait comme nom de guerre « Geneviève Mescam », se chargeait des renseignements, et les avertissait des départs. Les faux papiers étaient établis à la mairie, disait-elle, par Jean Guiader et René Kerrien, tandis que l’instituteur faisait le guet. Très vite, le petit groupe s’est intégré au groupe « Justice » de Morlaix, qui a été décimé par la suite. Le travail consistait à se procurer des cartes d’alimentation pour les réfugiés d’origine henvicoise, revenus du Havre ou d’ailleurs. Les résistants henvicois se sont ensuite raccrochés au groupe « Défense de la France » sous la responsabilité du Capitaine Moguérou de St Pol de Léon, qui périt en déportation.

Une cinquantaine de personnes ont signé en 1943 leur engagement au mouvement « Libé Nord » dirigé par le Dr Léon Le Jeanne. Lorsque le débarquement a eu lieu, Mme Nicolas Saout assurait la liaison avec M. Le Gall, chef de gare à Plouénan, et elle avait reçu un papier avec le plan de tous les ponts qui avaient été minés dans la région. Sachant que les américains progressaient en Bretagne, et devaient arriver par les Monts d’Arrée, elle ne surveillait les points culminants depuis son grenier de Henvic. C’est ainsi qu’elle aperçut un nuage de poussière que provoquait la progression des blindés. « La date en est encore inscrite sur une poutre du grenier » se plaisait-elle a à dire.

Elle a alors pris sa bicyclette et c’est près du pont de Toulig al Louarn, au carrefour de la route de St Thégonnec et de Plouvorn, qu’elle a pu remettre aux officiers américains la liste des ponts minés facilitant ainsi leur progression vers Brest.

Mme Nicolas Saoût

Le 6 juillet 1998, lors d’une cérémonie à la mairie de Henvic, M.Morvan, président national honoraire de l’Union Fédérale des Anciens Combattants et Victimes de guerre, a remis à Mme Jeanne-Nicolas Saoût, la médaille de vermeil, pour avoir été, depuis 1945, secrétaire de la section henvicoise des anciens combattants. « Cette distinction est rare » a-t-il dit, « et les récipiendaires sont très sévèrement choisis, ce qui ne fait qu’augmenter le mérite de ceux qui la reçoivent ». M. Morvan a évoqué les activités de Mme Saoût durant la guerre. « Résistante de la première heure, vous étiez de celles et ceux qui pensaient en 40, que la France devait se redresser, et vous avez répondu à l’appel du Général de Gaulle ». Mme Saoût appartenait, en effet, au réseau « Libé-Nord », où elle avait, sous le pseudonyme de «Geneviève Mescam », un rôle d’agent de liaison, avec le matricule « B 3M-543 ».