Pendant la Première guerre mondiale

Quatre années de douleur, de larmes et de deuil

Sur le Monument aux Morts de Henvic les noms de 58 victimes de la Première Guerre Mondiale sont gravés. Dans un ouvrage édité en 2014, l’Association L’AMER a regroupé les renseignements sur les origines, la vie et les conditions de décès de ces jeunes henvicois, soldats, marins, ou civils.

Pour la plupart d’entre eux, ils ont certainement pris le train à la Halte de Henvic-Carantec, pour partir vers leur tragique destinée… L’un d’entre eux, Louis Bizien, s’est marié à Henvic le 14 mars 1917, un mois avant d’être tué au Chemin des Dames! Un autre, Jean Marie Jacq, était père de 5 enfants, âgés de 1 à 10 ans, au moment de la mobilisation!

Nous n’avons pas la prétention d’agir en historiens, et cette modeste recherche n’a pas d’autre prétention que de retrouver derrière ces noms gravés dans la pierre, des personnes et des tranches de vie que l’Histoire a voulues trop courtes. Pour quelques uns, nous avons pu mettre un visage, grâce aux photos que nous ont confiées des familles. Pour seulement 8 d’entre eux, nous avons retrouvé leur tombe individuelle. Pour les autres, un certain nombre figure parmi les disparus en mer ou sur les champs de bataille, et les restes de ces derniers ont été regroupés dans de grandes nécropoles nationales.

Chaque année, le 11 novembre, une cérémonie de commémoration a lieu. Puissent ces quelques pages rendre un hommage supplémentaire à leur mémoire, et surtout éviter que le temps n’efface leur trace.

L’association « l’AMER » exprime tous ses remerciements à M. Louis Guillou, et à M. Jacques Choquer, pour leur aide précieuse en ce qui concerne les recherches généalogiques, et les parcours militaires de ces soldats.

Toutes les informations complémentaires qui pourraient nous être signalées, seraient les bienvenues, pour compléter cette collecte de mémoire.


liste des soldats et marins de Henvic qui sont « Morts pour la France ».

B

Berrou Jean François

Bizien Louis

Bloch Jean Marie

Bohic Emmanuel

Bohic Jean Marie

C

Coat François

Combot Vincent

Cozic Guillaume

Créach Louis,

Créach Pierre

D

Daniélou Joseph,

Dilasser Joseph

Dossal Yves

G

Gilet Jean Marie

Goasguen René Marie

Guezennec Yves Marie

Guichou Jean Marie

Guillerm Jacques

Guillerm Jean Marie

Guillou François Marie

Guivarch Ambroise

Guivarch François

H

Hélard Yves

Héléouet Alain

Héléouet François

Hénaff Jean François

Herri Pierre

J

Jacq Jean Marie

Jézéquel Tanguy

Jourdren Jean François

Kerrien François Marie

L

Laurent Jacques

Le Bihan Claude

Le Duc Claude

Le Duc François Marie

Le Gall François Marie

L’hostis François

Le Roux Jean François

Le Roux Jean Marie

Le Saout François

Le Saout François Marie

M

Marzin Jean

Messager Etienne

Messager Rolland

N

Nicolas Louis

P

Pailler Claude

Pailler Claude Marie

Pailler François

Pailler Jean Marie

Prigent Joseph

Prigent Yves

R

Rolland Yves

Roué Hervé

S

Scouarnec François Marie

Scouarnec Pierre

Stéphan Jean Marie

Stéphan René

T

Tanguy Jean Marie

 

 


Berrou Jean François

Jean François Marie Berrou est le premier de la liste alphabétique des noms gravés sur le monument aux morts. Il est né le 6 janvier 1893 à St Pol de Léon, fils de Jean Berrou, né à St Vougay, et de Marie Françoise Sparfel, originaire de St Pol de Léon. Ceux-ci demeurent quelques temps au Menec, avant de s’installer à Ty Nevez, le père étant jardinier à Trogriffon.

Inscrit maritime 21 décembre 1909 à Morlaix, il navigue au bornage sur le sloop « Jeanne-Yvonne » comme novice jusqu’en juillet 1911. Le bornage était un transport maritime qui se limitait à la navigation côtière autour du port d’armement de bateaux de charge de 20 à 30 tonneaux, plus connus sous le nom de gabares.

Il commence son service militaire comme matelot de 3ème classe, et devient 2ème classe le 1er octobre, avec la spécialité de manoeuvrier signaleur. Affecté au 2ème dépôt, à partir du 1er avril, il navigue sur le « ChateauRenault » basé à Brest. Il rejoint Toulon sur le « DuChayla » jusqu’en avril 1914. Il est ensuite à la direction du port de Toulon jusqu’en mars 1915 puis il est affecté au « Goliath » et au « Shamrock » de mars 1915 janvier 1916.

Le « Shamrock« , est un bateau utilisé pour le service de l’eau. C’est un vieux transport transformé en usine de distillation d’eau de mer pour assurer le ravitaillement en eau manquant à terre. N’étant pas autonome, il se déplace avec l’aide du remorqueur « Goliath ». Ces deux bâtiments sont chargés d’organiser le convoi de navires devant transporter les troupes sur le théâtre d’opération des Dardanelles. Il s’agit en effet de transporter et de nourrir, pendant une traversée de 6 jours, 473 officiers, 17989 hommes, 5279 chevaux, 1187 voitures portant les bagages, 500 coups d’artillerie et 15 jours de vivres. Nous verrons plus loin que deux autres henvicois seront également affectés à ces missions, Yves Marie Guézennec, (p 37), et Claude Le Duc, ( p 61).

En moins d’une semaine, 20 grands bâtiments sont prêts à embarquer les troupes et le matériel à Toulon, Oran, Philippeville, Bône et Bizerte. Répartis en 6 groupes, ils se concentrent le 6 mars dans ce dernier port et à Malte. Dès le 9, le chef de la mission navale est à Moudros avec le « Goliath ». Nous verrons plus loin qu’un autre henvicois, Yves Marie Guézennec, était affecté sur ce bâtiment.

Jean François Berrou revient à la direction du port de Toulon jusqu’au 16 janvier 1917, puis au 5ème dépôt jusqu’au 3 mai, où il est affecté sur la Manche, puis le 11 décembre 1917, sur la « Décidée ». Il y reste un an, presque jour pour jour, jusqu’à son décès.

La « Décidée » est une Canonnière du type « Surprise », construite à Lorient, mise en service en 1900. Jusqu’en 1913, le navire effectue une grande parie de sa carrière en extrême Orient, avec Saïgon, la Chine, et le Japon. En mai 1901, il effectue une reconnaissance du Yang-Tsé et envoie un détachement en jonque jusqu’au rapide Niou-Koutan, en amont de Yichang. En avril 1906, il remplace « l’Olry » à Nanchang pour la protection des missions chrétiennes. De 1914 à 1917, il demeure en Indochine, et en 1917 il se trouve sur les côtes du Liban (Division navale de Syrie). En 1919, il participe avec « l’Ernest Renan » et le « Bambara » à la défense de Mersina, et en 1920 il rejoint l’escadrille de patrouilles à Oran.

La canonnière La Décidée

Amarré au Ponton à l’École des T.S.F à Toulon de 1922 à 1931, le navire est condamné le 1er juillet 1931, et remis aux Domaines.

C’est dans la nuit du 6 au 7 Décembre 1918, alors que la « Décidée » se trouve dans le port de Beyrouth, que Jean François Berrou, qui est quartier maître de timonerie à bord, meurt noyé accidentellement à 25 ans. Son corps est retrouvé «après la rentrée des permissionnaires». La mention « Mort pour la France » sera accordée en 1934, suite à l’enquête menée auprès du commandant de la « Décidée ». Son acte de décès est retranscrit à Henvic le 1er septembre 1919.

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Bizien Louis

Tirailleur Sénégalais

 Louis Bizien est né à Roscoff le 30 septembre 1880. Son père, Paul Bizien, menuisier, et sa mère, Catherine Faujour, couturière, sont tous deux natifs de St Pol de Léon. Il épouse Anna Kéroulé à Henvic, le 14 mars 1917 et est domicilié en dernier lieu à Roscoff. Inscrit maritime, il navigue comme matelot à Plougastel, puis effectue son service militaire dans la marine, avant de s’engager dans l’armée. Sergent au 61ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, il est tué au Mont des Singes, près de Vauxaillon dans l’Aisne, le 16 avril 1917, au cours de « l’Offensive de Nivelle ». Il est porté disparu, et la transcription de l’acte de décès est faite à Roscoff le 1er août 1920.

Le 16 avril, une attaque des positions allemandes au nord-est de Vauxaillon échoue, et le repli sur les positions de départ se fait en bon ordre, « aucun homme valide n’est pris par l’ennemi », ce qui laisse supposer que le temps a manqué pour évacuer les blessés au nombre desquels appartient le sergent Bizien, proposé pour une citation à l’ordre de la brigade.

« Sergent brave et dévoué, au combat du 16 avril 1917, a secondé son lieutenant avec une grande énergie en maintenant ses tirailleurs en un emplacement balayé par la mitraille. Blessé au cours de l’action. »

Il meurt donc au cours de la tristement célèbre bataille du Chemin des Dames, durant la seconde bataille de l’Aisne également appelée « offensive Nivelle », qui commence le 16 avril 1917 à 6 heures du matin. Le général Nivelle veut enfoncer le front allemand entre Soissons et Reims, vers Laon. La 10ème division d’infanterie coloniale qui s’élance sur Hurtebise est décimée. Les pertes s’élèvent à 150 officiers et 5000 soldats dont la moitié étaient des tirailleurs sénégalais. Le bilan de cette bataille est épouvantable, en trois jours, ce général réussit à faire tuer 150000 soldats français ! « Des morts pour rien » selon les historiens. Comment ne pas comprendre les mutineries qui ont eu lieu par la suite dans plusieurs régiments, gérées par Pétain…

On prête au général Nivelle cette citation inhumaine: «Ce que j’en ai consommé de Bretons !». Quel sanglant « palmarès » ! D’autres chefs militaires, comme Joffre le 22 Août 1914, n’ont pas eu davantage de considération pour la vie humaine.

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Bloch Jean Marie

Mort à Baconnes

Jean Marie Bloch est né le 25 avril 1892, à Henvic. Son père René Marie Bloch est un marin demeurant au Treiz à Henvic. Sa mère, Françoise Nicolas, est ménagère. Inscrit maritime, il effectue son service militaire dans la marine, puis navigue au cabotage, à la pêche, et au pilotage, au Havre.

Soldat au 336ème Régiment d’Infanterie, qui est le régiment de réserve du 136ème RI, il est «Tué à l’ennemi» le 15 octobre 1915 à l’âge de 23 ans à Baconnes, dans la Marne, à quelques kilomètres à l’est de Reims. L’acte de décès est transcrit à la Mairie de Henvic le 24 juillet 1916, portant la mention « Mort pour la France ».

Le 336ème RI basé à St Lô, s’établit à Mourmelon le Petit, après le 15 sept 1915, où il participe à la 2nde Bataille de Champagne. Jean Marie Bloch est probablement enterré au cimetière militaire de Mourmelon le Petit, où ont été transférés les corps enterrés initialement à Baconnes.

C’est dans ce régiment, que le 10 mars de cette année là, une atrocité est commise. Des soldats épuisés par les combats et les pertes subies, «complètement abattus et démoralisés», refusent de sortir des tranchées et de se lancer à nouveau à l’attaque, sous une pluie d’obus français. L’artillerie tirant « trop court », les obus tombent en effet dans le « No man’s land ». Le général Réveillac exige des sanctions et le 16 mars dans une salle de la mairie de Suippes, le conseil de guerre condamne à mort 4 jeunes caporaux qui sont fusillés le lendemain. « Fusillés pour l’exemple ». Un exemple visant à maintenir les troupes en parfait état d’obéissance. Mais cette erreur dramatique sera reconnue pus tard. En 1934, les quatre caporaux sont réhabilités par le Tribunal spécial de justice militaire pour la révision des sentences des conseils de guerre. Il est alors prouvé que l’ordre donné à la 21ème Compagnie du 336ème régiment d’infanterie était irréalisable et leur mémoire est blanchie des condamnations prononcées.

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Bohic Emmanuel

Disparu en mer sur le Cérisoles

Emmanuel Bohic est né à Henvic, à Kerbleas, le 24 décembre 1893, fils de Yves Bohic, patron pêcheur, puis terrassier, et de Le Duc Françoise, garde barrière au passage à niveau de Kerbleas. Il épouse Marie Françoise Tanguy de Penzé. Inscrit maritime au port de Morlaix, il effectue son service militaire dans la marine. Il navigue sur le « Condorcet », un cuirassé basé à Toulon. Quartier Maître Fusilier Marin, il participe aux manœuvres en Provence et en Tunisie en juin 1913, puis en Egypte, en Syrie, et en Grèce. Il navigue ensuite entre la Corse, l’Algérie et la Tunisie en mai 1914. Des escales ont lieu à Malte et à Bizerte en août 1914. En 1916, il se retrouve à nouveau à Bizerte, à Toulon, et à Corfou. Il intervient avec sa compagnie au débarquement à Athènes en décembre 1916. En Août 1917, il rejoint le 5ème dépôt à Toulon, puis le 2ème dépôt à Brest. Après une année au front de mer à Brest il part le 3 octobre 1918 de Rochefort pour le Centre Naval de Savannah, aux USA. De là, il rejoint Thunder Bay au bord du lac Supérieur ou il embarque sur Cerisoles.

Il fait partie d’équipages français, chargés de rapatrier des chalutiers armés désignés aussi comme patrouilleurs et dragueurs de mines, commandés au Canada. Le 21 novembre 1918 il quitte Thunder Bay, au Canada, pour la France, à bord du « Cérisoles », navigant avec le « Sébastopol » et « l’Inkerman ». Le 24 novembre 1918 ce navire disparaît avec « l’Inkerman » dans un ouragan sur le Lac Supérieur, lors de son voyage inaugural. Le naufrage est lié sans doute à un important problème de stabilité. A noter qu’après ce naufrage, sur les 12 autres patrouilleurs de type « Navarin » construits, 11 ont été prématurément désarmés et rejetés par la Marine pour être vendus au civil, et seul le « Sébastopol » a survécu.

Le Cérisoles

Emmanuel Bohic disparaît donc à 25 ans, dans ce naufrage. Son acte de décès, transcrit à la Mairie de Henvic le 12 février 1920, porte la mention « Mort pour la France ».

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Bohic Jean Marie

Né le 17 décembre 1894 à Carantec. Fils de Jean Marie Bohic et de Marie Gabrielle Le Nen.

Célibataire, il est caporal au 118ème Régiment d’Infanterie. Mort le 7 oct 1915 à Tahure dans la Marne, à l’est de Reims, à l’âge de 21 ans. Acte Mairie de Henvic le 12 mars 1917. 

Tahure est situé à 26 km de Baconnes où sera tué Jean Marie Bloch 8 jours plus tard. L’intensité des combats y est telle que le village de Tahure, qui comptait 185 habitants en 1911,  a été totalement détruit. Il n’a jamais été reconstruit, et son territoire a été rattaché à la commune voisine de Sommepy. (Sommepy Tahure). Sa sépulture n’est pas répertoriée officiellement, mais il y a de fortes probabilités que ses restes demeurent au cimetière militaire de Tahure.

Un autre Jean Marie Bohic, cousin de celui-ci, originaire également de Carantec, sous-lieutenant au 19ème RI, est porté disparu le 25 septembre 1915 au même endroit, à Tahure. Son nom est inscrit au monument aux Morts de Carantec. 


 Monument dédié à 704 soldats inconnus enterrés dans la nécropole de Sommepy Tahure.

Tout au long du front, de Verdun à Arras, ces immenses nécropoles nationales où s’alignent  de milliers de croix blanches et où des carrés renferment les reste des ceux qui n’ont pu être identifiés, témoignent de l’hécatombe humaine que fut  de cette guerre.      

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Coat François

A la défense du Front de Mer

François Coat est né le 2 octobre 1889 à Plouénan. Il est le fils de Hamon Coat, né à Plouénan, et de Jeanne Postec, née à Plouvorn. Ils sont cultivateurs à Pomparant. En 1905 il est inscrit maritime. Au recensement de 1906, il demeure chez ses parents. Marin, il est employé par François Kerrien. Il est ensuite mousse au pilotage sur « Six Soeurs » jusqu’en septembre 1907, puis au Havre comme novice soutier au long cours, sur le vapeur « Provence » jusqu’en mai 1908. Il navigue alors sur le vapeur « Médoc » au cabotage, et est débarqué à Marseille le 22 août 1908. Il effectue son service militaire au 5ème dépôt de Toulon mais il est déclaré « impropre au service à la mer » pour un problème d’ophtalmologie, mais « utilisable dans un service à terre ». Le 14 septembre 1911, il est placé en position de dispense. Il reprend son métier de chauffeur basé à Marseille en 1911, puis en 1912 sur le « Sénégal », le « Russie », le « Ville de Madrid », le « Timgad », le « Stamboul ». Le « Malgache » l’amène de Marseille le 4 mars 1913, à Majunga le 6 mai. Est-ce une forte tête? Nous notons qu’il est « condamné le 10 mai à un mois de prison par le tribunal militaire colonial de Majunga pour désobéissance et refus formel d’obéir ». Etant classé au service auxiliaire pour acuité visuelle insuffisante, il est affecté au 1er dépôt à Cherbourg jusqu’au 1er septembre 1914, dans une unité chargée de la défense du front de mer du 1er novembre 1914 au 1er mai 1918. C’est là qu’il meurt, à 28 ans, des suites de pleurésie, à l’hôpital militaire de Cherbourg, Rue de l’Abbaye. La mention « Mort pour la France » lui est attribuée le 2 mars 1934. Nous n’avons pas trouvé son lieu de Sépulture.

Les marins des Fronts de Mers étaient destinés à protéger les côtes, les ports et leurs abords et de repousser si besoin toute action navale ennemie dans un secteur. Ils armaient notamment l’artillerie côtière. Le personnel des Fronts de Mers à aussi fourni les équipes de marins de l’Armement Militaire des Bâtiments de Commerce, canonniers pour la plupart, qui servaient les canons installés sur les navires de commerce. Les marins ayant cette affectation de défense des fronts de mer étaient conscients de la chance qu’ils avaient d’échapper « à la boucherie des tranchées et même à l’embarquement sur une grosse unité ». Ils voient partir pour le front tous les régiments de Cherbourg, et ils voient partir en mer l’Escadre de la Manche. Leur navigation se limite à aller jusqu’aux grandes digues qui protègent la rade où ils montent la garde auprès des pièces d’artillerie qui ne serviront jamais. Cherbourg ne sera jamais attaqué.

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Combot Vincent

Tué à Lenharrée, dans le Marne

Deux autres henvicois, Jacques Laurent, et Jean Marie Le Roux, sont mobilisés avec Vincent Combot au 19ème Régiment d’Infanterie de Brest. Tous les trois seront tués durant les combats.

Vincent Combot est né le 16 octobre 1882 à Plougoulm. Il est le fils de André Combot, né à Santec, et de Marie Françoise Calarn, née à Plougoulm. Il épouse Marie Jeanne Le Lez à Plougoulm le 4 février 1907. Le couple demeure chez le beau père, Hamon Le Lez, à Créac’hirou à Carantec, puis à Kerandreiz Uhellañ, à Henvic, à partir de 1911. Ils ont une fille, Françoise Marie Marceline qui épousera François Louis Ravalec, de Henvic. Marie Jeanne Combot a vécu un veuvage de 68 ans, jusqu’à son décès en 1982, chez son gendre, à Henvic.

Vincent Combot est mobilisé pour son service militaire comme soldat de 2ème classe au 19ème RI de Brest.

Dès la déclaration de guerre, le régiment part de Brest pour les Ardennes, où il est intégré à la 22ème Division d’Infanterie formée de 4 régiments bretons avec le 118ème de Quimper, le 62ème de Lorient et le 116ème de Vannes.

Le 8 août , le 19ème est positionné près de Vouziers dans les Ardennes, et du 17 au 20 près de Sedan. Le 21, il entre en Belgique par Bouillon et le samedi 22 août il livre son premier combat à Maissin. Il parvient au prix de lourdes pertes à reprendre le village à l’ennemi mais risquant d’être encerclé, fait retraite vers 23 heures.

L’état-major se rendant compte de la supériorité de l’artillerie adverse, ordonne un repli qui se poursuivra par étapes avec divers accrochages jusqu’au 6 septembre. L’ennemi prend le pont de Donchéry et franchit la Meuse le 25 août.

Le 6 septembre arrive l’ordre de reprendre l’offensive, le 19ème tient à ce moment au nord de Fère-Champenoise, la ligne Normée à Lenharrée, et enregistre des pertes sensibles dues à la canonnade et à des luttes violentes d’infanterie vers Ecury-le-Repos. Le 7, la 22ème Division, attaquée à Lenharrée, résiste. Le 8 septembre, on lit que « le front définitif à tenir coûte que coûte jusqu’au dernier homme, est la crête au sud de Gourgançon, de Corroy à Semoine ». Mais « vers 3h30, les Allemands déclenchent un bombardement intense sur Lenharrée et passent à l’attaque. Ils prennent le village ». Le 10, enfin, « l’ennemi semble céder sur toute la ligne ».

Vincent Combot est tué le 8 septembre 1914 à Lenharrée, dans la Marne. « Mort pour la France, tué à l’ennemi ». Son acte de décès est transcrit le 6 mars 1920 à la mairie de Plougoulm. En 1914, ce village de Lenharrée, situé à 63 km au sud de Reims, se trouve donc au cœur de la 1ère bataille de la Marne qui s’avère décisive pour la suite de la guerre, mais le bilan est lourd, qu’il soit humain ou matériel, 80 % du village est détruit.

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Cozic Guillaume

Chauffeur sur le « Thisbé », coulé par un sous marin allemand

Jean Pierre Guillaume Cozic est né le 24 juin 1869 à Henvic. Il est le fils de Guillaume Cozic, né à Taulé, et de Marie Jeanne Goasguen, née à Carantec, tous deux cultivateurs à Kervéguen Braz. Célibataire, il est inscrit maritime à Morlaix, et navigue sur le sloop « Françoise », au bornage de 1889 à 1890. Il rejoint Brest puis Lorient et embarque sur le « Redoutable », puis sur le « Davoust ». Il est congédié à Toulon le 3 octobre 1893 après 42 mois de service.

Au recensement de 1891, il est domicilié chez ses parents à Toul ar Broc’het Vihan puis à ceux de 1901 et de 1906, à Pen ar Feunteun. Marin, il travaille pour son beau frère, Jean Marie Kerrien.

En 1894, il navigue au long cours au Havre, comme soutier sur le « Gascogne », le « Normandie », puis le « Bourgogne ». Il est ensuite recruté au cabotage vers Le Havre, Caen et Rouen comme chauffeur, de 1894 à 1897. Puis il est membre d’équipage à la plaisance sur le yacht « Nemesis » à Trouville en 1898. Revenu au cabotage sur le « Morbihan » et le « Massilia », il est à Marseille en 1899.

Au cabotage et à la plaisance de 1900 à 1906, il embarque sur environ 25 navires différents, toujours comme chauffeur, vers St Malo, Le Havre, Dunkerque, et Nantes. Le « Sirius » l’amène à Marseille en 1906, la « Marie Thérèse » de Calais à Marseille. Cabotage, long cours, plaisance … Caen, Bordeaux, Le Havre,… à bord des navires « Amiral Ory », « Louqsor », « Phoebé », « Emma », « Sephora »… Le 19 juin 1916 il est sur le « Thisbé » basé à Caen jusqu’à la perte du navire le 6 septembre 1917. Il totalise environ 25 années de navigation à la date de son décès.

Guillaume Cozic est donc chauffeur sur le « Thisbé », un cargo charbonnier lancé en 1910. Réquisitionné en 1917, le navire, armé d’un canon de 90 mm, transporte du charbon de Neath Valley, près de Swansea, à Caen. Il est torpillé le 6 septembre de cette même année par le sous-marin allemand UB 35, commandé par OL Karl Stöter, par 49°57N et 005°21W au large du Cap Lizard. Le bilan du naufrage fait état de 7 victimes. Guillaume Cozic disparaît à 48 ans. Son acte de décès est transcrit à Henvic, le 18 décembre 1918, portant la mention « Mort pour la France ».

Le cargo Thisbé, coulé par un sous marin allemand

« … dans la machine, le 2ème mécanicien Lenjalley Hippolyte, est de quart avec les chauffeurs Cozic Guillaume et Subye Adrien. Ils ont dû être tués par l’explosion qui s’est produite par le travers de la chaudière. Quand le chef mécanicien a voulu descendre à la machine pour aller chercher son monde, l’eau était déjà par dessus les cylindres. Il n’a vu personne ». Les rescapés virent apparaître à un hublot du navire qui coulait, le mousse, fils d’une des victimes, mais ne purent rien entreprendre pour le sauver.

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Créach Louis

Enterré à ND de Lorette

Louis Marie Créach est né à Henvic le 21 octobre 1891. Son père, Joseph Marie Créach, originaire de Henvic, est cultivateur à Croaspren, ainsi que sa mère Claudine Prigent. De leur union naissent 10 enfants. La guerre leur a ravi deux fils, Pierre et Louis, ainsi qu’un gendre, Tanguy Eugène Jézéquel, que nous citerons plus loin.

Louis Marie, qui est célibataire, effectue son service militaire, puis en 1912, fait des études à l’école spéciale militaire de St Cyr, dans la promotion Montmirail. Noter qu’un certain Charles De Gaulle sort de cette école en 1912, au sein de la « Promotion Fez ». Louis Créach doit faire une année comme deuxième classe, avant d’être nommé sous-lieutenant, mais la guerre ne lui en laisse pas le temps, et il est alors mobilisé soldat de 2ème classe au 7ème Régiment de Marche de Zouaves.

La tenue des Zouaves, dont le premier corps fut créé en Algérie en 1830, était particulière, avec une veste courte sans col, qui ne fermait pas, et ressemblait à un boléro. Le turban porté au début, fut remplacé par une « chéchia », un bonnet de laine rouge. Le pantalon très ample, inspiré du « seroual » arabe, était serré sous les genoux, au dessus des guêtres. L’uniforme se complétait d’une large ceinture de laine.

Après avoir connu d’horribles combats sur lesquels nous revenons plus bas, Louis Marie Créach meurt le 18 mai 1915 à Krombeck en Belgique, des suites de « blessures reçues à l’ennemi », à l’âge de 24 ans. Il est inhumé à ND de Lorette, au cimetière national d’Ablains St Nazaire dans le Pas de Calais. (p.105). Son acte de décès est transcrit à Henvic le 26 octobre 1917, portant la mention « Mort pour la France ».

Attardons nous un peu sur « la guerre de mouvement », comme on appelle ce début de la guerre. Lors de la contre-offensive française du 7 au 10 septembre 1914, le bataillon est en réserve à Chambry, au nord de Meaux, insuffisamment à l’abri des tirs de l’artillerie allemande qui font 311 tués, blessés ou disparus en deux jours. Dès l’annonce du retrait des troupes allemandes, la poursuite s’engage vers Lisy sur Ourcq, le 11 à La Ferté-Milon, le 12 à Soissons. Les allemands ont franchi l’Aisne, détruisant les ponts derrière eux et toutes les tentatives françaises d’avancée sont stoppées par la puissance de feu allemande. Une attaque à la baïonnette décidée le 17, se termine par un massacre sous le feu des mitrailleuses allemandes. Le 3 octobre, un transport par autos achemine à Compiègne le bataillon qui part en train à 1h 30 le 4 pour Beaumetz-les-loges au Sud ouest d’Arras où il cantonne à Duizans.

En octobre, il cantonne à Anzin-St-Aubin et lors des séjours au front, aménage des tranchées à Ecurie et Roclincourt. Des pertes par bombardement sont notées. Le 4 novembre, une attaque allemande à l’arme blanche, après trois bombardements successifs, est stoppée. Le 29, une attaque française, sans résultat sur le terrain, entraîne des pertes de 40% de l’effectif engagé.

Le 14 janvier 1915, la prise d’une tranchée allemande fait une centaine de prisonniers, mais provoque des pertes de part et d’autre… En février arrive un renfort de 300 hommes alors qu’on note que les allemands renforcent leurs défenses. Le 15, le bataillon est toujours cantonné à Anzin. Le 24, il est relevé par un bataillon du 48ème RI et cantonne à Beaufort-Blavincourt à l’ouest d’Arras pour une période d’instruction jusqu’au 30 mars. En marche par Lucheux et le Souich, il embarque le 6 avril à Auxi-le-Château pour Esquelbecq au sud de Bergues et cantonne à Byssaert dans les fermes.

Le 14, il est transporté par autobus vers Woesten, en Belgique, et cantonne à Elverdinge au nord d’Ypres. Le 22, alors qu’il est en ligne, les allemands emploient les gaz et avancent jusqu’au canal de l’Yser. Du 23 au 28 les attaques quotidiennes des français pour reprendre du terrain entraînent de lourdes pertes. Le 29, mis en réserve sur la rive ouest du canal, le bataillon subit des bombardements.

Le 3 mai, c’est le retour près d’Elverdinghe, et le 11 arrive un renfort de 134 hommes du 19ème Bataillon de Zouaves. Du 12 au 15, le bataillon tire sur les lignes de l’ennemi pour le fixer, alors que des attaques françaises se déclenchent sur ses deux flancs.

Le 16 mai, durant des fusillades et canonnades, 2 zouaves sont blessés par balles, 6 autres par des éclats d’obus vers Boezinge. Louis-Marie Créac’h, l’un d’eux, décède le 18 à Krombeke , à quelques km en arrière du front, des suites de ses blessures.

Tombe Louis Créach à ND de Lorette

Le 6ème Bataillon du 4ème Zouaves est indiqué comme étant successivement: jusqu’au 20 décembre1914, le 3ème Bataillon du 1er Régiment de Marche des Zouaves, puis de janvier à juin 1915, le 3ème Bataillon du 7ème Régiment de Marche des Zouaves, et après le 21 juin 1915 il est attaché au 4ème régiment mixte de Zouaves et Tirailleurs.

Ces indications concordent avec les indications du lieu de décès de Louis-Marie Créac’h et de son rattachement au 7ème Zouaves à cette date. Comme le JMO ne débute que le 7 septembre, pour la période qui précède, à partir du 21 août (date d’incorporation) rien ne permet de dire actuellement si Louis-Marie Créach a participé aux opérations en Belgique et à la retraite qui s’en est suivie ou si Chambry fût pour lui le baptême du feu. Le 4ème Zouaves est au sud de Charleroi le 21 août et vers Gimbrois au nord de Provins le 7 septembre 1914.

Le 15 mai 1915 il se trouve vers Nieuport et ses blessés doivent plutôt être transportés vers Koksijde, son lieu de cantonnement près de la côte.

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Créach Pierre

Succombe à ses blessures

Pierre Créach est né à Carantec le 27 janvier 1884. Il est le frère de Louis Créach, cité précédemment. Nous avons vu que cette famille avait une fratrie de 10 enfants. Pierre Créach épouse Françoise Penn le 16 janvier 1911, et de leur union naissent deux enfants, Joseph Créach, et Marie Créach.

Ajourné au service militaire en 1905 et 1906 « pour faiblesse », il est classé « service auxiliaire » en 1907.

Il est cependant classé au « service armé » par la commission de réforme de Morlaix le 26 novembre 1914, et est affecté à la 11ème section d’infirmiers militaires à Nantes le 23 février 1915. Il part en train 4 jours après. En octobre, il passe à la 10ème Section Infirmiers Militaires.

Le 53ème RI où il est affecté, subit le 16 février 1917, au sud de Verdun, dans le secteur « Les Eparges », des pertes par bombardements, et par éboulements dus à des mines.

Passé 2ème classe au 1er RI le 30 avril 1917, il fait partie d’un renfort de 364 hommes qui rejoint le régiment au cantonnement d’Artonges, dans l’Aisne, à la limite de la Marne. Le 1er RI vient de perdre 779 hommes dans l’Aisne vers Craonne, au sud-est de Laon. Suit alors une période de reconstitution du régiment avec remises de médailles et promotions aux rescapés des combats précédents. Après des marches par Mareuil-en Brie, avec des manoeuvres à L’Huître, un cantonnement à St-Ouen (Sud Ouest de Vitry-le-François), et une revue le 2 juin, le régiment se met en marche par Lesmont, Vailly, Saint-Lyé, au nord de Troyes et Villuis.

Le 27 juin, un transfert se fait en train de Provins à Bergues. Le 29, le régiment cantonne à Westvleteren, en Belgique. Le 5 juillet, le régiment reçoit la visite du roi d’Angleterre, Georges V. Des travaux de défense sont réalisés, avec quelques pertes par bombardements. Le 16, les hommes sont transportés par autos vers Ypres, où le 22, il reçoivent la visite du président de la république, Raymond Poincaré.

Le 31 juillet, une attaque est déclenchée sur les positions allemandes au nord d’Ypres à Rikschotte, le régiment perd 199 hommes dans la journée, et Pierre Créach y est grièvement blessé, d’un « délabrement du bras gauche par éclat d’obus ». Il est transféré à l’hôpital de Roesbrugge à une quinzaine de kilomètres à l’ouest. Il est certainement passé par Krombeke où Louis-Marie, son frère, est décédé deux ans plus tôt, en mai 1915. Il décède le lendemain 1er août, à l’hôpital de Roesbrugge, à 33 ans, des suites de ses blessures.

Son acte de décès est transcrit à la Mairie de Carantec le 15 avril 1918, portant la mention « Mort pour la France ».

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Daniélou Joseph,

Meurt à Amiens des suites de ses blessures

Joseph François Marie Daniélou est le 4ème garçon d’une famille de cinq enfants. Il est né le 26 janvier 1896 à Henvic. Son père, Jean Marie Daniélou, né à St Pol de Léon, est cultivateur au Band, et sa mère, Jourdren Marie Françoise, ménagère, est née également à Henvic. Il était célibataire au moment de la guerre.

Joseph Daniélou

Le 8 avril 1915, il est incorporé au 118ème régiment d’infanterie de Quimper comme soldat 2ème classe. Le 118ème et le 19ème de Brest passent quatre mois sans mouvements d’attaques importants vers Albert au nord-est d’Amiens, procédant à des aménagements de tranchées, effectuant des patrouilles de guet, et provoquant des bombardements pour les troupes au front. Se succèdent donc exercices, instruction, corvées en forêt et repos pour l’unité en réserve.

Le 4 août, les deux régiments marchent vers Crèvecoeur-le-Grand où ils embarquent en train pour Vitry-la-Ville à l’est de Châlons sur Marne. Le 23, ils arrivent vers Somme-Suippe, à l’est de Reims, et rejoignent la ligne de front vers Perthes et Les Hurlus. Il leur faut aménager de lignes de défense, et effectuer des patrouilles sous des bombardements de plus en plus violents, avec plus de 1200 projectiles certains jours, parfois avec des gaz. Une attaque française a lieu le 25 septembre. Les bombardements durent toute la journée, il n’y a que la nuit pour essayer de creuser des abris. Les pertes sont très lourdes, à cause de l’emploi des gaz. Le 118ème est relevé le 9 octobre, et va bivouaquer au sud de Somme-Brionne où on le renforce d’environ 1000 hommes. Après un repos du 16 au 24, au sud de Suippes, il retourne à Perthes au front, et subit encore des pertes le 30, dues aux gaz lacrymogènes. Le 26 novembre, le 19ème relève le 118ème aux anciennes tranchées allemandes près de Perthes.

Le 4 décembre 1915, Joseph Daniélou passe au 151ème RI, qui se trouve alors vers Baconnes. Le régiment de Verdun est en cours de reconstitution, il participe aux travaux de tranchées, au nettoyage et à l’assèchement des boyaux de liaison après le dégel et la pluie. L’artillerie allemande est toujours active. Au 1er janvier 1916, il cantonne à Mourmelon-le-Grand. Le 14 février, il est à Pogny, au sud de Châlons sur Marne, puis remonte par Possesse vers Ste-Ménéhould. Du 10 au 27 mars, il est au front vers Hautmont au nord de Verdun et enregistre des pertes considérables soumis à un bombardement intense. Du 27 mars au 5 avril, au repos à Autrécourt sur Ayre où les rescapés ont été transportés par camions. Le 5 avril retour au front par camions vers le Mort-Homme. Les allemands avancent après un pilonnage épouvantable et semblent étonnés de rencontrer malgré tout une opposition. Les noms des victimes remplissent des pages du JMO. Le 11 avril, une relève se fait par camions de Blercourt à Combles-en-Barrois. Au repos à Brillon-en-Barrois et Haironville jusqu’au 5 mai où les camions les ramènent à Blercourt. « Après la soupe du soir, on monte aux tranchées du Mort-Homme et c’est à nouveau l’enfer, les canons allemands de gros calibre, renseignés par des avions, arrivent à tirer avec précision sur les lignes de défense françaises ». L’attaque d’infanterie suit du 12 au 20 mai. Le 23 mai départ par train des survivants de Baleycourt à Robert-Espagne (sud Bar-le-Duc). Le 30 mai, embarquement par train de Longéville-en-Barrois à Barizey-la-Côte au sud de Toul. Le 8 juin à Marainviller et aux tranchées vers Emberménil, une période relativement plus calme de travaux de tranchées, malgré des bombardements fréquents, et des accrochages de patrouilles de guet. Le mois de juillet et le début d’août sont similaires. Relevé le 24 août, le régiment effectue une période d’exercices à Remenoville puis Velle sur Moselle.

Le 10 septembre, il est conduit par train de Pont-St-Vincent à Grandvilliers au nord de Beauvais. Après quelques jours d’instruction il repart par camions vers Bray sur Somme à l’est de Péronne. Du 20 au 24 il est à Maricourt et au front vers Rancourt. Sous des bombardements violents les abris sont renforcés, et le 25 une attaque est lancée, pour prendre Rancourt puis Combles, avec des pertes importantes jusqu’à la relève du 29 septembre.

Blessé à la colonne vertébrale à Rancourt le 26 septembre 1916 et paralysé des membres inférieurs Joseph Danielou est hospitalisé à l’hôpital temporaire n°78 d’Amiens où il décèdera des suites de ses blessures le 10 octobre. Son acte de décès est transcrit à Henvic le 27 novembre 1916. Corrigé le 27 avril 1919, il porte la mention « Mort pour la France ». Nous n’avons pas trouvé de lieu de sépulture.

Cet hôpital temporaire, qui comportait 365 lits, se situait dans un ancien pensionnat désaffecté, 38 rue Lavalard. En octobre 1916, plus de 6000 blessés auront été soignés à Amiens depuis le début de la guerre. En plus de l’hôpital principal de l’hôtel Dieu, il a fallu installer deux hôpitaux auxiliaires dans les écoles normales, ainsi que 14 hôpitaux temporaires dans des écoles, des couvents, des casernes, des séminaires…

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Dilasser Joseph

Un prêtre tué au tout début de la guerre

Ambroise Joseph Marie Dilasser est né le 14 février 1885 à la Croix de Kérichard, à Henvic, fils de Yves Dilasser et de Marie Messager. Recruté comme caporal fourrier au 219ème Régiment d’Infanterie de Brest, il meurt le 27 août 1914 à Sailly Sallisel, dans la Somme. «Tué à l’ennemi». L’acte de transcription est effectué à Henvic le 15 septembre 1921, avec la mention «Disparu», « Mort pour la France ».

Joseph Dilasser

C’était un prêtre, instituteur à l’école libre des Carmes à Brest, et une plaque portant son nom se trouve sur une des tombes du cimetière de Henvic.

plaque

La plaque au cimetière de Henvic

Joseph Dilasser fut l’un des quelque 534 prêtres du diocèse de Quimper, auxquels s’ajouteront 232 séminaristes, qui ont dû quitter leur soutane pour revêtir l’uniforme. Il est aussi l’un des 56 prêtres et 50 séminaristes qui furent tués durant cette guerre. (Dans la cour de l’ancien séminaire de Quimper, on peut voir les noms de ces soldats gravés dans une plaque de marbre).

Joseph Dilasser est tué lors du premier combat de son régiment. Après avoir rejoint Brest le 2 août, il séjourne au camp retranché de Drancy jusqu’au 24. Le 25, le 219ème RI voyage en train jusqu’à Arras, où il débarque le soir. Le 26, il se dirige vers l’emplacement qui lui est assigné sur le front. Les premiers combats ont lieu le 27, avec une extrême violence, faisant beaucoup de tués, de blessés et de disparus.

Joseph Dilasser sera cité à l’ordre du 219ème RI le 2 septembre 1914 : «Blessé au ventre par une balle, a continué de se battre jusque ce qu’une seconde blessure l’ait mis hors de combat». Il recevra la Médaille Militaire posthume.

Ces journées du tout début de la guerre en août et septembre 1914 sont les plus meurtrières de toute la guerre pour l’armée française.

Désirant stopper les allemands qui arrivent par la Belgique, l’état-major lance les attaques en Lorraine et dans les Ardennes, mais la stratégie de « l’offensive à outrance », consistant à faire charger obstinément les troupes « baïonnette au canon, » ne peut rien contre la puissance de feu allemande, et donne lieu à de véritables carnages. On compte plus de 300 000 français morts ou disparus entre août et décembre 1914. Faut-il rappeler aussi qu’avec leur pantalon et leur képi rouge garance, les soldats sont des cibles visibles de très loin. Leurs équipements inconfortables et inadaptés au début de la guerre subiront des évolutions pour améliorer les équipements.

Pour protéger la tête des soldats, des « cervelières », des calottes métalliques à placer sous le képi, sont mises au point en 1915. D’une protection inefficace, elles servent aussi d’ustensile de cantine… et de toilette. Ce n’est qu’en septembre de cette année là que le casque « Adrian », métallique, commence à doter les unités, et ce n’est qu’à l’automne 1916, que la couleur rouge des képis et des pantalons laisse définitivement place au « bleu horizon », mieux adapté au camouflage.

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Dossal Yves

Disparu en mer lors du naufrage du Bouvet

Yves Dossal est né le 15 janvier 1895, à Henvic. Son père, Alain Dossal, est d’abord marin, puis cultivateur. Il est aussi ce qu’on appelle un « demi soldier »*. Depuis le 19ème siècle, les marins reçoivent  à l’âge de 50 ans, une pension annuelle versée par l’état dite de «demi-solde». Sa veuve percevait aussi cette pension. Sa mère, Marie Goarnisson, est née à Taulé. La famille demeure à Coatigariou et Yves est le cadet de 6 enfants.

Inscrit maritime provisoire, il navigue sur le sloop « Marie Françoise » comme mousse au bornage jusqu’au 24 décembre 1910. Il est novice sur la « Catherine » en 1911, puis sur le « ND du Salut » d’octobre 1912 à avril 1913. Devenu matelot sur le même bateau, il débarque le 12 décembre 1913 à Carantec. Il est employé par Guéguen comme son frère Gabriel.

A sa demande, il rejoint la marine, comme matelot de 3ème classe au 2ème dépôt de Brest jusqu’au 29 mars 1914. Il rejoint l’école des mécaniciens de Toulon jusqu’au 1er août 1914, puis le 5ème dépôt jusqu’au 24 octobre. Il embarque alors sur le « Bouvet » qui escorte des convois en Méditerranée, et est chargé de la surveillance du golfe de Gênes et du détroit de Messine. Envoyé aux Dardanelles en décembre 1914, il participe au bombardement de Hellès, à l’entrée du détroit, le 25 février 1915.

Le « Bouvet » est un cuirassé lancé en 1896 qui sera coulé par une mine le 18 mars 1915. Il a une cuirasse de 100 mm au-dessus de la flottaison, mais son gros point faible se situe au-dessous de la flottaison. Un article du « Bulletin des armées de la République » de mars 1915, raconte que « lorsque le navire s’enfonça par la proue, tandis que les hélices battaient l’air de leurs derniers tours, on entendit l’Etat Major autour duquel s’était groupé l’équipage, saluer le drapeau du cri mille fois répété Vive la France ».

Le cuirassé Bouvet

Le 18 mars 1915, l’amiral britannique John de Robeck lance une attaque conjuguée contre les bastions de Turquie défendant le détroit des Dardanelles et le « Bouvet » est un des quatre cuirassés français constituant la seconde ligne.

Les navires anglais, au centre du dispositif, cherchent à localiser et à détruire les batteries côtières turques. Ils sont flanqués, à gauche, du « Gaulois » et du « Charlemagne » et, à droite, du « Bouvet » et du « Suffren ».

Le « Bouvet » reçoit 8 impacts de l’artillerie turque qui ne lui causent que des dommages légers. Sa tourelle de 305 mm située à l’avant est mise hors d’état de tirer après 6 coups, par suite de l’asphyxie de ses servants, due à la mise hors service accidentelle de l’écouvillonnage pneumatique prévu pour chasser les gaz délétères dans le tube du canon après le tir. Lorsque l’amiral de Robeck donne l’ordre de la retraite, le « Bouvet » heurte une mine, quelques instants plus tard, dans la baie d’Erin Keui. Il s’agissait probablement d’une mine mouillée dans la nuit du 7 au 8 mars par le torpilleur turc « Nousret ».

À 13h58, la mine touche le cuirassé au centre à tribord, sous la ligne de flottaison au niveau de la tourelle de 274 mm. Une énorme explosion cause une profonde voie d’eau qui envahit une vaste zone des machines du navire. Le navire se couche très rapidement, en particulier du fait d’une conception erronée du compartimentage de la coque, typique des cuirassés conçus en France à cette époque. Ces cuirassés furent pourtant qualifiés de « chavirables » par le grand ingénieur des constructions navales et du Génie maritime Émile Bertin qui dénonça cette erreur, mais qui ne fut pas écouté par le Conseil des Travaux. L’eau pénétre rapidement dans les cheminées. En moins d’une minute seulement, le cuirassé coule, emportant avec lui la plus grande partie de ses quelque 700 hommes d’équipage. Quelques-uns sont sauvés par une vedette du « Prince George » croisant à proximité immédiate. Le radio du bord, notamment, est arraché inconscient à son poste et ne se réveille qu’une fois repêché, ne gardant aucun souvenir des événements. Le personnel de la tourelle avant, qui était sorti pour échapper à l’asphyxie, pourra être entièrement sauvé. Les blessés sont ensuite soignés sur le navire hôpital français Canada.

Au total 75 hommes survécurent, dont 5 officiers. Avec les blessés morts à l’hôpital, cette tragédie coûta la vie à 648 marins, dont « le brave capitaine Rageot de la Touche qui, sur la passerelle, aurait pu se sauver, mais qui choisit délibérément de se laisser couler avec son bâtiment », le capitaine de frégate commandant en second Jean Autric et le capitaine de frégate Eugène Cosmao Dumanoir, son adjoint chargé de la sécurité. Selon une autre source, il y aurait eu 47 survivants sur 630.

Yves Dossal disparaît en mer à l’âge de 20 ans lors de ce naufrage, le 18 mars 1915. Son acte de décès est transcrit à Toulon le 3 avril 1916 et à la Mairie de Henvic le 17 mai suivant, portant la mention « Mort pour la France ». Il reçoit la Médaille Militaire et la Croix de Guerre Etoile de Bronze à titre posthume, le 18 novembre 1921.

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 Gilet Jean Marie

Tué près du Fort de Thiaumont

Jean Marie Gilet est né le 18 juillet 1893 à Kerezean à St Pol de Léon. Il est le fils de François Gilet, né à St Pol de Léon, cultivateur, et de Louise Marchaland, née à Roscoff, ménagère. Aux recensements de 1901 et de 1911, la famille, qui compte 5 enfants, Jean Marie, cultivateur chez son père, Jeanne, Claudine, François et Antoine, est domiciliée Lesnoa Vraz à Henvic.

Incorporé au 248ème RI de Guingamp, il part le 9 août 1914, pour Rethel. Le régiment est composé de 2202 hommes, 37 officiers, 122 chevaux. Vers le 15 août, il garde le pont de Donchery sur la Meuse, le 22 il est aux portes de Corbion à la frontière belge. Le 25, le Génie procède à la destruction du pont de Donchery. Puis il participe aux combats vers Chevenges et Omicourt, avant un recul sur Tourteron. Il est situé à l’est de Reims le 1er septembre, vers La Normée le 5 au sud ouest de Chalons sur Marne, où prend fin le recul vers Herbisse et il entreprend une contre-attaque du 7 au 10 vers Sommesous.

Le 13 septembre, le régiment compte moins de 1500 hommes et cantonne à Suippes. Stationné dans les tranchées vers St-Hilaire-le-Grand en octobre et novembre et à Suippes de décembre à février. il effectue une légère avancée le 10 mars, vers le Bois-Sabot, position qui sera conservée jusqu’en mai 1915.

En mai 1915, le 248ème est dans les tranchées au nord de Suippes. Ce sont des bombardements journaliers et des accrochages de patrouilles quasi quotidiens sans opération d’envergure.

Le 17 juillet 1915 vers Suippes, Jean-Marie Gilet est blessé dans un bombardement.

Le 21 septembre parvient l’ordre d’attaque de la butte de Souain par la ferme Navarin. Celle-ci est déclenchée le 25 après une préparation d’artillerie. Les pertes se comptent par centaines. Les véhicules prévus pour le retour ne sont pas là le 2 octobre, et le régiment part à pied à 17h 30 pour le bivouac de Baconnes, atteint à 3 h le matin du 3 par une nuit glaciale. Le cycle de présence dans les tranchées vers la voie romaine reprend, avec des cantonnements au château de Courmelois au nord de Verzy.

Le 19 octobre, près de 400 hommes sont intoxiqués par les gaz, le 27 lors d’une prise d’armes à Baconnes, la cérémonie est abrégée alors qu’un nuage toxique envahit les lieux. De novembre 1915 à juin 1916, pas d’opérations notoires.

Le 11 juin, le régiment reconstitué à 3 bataillons, se met en marche par Les-Grandes-Loges, Revignysur Ornain, et le 24, il est transporté par camions de Brabant-le-Roi à Nixeville.

Le 25 il cantonne au fort de Verdun, à Bois-la-Ville et Sommaisne.

Le 29, le régiment a pour mission de reprendre le fort de Thiaumont : c’est un véritable enfer dans un terrain creusé de trous d’obus, jonchés de débris de toutes sortes et de corps en attente d’évacuation. Au début de l’attaque, l’artillerie française tire trop court et les projectiles des deux adversaires tombent sur le 248ème.

Le 30 juin, Jean-Marie Gilet de la 4ème compagnie de mitrailleuses, est blessé une seconde fois. L’évacuation se fait surtout de nuit de poste en poste dans des conditions très pénibles. Il ne survivra pas cette fois. Son décès est enregistré le 5 juillet 1916 à Landrecourt-Lempire, « Mort pour la France », dans l’ambulance 4154, des suites de blessures de guerre. Il a 22 ans. Son acte de décès est transmis à Henvic le 15 novembre 1916.

Le 2 juillet, les pertes sont énormes. 24 officiers tués sur 30, et 842 hommes tués, blessés, ou disparus.

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Goasguen René Marie

Mort entre Soisson et Reims

René Marie François Goasguen est né le 7 mai 1895 à Henvic. Ses parents, René Goasguen, cultivateur à Goasquelen, et sa mère, Anne Stéphan, sont tous deux originaires de Henvic.

Il est Caporal au 91ème Régiment d’Infanterie, qui, au moment où éclate la guerre, a son casernement à Mézières. Dès le début, il participe aux combats dans la Meuse, puis, du 22 août au 6 septembre 1914, il connaît la retraite de la Marne. Jusqu’à la mi janvier 1915, il va vivre l’enfer des tranchées en Argonne. Cela lui vaut une citation:  » A défendu, de septembre 1914 à janvier 1915, avec une superbe opiniâtreté, le bois de la Gruerie, opposant un mur infranchissable, au prix de pertes sanglantes, à un ennemi disposant de moyens très supérieurs ». Amoindri par les pertes subies et déprimé par les 4 mois de tranchées durant l’hiver, le régiment est reformé en Champagne. Le 12 juin, il est détaché du 2ème Corps d’Armée, pour former, avec le 72ème RI, la 250ème Brigade. De juin 1915 à août 1916, il continue à se battre en Argonne, puis, du 13 septembre au 7 novembre, dans la Somme.

Alors que le Régiment, au repos aux environs de Châlons-sur-Marne, se prépare à réoccuper un secteur en Champagne, il reçoit brusquement l’ordre de s’embarquer à Chavange à destination de Marseille. Des troubles viennent d’éclater dans le Sud Constantinois. Débarqué à Philippeville juste avant Noël, le régiment fournit des convois d’escorte pour protéger les marchés avoisinants. Du 4 janvier au 23 mars 1917, le 91ème assure la police des hauts plateaux entre Constantine et l’Aurès. « Bivouaquant sous un climat aux contrastes très brusques, et effectuant de longues marches sur des pistes à peine tracées, poussiéreuses, dans un «bled» sans ressources, il rétablit rapidement l’ordre sans effusion de sang ». Ces trois mois sous d’autres cieux ont dû représenter un réel changement pour les soldats, par rapport à l’enfer des tranchées qu’ils avaient connu auparavant, mais où ils allaient retourner très vite !

Le 17 mars, il reçoit l’ordre de s’embarquer à Philippeville pour rentrer en France le 29 mars.

Le 5 avril, c’est donc le retour au front, et du 17 au 19 août, le régiment va participer aux terribles combats du tristement célèbre Chemin-des-Dames, C’est au cours de ces combats que René Marie Goasguen meurt, le 28 octobre 1917, à 22 ans, à l’Ambulance 11/18 à Courcelles sur Vesle entre Soisson et Reims, dans l’Aisne, des suites de blessures de guerre. Son acte de décès est transcrit le 16 janvier 1918 à Henvic. Il est inhumé dans une tombe individuelle, dans la nécropole nationale de Vauxbuin, près de Soisson.

Tombe René Gosguen

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Guezennec Yves Marie

Noyé lors du naufrage du Danton

Yves Marie Guézennec est né le 27 juin 1887 à Henvic. Son père René Guezennec, marin originaire de Henvic, demeure à Pont ar Vilin Goz. Sa mère, Marie Le Saint, également henvicoise, est ménagère. Il épouse Marie Louise Picart le 23 novembre 1913 à Henvic.

Inscrit maritime, il est d’abord mousse à la petite pêche sur « Clotilde-Hippolyte » en octobre 1900, sur « Constance » d’octobre 1901 à mai 1903, sur « St-Louis » de mai à juillet 1903. Au cabotage comme novice au départ de La Hougue sur la goélette « Marie-Eugénie » de juillet à décembre 1903, il embarque sur le sloop « Gabrielle » entre Le Havre et Fécamp jusqu’à mars 1904, sur le vapeur « Jean-Amédée » entre Le Havre et Boulogne, puis sur le « St-Yves » entre Le Havre et Tréguier en 1904 et 1905.

Matelot au départ de Morlaix sur la goélette « Armide » de février à mai 1906, il embarque ensuite sur le trois-mâts « Marthe-Marguerite » à Nantes de mai à octobre 1906, puis sur le trois-mâts « Armen » au départ de Cherbourg le 4 novembre 1906.

Il navigue alors au long cours sur « Armen » comme matelot léger, embarqué à Cherbourg le 4 novembre 1906, et débarqué à Dublin le 10 juin 1908. Il revient au bornage à Morlaix, sur le sloop « Marie Françoise », comme matelot, du 20 juillet au 8 septembre 1908.

Etant fils unique d’un père âgé de plus de 70 ans, il est mis en « sursis de levée » au 2ème dépôt à Brest, comme matelot de 3ème classe, puis torpilleur auxiliaire le 1er octobre 1909. Après 11 mois à la défense fixe de Brest, il est alors placé en position de dispense.

Le 27 novembre 1909, il reprend la navigation au long cours comme matelot sur le Nord jusqu’à août 1910, sur le « Charles Lecoeur » de Dunkerque à Nantes, comme chauffeur d’août à novembre, sur « Jeanne Cordonnier » au Havre, comme matelot en 1911 et 1912, puis sur le « ND de la Garde » de janvier à octobre 1913. Il se retrouve ensuite au cabotage vers Caen, Rouen, Le Havre, de janvier à avril 1914, à bord du « Renée Marthe » et du « Hildebert », puis du « Mazagan » de Cherbourg à Bayonne et enfin à Bordeaux le 21 octobre 1914.

Rappelé au service de l’état, il rejoint le 5ème dépôt à Toulon, où il est affecté à la défense fixe du 16 novembre 1914 au 17 juin 1915, avant d’embarquer sur le « Goliath » et le « Shamrock » du 14 novembre 1915 au 1er janvier 1916. Nous avons vu précédemment ce qu’étaient ces deux unités, chargés de convoyer des troupes dans les Dardanelles, et où était affecté aussi Jean François Berrou, dont nous avons évoqué le parcours, au début de cet ouvrage (p 13). Yves Marie Guezennenec est ensuite affecté aux bâtiments de service à Salonique du 1er janvier 1916 au 18 mars 1917.

Le 18 mars 1917 il embarque sur le « Danton » qui disparaît en mer le lendemain 19, torpillé et coulé par le sous-marin allemand U 64, à 30 milles dans le SW de l’ île de San Pietro, au sud de la Sardaigne, par 38°45N et 07°46E, faisant 296 victimes.

Le décès de Yves Marie Guezennec est déclaré constant par jugement du tribunal civil de Brest le 16 octobre 1918 et transcrit à l’état civil de Henvic le 10 novembre 1918.

Il recevra la Médaille Militaire et la Croix de Guerre, avec Etoile de Bronze à titre posthume, le 4 janvier 1922. Un autre henvicois, François Marie Guillou, se trouvait à bord du « Danton », et est également décédé lors du naufrage.

Le cuirassé Danton

Le « Danton », un cuirassé qui mesurait près de 150 mètres de long, était parti de Toulon et devait rejoindre d’autres navires français à l’île grecque de Corfou. Construit à l’arsenal de Brest et mis à l’eau en 1910, il faisait partie de la 1ère flotte de la Méditerranée pendant la première guerre mondiale. Le navire fut coulé en 30 minutes, par un sous-marin allemand, le 19 mars 1917. Il transportait 946 officiers et matelots ainsi que 155 passagers. Près de 92 ans plus tard, une société néerlandaise de géotechnique, a annoncé la découverte de son épave au sud de la Sardaigne. Le cuirassé gît à plus de 1 000 mètres de profondeur, ses canons de tourelle intacts. Il renferme encore les dépouilles de 296 marins qui n’ont pu quitter son bord au moment du naufrage.

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Guichou Jean Marie

Mort en Adriatique à bord du Léon Gambetta torpillé par un sous marin

Jean Marie Guichoux est né à Henvic le 7 septembre 1874. Son père, Yves Guichoux, est un marin, domicilié à Coat Glaz. Sa mère, Françoise Marzin, ménagère, est aussi henvicoise. Il épouse à Henvic, le 14 janvier 1906, Marie Yvonne Rolland, puis en seconde noce, à Henvic également, le 28 août 1908, Françoise Caroff. De ce second mariage naîtra une fille, Marie-Françoise-Louise-Yvonne, qui épousera plus tard Alain Marcel Priser. Le couple demeure à Kérilis.

Inscrit maritime, il navigue sur le sloop « Catherine », au bornage, comme mousse, tout d’abord, puis comme novice, avant d’être affecté au pilotage sur ce bateau.

Il entre au service de l’état en septembre 1894, comme matelot, au 2ème dépôt de Brest puis sur le « Borda » jusqu’à juillet 1895, lorsqu’il rejoint Toulon (« Amiral Duperré », « Couronne », « Jauréguiberry ») de 1895 à janvier 1898, devenant canonnier breveté en juillet 1896. Il a alors des affectations successives à Toulon, Brest, Cherbourg et Lorient sur le « Bouvines », le « Jules Ferry », le « Gueydon », le « Descartes ». Il embarque comme second maître canonnier le 27 février 1914, sur le « Léon Gambetta« , jusqu’à la perte du bâtiment le 27 avril 1915 dans l’Adriatique.

Le cuirassé Léon Gambetta

De 1914 à 1915, basé à Malte, le « Léon Gambetta » opère en mer Adriatique, participant au blocus de la Marine austro-hongroise.

Le 27 avril 1915, patrouillant seul, il est torpillé par deux fois par le sous-marin autrichien U-5, à l’entrée du Canal d’Otrante. Il coule en moins de 10 minutes. Sur les 821 hommes à bord, on dénombre 684 disparus et 137 survivants. « Le bâtiment prend rapidement de la bande. Un seul canot peut être mis à l’eau. Il est prévu pour 58 hommes, mais 108 marins parviennent à y prendre place, et comme le temps est beau, ils font route aussitôt vers la côte italienne. Il est 2 h. Le canot atteindra miraculeusement le village de Santa Maria vers 8 h du matin. L’alerte aussitôt donnée, de Tarente et de Brindisi, des torpilleurs se portent sur les lieux du drame. Des 500 hommes qui se trouvaient à l’eau à minuit, ils ne retrouvent que 29 survivants épuisés ».

Jean Marie Guichoux meurt donc le 27 Avril 1915, à l’âge de 41 ans, Son acte de décès est transmis à Henvic, après jugement du tribunal de Brest le 28 juin 1916. « Mort pour la France ».

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Guillerm Jacques,

Fusillier marin tué en Belgique

Jacques Guillerm est né le 16 juin 1890, à Kerprigent Vihan, à Carantec. 5ème enfant sur les 9 que compte la famille, il est le fils de Hervé Guillerm, cultivateur né à Sibiril, et de Jeanne Meudec, née à Carantec. Tous deux décéderont à Henvic.

Inscrit maritime, il travaille à la petite pêche sur le « St-Vincent-de-Paul » de Morlaix comme novice jusqu’au 25 juillet 1908, puis comme matelot jusqu’au 24 juillet 1909. Il continue au bornage sur le même bateau, du 25 juillet 1909 au 5 octobre 1909.

Au moment de son service militaire, il est mis en « sursis de levée » du 11 juillet au 1er octobre 1910 ayant un frère sous les drapeaux.

Le 2 août 1914, il est appelé au 2ème dépôt de Brest, et rejoint Cherbourg le 13 août au 1er régiment de Marins, comme matelot de 3ème classe, fusilier marin. La première mission du régiment, qui sera la défense de la capitale de la mi-août au 7 octobre, est suivie d’une autre beaucoup plus périlleuse, venir en aide à l’armée belge menacée d’écrasement et protéger Dunkerque porte d’accès des britanniques. La brigade de l’amiral Ronarc’h, qui compte environ 6000 hommes rejoint Dunkerque par train puis continue en direction d’Anvers. La voie ferrée est coupée vers Gand où convergent des unités belges poursuivies par des allemands en surnombre. Ces hommes, habitués à un univers maritime, doivent effectuer des marches de trente et quarante kilomètres. La brigade recule en se battant, permettant la retraite des belges. Contrainte au repli, elle est à Dixmude le 15 octobre, toujours suivie par l’ennemi. Le 16, le message de l’amiral Ronarc’h à ses troupes, suite aux instructions de Foch, est clair : « Tenez au moins quatre jours, sacrifiez-vous ». Les bombardements et les harcèlements d’infanterie de l’ennemi sur Dixmude depuis le 16, se transforment le 24 octobre en une attaque générale de la ligne allant de Ypres à Dixmude qui se veut décisive.

Jacques Guillerm est tué ce 24 octobre 1914, à 24 ans. Son acte de décès est transmis à Henvic le 28 décembre 1914. « Mort pour la France, Mort au Champ d’honneur ». Il recevra la Médaille militaire, et la Croix de guerre avec étoile de bronze, à titre posthume, le 1er mars 1922. Nous n’avons pas trouvé son lieu de sépulture.

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Guillerm Jean Marie

Tué à 20 ans près d’Arras

Jean Marie Guillerm est né à Carantec, le 24 août 1894. Il est le fils de Hervé Guillerm, et de Jeanne Meudec. En 1911, la famille demeure à Kerever. Une famille très éprouvée par la guerre. En effet, Jean Marie est le frère de Jacques Guillerm, tué sept mois plus tôt, que nous citons précédemment.

Soldat au 41ème RI. il est tué le 10 mai 1915, à l’âge de 20 ans. à Roclincourt, tout près d’Arras, dans le Pas de Calais. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 27 avril 1921, portant la mention « Mort pour la France « . « Tué à l’ennemi ». Nous n’avons pas trouvé de lieu de sépulture.

Ce régiment participe, à partir du 9 mai 1915, à la bataille d’Arras, dans le cadre de l’offensive d’Artois. Le 10 mai, après une préparation d’artillerie, l’ordre d’attaquer est donné. « A peine deux compagnies sont-elles sorties, que les balles les déciment. L’attaque est alors arrêtée. Ces deux compagnies ont perdu les trois quarts de leurs effectifs ».

A noter que quelques jours auparavant, le 27 avril, le chanteur breton Théodore Botrel, lui aussi du 41ème RI, mais détaché au ministère de la guerre, a fait une « tournée » et est venu chanter pour les soldats. Les chansons de bivouac obtiennent un grand succès. Il compose à brûle pourpoint une chanson de marche pour le 41ème, sur l’air de « On m’assassine « .

De nombreuses chansons naissent sur le front, comme « La Butte Rouge », qui fait référence aux combats féroces qui se sont déroulés autour de Bapaume en 1916, ou « Vive le pinard », qui glorifie le vin. Une nouveauté, car jusqu’alors, en temps de paix comme en temps de guerre, seule l’eau est la boisson du soldat. La ration de vin passe de 1 quart à 3 quarts de vin par jour.

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 Guillou François Marie

Noyé lors du naufrage du Danton

François Marie Guillou est né le 25 février 1885 à Taulé. Fils de François Guillou et de Marie Hamon, tous deux originaires de Taulé, il est le cadet de 6 enfants. La famille vit tout d’abord au Guily, puis à Mez ar Reun Vihan. Il épouse Marie Renée Guézennec de Henvic en 1911. Ils auront deux enfants, Marie, décédée en 1998 à Taulé, et François, marié avec Perrault Jeanine Marie Josèphe à Angers.

Le 18 novembre 1904, il est engagé volontaire pour 5 ans dans la marine à Brest. Il est apprenti-marin, puis matelot breveté 2ème classe, spécialité canonnier.

Il est affecté au 2ème dépôt jusqu’au 12 décembre 1904, puis embarque successivement sur le « Porthuau », le « Hoche », et la « Couronne ». A Toulon il embarque sur le « Condé », puis le « Galilée » et la « République ». A Brest, il embarque sur « Latouche-Tréville » puis sur le « Tourville ».

Rengagé pour 3 ans, en 1909, il embarque à nouveau sur le « Tourville » puis sur le « Brieux », basé à Rochefort jusqu’au 9 janvier 1914.

Le 5 février 1914, il embarque sur le « Danton », comme second maître canonnier. Il meurt durant le naufrage du cuirassé, « perdu corps et biens », le 19 mars 1917. Comme nous l’avons vu précédemment, un autre henvicois, Yves Marie Guézenneg, qui se trouvait à bord de ce navire, est également décédé lors du naufrage.

Son décès est déclaré constant par le tribunal civil de Brest le 16 octobre 1921. La transcription est effectuée le 10 novembre 1918 à Henvic, avec la mention « Mort pour la France ».

François Marie Guillou reçoit à titre posthume la Médaille du Maroc avec agrafe Casablanca Galilée, Campagne de Guerre au Maroc, ainsi que la Médaille Militaire et la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze. « Glorieusement englouti avec son bâtiment ».

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Guivarch Ambroise

Disparu lors du torpillage du Circé dans le sud de l’Irlande

Ambroise Guivarch est né à Carantec, à Kerlouquet, le 17 décembre 1877. Il est le troisième des quatre enfants de Hervé Guivarch, et de Barbe Herrou. Il épouse Catherine Tanguy, avec qui il demeure à Henvic. Ils auront deux filles, Louise, mariée à Yves Marie Calvary, et Alice Marie, mariée à François Marzin.

Inscrit maritime, il est engagé comme novice à la petite pêche sur la « Françoise », à Morlaix de mai 1895 à mars 1897.

Recruté au service militaire, le 24 décembre 1897 au 2ème dépôt à Brest, puis à Lorient comme stationnaire annexe, puis à nouveau à Brest, il est embarqué sur le « Redoutable », puis à Toulon sur le « Charlemagne ». Libéré de ses obligations militaires, il est mis « en congé illimité » en 1902, après 47 mois de service à l’état.

Le 25 janvier 1902, il navigue au cabotage comme matelot, soutier ou chauffeur de 1902 à 1910 à Rouen, Le Havre, Caen. Après un bref passage au bornage à Morlaix au début de 1911, il est à nouveau au cabotage au Havre comme chauffeur sur le « St Jean », à Boulogne sur le « Wagram », à la pêche au début 1913, puis sur la « Rosita » et enfin sur le « Circé II », en janvier 1914, du Havre à Rouen.

C’est lors du torpillage de ce navire, le « Circé II », un cargo à vapeur de la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans, construit en 1914, par le sous-marin U 70 le 15 mars 1917, dans le sud de l’Irlande, par 49°10N et 008°50W, à 96 milles dans le SW de Bishop Rock, que Ambroise Guivarch disparaît. Le décès est déclaré constant par jugement du Tribunal de Toulon le 12 décembre 1917. L’acte de décès est transcrit à Henvic le 25 janvier 1918. « Mort pour la France ».

Le Circé II

La veille du naufrage, le 14 mars, le navire quitte Barry en convoi, à destination de Bizerte avec 5700 tonnes de charbon destiné à l’Armée Navale. A 19h30, il est frappé par une torpille sur tribord, entre la chaufferie et la soute à charbon. Le navire prend tout de suite une forte gîte de 15° sur bâbord. Les chaudières sont arrachées. Trois chauffeurs, dont Ambroise Guivarch, sont brûlés et noyés.

Comme le navire semble être en danger de couler à chaque instant, tout l’équipage embarque dans les canots.

Le capitaine constate qu’il manque quatre hommes, deux chauffeurs, un mécanicien et le chef mécanicien. Les embarcations reviennent le long du navire qui s’est lentement redressé pour récupérer d’éventuels survivants, mais personne n’est aperçu sur le pont. Jugeant que le navire va sombrer, le capitaine décide de faire route vers la côte. La nuit ne permet pas de voir couler le « Circé ». Le lendemain vers 11h00, le vapeur anglais « Gordonia » aperçoit le  » Circé » toujours à flot et voit un signal transmis par pavillons: « Je n’ai plus d’embarcations ».

Il met alors un canot à la mer et va recueillir le chef mécanicien, oublié à bord du bateau qui a dû sombrer peu après, car il n’a jamais été revu.

Il sera reproché au capitaine d’avoir abandonné le navire trop rapidement, en abandonnant des membres de l’équipage.

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Guivarch François

Grippe infectieuse, ou « Grippe Espagnole »?

François Guivarch est né le 29 mai 1887 à Henvic. Son père, Jean Guivarch, un marin, domicilié à Kergonan, et sa mère, Anne Jacq sont tous deux nés à Henvic.

Inscrit maritime, il est engagé volontaire le 13 mai 1904, comme apprenti marin, puis comme apprenti ouvrier mécanicien. Il devient matelot breveté 1ère classe le 1er octobre 1906. Il obtient le grade de Quartier Maître le 1er janvier 1909, et celui de Second Maître le 1er janvier 1916, avec la spécialité Mécanicien.

Il embarque sur le croiseur « Montcalm » de janvier à juillet 1907. Il navigue ensuite à Brest sur le « Vérité », un cuirassé du type « République » construit à Bordeaux, de juillet 1907 à Avril 1911. Il s’est en effet rengagé pour 3 ans à compter du 1er novembre 1910. Il accompagnera en août 1908 le Président de la République Armand Fallières, dans un voyage officiel au Danemark, en Suède, en Russie et en Norvège.

Il est affecté au 3ème dépôt de Lorient du 3 avril au 11 juin 1911, date à laquelle il embarque sur le « Waldeck Rousseau », basé à Lorient jusqu’au 20 mai 1916.

Le croiseur cuirassé « Waldeck Rousseau » signalera une hélice brisée aux îles Glénans le 2 novembre 1911. Le 18 octobre 1914 il combat contre des avions et touche le sous-marin U14 devant Cattaro (Kotor). Le 22 novembre, il s’échoue dans un ouragan vers Golfe Juan. En 1915, il est en mer Egée et en Méditerranée Orientale.

Débarqué à Toulon, François Guivarch rejoint le 2ème dépôt à Brest le 11 juin 1916, et embarque sur le « Rigel », basé à Brest du 6 septembre au 3 octobre 1916. Débarqué à Toulon au 5ème dépôt, il est affecté au Front de Mer de Marseille.

Il est alors affecté au centre d’aviation de Toulon du 1er au 12 janvier 1917, puis au 5ème dépôt de Toulon jusqu’à son décès, des suites de grippe infectieuse, à l’Hôpital militaire de Marseille (La Rose Malpasset) le 24 mars 1917, à 29 ans. L’avis de décès est transcrit à Henvic le 29 juin 1918, portant la mention « Mort pour la France ».

Dès le début de la guerre, la Marine s’est dotée de quelques avions, pour effectuer des patrouilles maritimes. Les premiers essais d’embarquements ont lieu, et à la fin de la guerre, l’aviation maritime a évolué jusqu’à la création de l’aéronavale.

Les marins aviateurs, à cette époque d’expérimentation de l’aviation, effectuaient des exploits, du simple fait de piloter un avion ou un hydravion. « Ces étonnants pilotes, simples matelots pour certains, vécurent des aventures incroyables ». Un autre Henvicois, Yves Rolland, cité plus loin, est tué en 1916, lors d’un accident d’hydravion.

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Hélard Yves

L’hécatombe du 22 août 1914

Yves Hélard est né à Henvic le 16 novembre 1883. Il est le fils de Louis Hélard, cultivateur né à Cléder, et de Marguerite Porzier, née à Sibiril, et il a un frère et une soeur plus âgés que lui, François et Anne. A noter que sa mère décède alors qu’il n’a que 2 ans.

Lors du recensement de 1881, la famille est domiciliée à Coatplohou.

Appelé au service militaire, le 8 janvier 1905, il est maintenu quelques temps dans ses foyers, en raison d’une épidémie, avant d’être incorporé au 128ème RI à Abbeville comme soldat de 2ème classe. Congédié le 12 juillet 1907, il se rengage alors pour 5 ans, le 11 mai 1908, comme soldat 2ème classe au 2ème RIC à Brest et passe ensuite au 11ème RIC (un régiment d’infanterie de marine). Le 15 octobre 1910, il se retrouve à Saïgon. Il se rengage à nouveau le 9 janvier 1913, pour 5 ans, et passe au 1er RIC à Cherbourg.

C’est au sein de ce régiment qu’il part en train le 7 août 1914 de Cherbourg pour Mussey près de Bar-le-Duc, cantonnant à Chardogne et à Fains le 9. Les jours qui suivent, harassants pour les hommes envoyés à la rencontre des troupes ennemies, illustrent bien ce que l’on appelle « la guerre de mouvement ». Le 11, les soldats se mettent en marche pour Sommaisne. La très forte chaleur provoque la mort de plusieurs hommes par congestion. Ils arrivent le 14 à Dombasle-en-Argonne, puis à Liny-devant-Dun. Le 15, ils repartent à 18 heures pour Chauvency-le-Château. Jusqu’au 19, ils sont employés à une organisation défensive vers Montmédy. Le 20 août, ils repartent à nouveau à 18 heures, et arrivent à Meix-devant-Virton en Belgique le lendemain matin à 6 heures. Une alerte est donnée dans l’après-midi, et une position défensive est établie au sud-ouest de Meix. A 18 heures le départ est donné vers St-Vincent, que les allemands viennent de quitter.

Le 22 août, les troupes coloniales connaissent le baptême du feu à Rossignol. Des « attaques à la baïonnette » sont ordonnées, mais les allemands, tapis dans des tranchées dissimulées en forêt de Neufchâteau, accueillent les français par un feu nourri. En quelques secondes, les compagnies perdent les trois quarts de leur effectif sous « une grêle de balles ». Les rescapés tentent de résister, mais menacés d’encerclement ils battent en retraite. Le porte-drapeau est tué, « on enterre le drapeau pour éviter de le laisser à l’ennemi ». Un caporal-clairon, Paul Failin, du 3ème R.I.C, écrit dans ses cahiers: « Quel massacre! La route est encombrée: caissons, chevaux morts ou blessés, hommes, les arbres abattus forment un enchevêtrement. Sur tout cela à chaque instant d’autres arbres ou branches s’abattent. Une ambulance est remplie de blessés, hurlants, geignants, achevés par tous les projectiles qui pleuvent de tous côtés. Assis, le médecin-major, une tache rouge à la poitrine, semble attendre la mort ». A la faveur de la nuit, les derniers groupes parviennent à s’échapper entre les postes de l’avant-garde allemande, pour rejoindre Breux. Le général de Langle de Cary écrit quant à lui, que « l’offensive a été lancée dans un terrain d’une difficulté inouïe, dans la forêt des Ardennes, véritable coupe-gorge, traversée par la Semoy qui formait barrage devant nous ». « L’ennemi était installé dans la forêt depuis plusieurs jours et avait préparé une organisation défensive à laquelle se sont heurtés plusieurs de nos corps d’armée. Aborder l’ennemi avec un pareil masque devant soi, c’était s’exposer aux plus graves mécomptes, malgré la valeur des troupes. Il eût fallu au moins sonder cette forêt en premier lieu. Mais le Général en Chef m’avait interdit d’y envoyer autre chose que de la Cavalerie. Il voulait en effet attaquer par surprise, et j’ai du m’incliner. La surprise a été pour nos troupes qui ont trouvé dans la forêt du fils de fer et des mitrailleuses habilement dissimulées. Ceci n’excuse pas les fautes commises de notre côté. Ainsi le 17ème corps a été engagé en pleine forêt sans que les précautions les plus élémentaires aient été prises. Le corps colonial dont les excellents régiments n’étaient pas suffisamment rompus aux nécessités de la guerre continentale, surtout en face de l’armée allemande, s’est portée de l’avant avec un entrain magnifique, mais une imprudence absolue. Incomplètement protégée à sa droite par le 2ème Corps, qui était en retard, il n’a pas su utiliser les renseignements fournis par les habitants, ni se faire couvrir par le régiment de cavalerie qui lui était affecté. De là une surprise terrible qui, malgré le dévouement héroïque des officiers et le courage de la troupe, a causé la perte de près des deux tiers de la 3ème Division Coloniale ».

Le chiffre des pertes du régiment est effrayant: 9 officiers, et plus de 1100 hommes, soit la moitié du régiment, qui sera reconstitué les jours suivants. Ce 22 août 1914, 27000 soldats français sont tués. C’est le jour le plus meurtrier de toute l’histoire militaire française.

Yves Hélard est tué au cours de cette terrible bataille. Son acte de décès est transcrit le 27 mars 1921, à la mairie de Henvic, portant la mention « Mort pour la France ». sa tombe se trouve au cimetière du Plateau (n° 397) à Rossignol. Ce même jour, un autre henvicois, Louis Nicolas, est tué à Maissin, à une quarantaine de kilomètres plus au nord. Ce sont les deux premiers henvicois tués au début de la guerre.

La tombe de Yves Hélard

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Héléouet Alain

Inhumé à la nécropole nationale de Dunkerque

Alain Héléouet est né le 10 août 1894 à Henvic. Son père Louis Héléouet, cultivateur à Kervor, ainsi que sa mère, Marie Jeanne Briant, ménagère, sont tous deux nés à Henvic. Quatrième de cinq enfants, il est célibataire.

Jeune soldat de la classe 1914, enregistré le 3 septembre 1914 comme apprenti marin, il est dirigé le 8 septembre sur le 3ème dépôt de Cherbourg où il est affecté au 2ème régiment de marins fusiliers. Un autre henvicois, que nous avons vu précédemment, Jacques Guillerm, est également fusilier marin (p 40). Comme lui, il participe à la défense de la capitale. Dans les effectifs des Fusiliers Marins se trouvent 700 apprentis. En raison de leur jeunesse, les apprentis reçoivent des parisiens le surnom de « Demoiselles aux pompons rouges ». Ces troupes comprennent en fait des marins au long cours, des pêcheurs ou caboteurs, qui vont se transformer rapidement en soldats de l’armée de terre en remplaçant la vareuse par la capote.

Les deux régiments de fusiliers marins de l’Amiral Ronac’h sont jeté dans les terribles combats vers Dunkerque et Anvers, durant le mois d’octobre. Le 26, des tirailleurs sénégalais viennent en renfort, et à partir du 28, les belges procèdent à l’inondation du polder sur la rive gauche de l’Yser, pour tenter d’arrêter la percée allemande. Dixmude ne sera abandonnée que le 10 novembre. La ligne de front se fige vers le 15 novembre, chacun se protégeant du mieux possible dans les tranchées, des bombardements et incursions sporadiques de l’adversaire.

L’hiver est terrible. « Le 11 décembre… il pleut toujours. Notre situation matérielle s’aggrave, quoi que nous fassions, et avec elle, la situation sanitaire. Les hommes, toujours trempés, n’arrivent pas à se sécher. Beaucoup de pieds gelés, de bronchites, de troubles gastro-intestinaux, aggravés par une eau de boisson malsaine. La fièvre typhoïde fait son apparition ». « Le 19 décembre… l’état sanitaire s’aggrave encore, et c’est par centaines que les hommes se présentent chaque jour à la visite médicale. Nous recevons cependant le 21, l’ordre d’attaquer à nouveau les tranchées allemandes qui nous font face…  » Cette situation se poursuit en janvier et février dans la région de Nieuport, les soldats effectuant des travaux gigantesques pour se mettre à l’abri de l’artillerie ennemie. L’action de l’infanterie se borne à des reconnaissances plus ou moins agressives et à des coups de main qui n’ont pas grande utilité, mais qui sont menés « pour entretenir le tempérament combatif des troupes. »

Comme un très grand nombre de ses camarades, Alain Héléouet décède le 3 mars 1915, à 21 ans, à l’hôpital de Rosendaël de fièvre typhoïde et de congestion pulmonaire. L’acte mortuaire est adressé au maire de Henvic le 21 mai 1919. « Mort pour la France ». Il est inhumé à la nécropole nationale de Dunkerque, tombe individuelle n°1481.

Tombe d’Alain Heléouet

Son frère Yves est décédé à Henvic (Kervor) le 17 février à l’âge de 25 ans, deux semaines plus tôt.

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Héléouet François

Inhumé au Carré Militaire Calais Nord

Un cousin germain de Alain Héléouet, cité ci-dessus. Ils avaient en effet le même grand père. François Héléouet est né le 14 juin 1890 à Henvic. Son père, Yves Héléouet, marin et cultivateur et sa mère Claudine Choquer sont tous deux nés à Henvic. Célibataire, il est l’aîné de deux enfants, et la famille est domiciliée au Moulin de Quistillic, puis à Kervoaziou en 1906.

Comme Jacques Guillerm, il est affecté au 1er Régiment de Marins comme matelot de 1ère classe sans spécialité.

Inscrit maritime à Morlaix le 21 mars 1906, il navigue sur le sloop « Annette » au bornage, comme mousse, jusqu’au 4 juillet 1908.

Levé sur sa demande au service militaire, le 6 juillet 1908, il est affecté au 2ème dépôt de Brest jusqu’au 28 août. Il embarque successivement sur le « Masséna », le « Couronne », puis le « Descartes », un croiseur annexe de l’école de canonnage. En 1912, il est sur le « Requin », et fait l’école des canonniers de Toulon.

Le 6 juillet 1912, il est placé en congé illimité, et reprend son activité comme matelot au bornage sur le « Ste Anne », puis sur le « Jeanne-Yvonne », jusqu’au 9 juillet 1914.

La notion de « congé illimité » ne signifie pas qu’on est libéré de ses obligations militaires. Il est bon de rappeler que la loi du 26 mars 1905 institue un service militaire obligatoire pour tous, d’une durée de 3 ans. Suit alors une période de disponibilité et de réserve de 7 ans. On peut ensuite être rappelé dans la « Territoriale » pendant 6 ans, et enfin mis en réserve de la Territoriale pendant 9 ans. On est donc mobilisable pendant 25 ans. (voir p. 96).

Mobilisé le 2 août 1914 au 2ème dépôt, il suit le même parcours que Jacques Guillerm, que nous avons cité plus haut.

Il meurt le 9 novembre 1914, à l’âge de 24 ans, à l’hôpital de Calais, des suites de blessures de guerre. Domicilié à Kerlidec, son acte de décès est transmis à la Mairie de Henvic le 24 novembre 1914. « Mort pour la France ».

De même que Jacques Guillerm, il a dû être blessé au cours de la bataille de l’Yser. Le 10 novembre, les défenseurs de Dixmude sont contraints, après d’âpres combats qui se terminent en corps à corps, à la baïonnette ou au couteau, d’abandonner la ville en feu et de repasser sur la rive gauche de l’Yser. Des pertes effroyables, avec plus de 500 marins tués, près de 2000 blessés, et 700 prisonniers ou portés disparus.

Il est inhumé au Carré Militaire Calais Nord, tombe individuelle 3ème rang n°57.

Tombe de François Héléouet

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Hénaff Jean François

Ouvrier militaire à la Poudrerie de Moulin Blanc

Jean François Marie Hénaff est né le 3 février 1870 à Guerlesquin. Il est le fils de Pierre Hénaff, tailleur de pierres à Guerlesquin, et de Marie Yvonne Le Bihan, née à Plounérin. Troisième de quatre enfants, il n’a que deux ans, lorsque sa mère décède.

Il épouse le 22 octobre 1893, Augustine Guilcher, et vient demeurer à Henvic. Ils auront cinq enfants, Anne Marie, Marie Yvonne Catherine, qui épouse Magnier Hildebert Adrien Paul à Champigny-sur-Marne, Marie Louise, décédée à 14 ans, Pierre Alphonse Louis, et Augustine, qui épouse Charles Yves Marie Messager.

Maçon employé par Mr Pailler à Henvic, il est ajourné au service militaire le 10 novembre 1891, en tant qu’aîné d’orphelins. Mais il est incorporé au 19ème RI à Brest, comme soldat de 2ème classe et mis en disponibilité le 1er octobre 1892.

Rappelé à l’activité le 1er août 1914, lors de la mobilisation, il est alors âgé de 44 ans, il est affecté au 87ème Régiment Territorial d’Infanterie basé à Brest, mobilisé sous contrôle du 19ème RI. Du 1er au 24 août, il est affecté à la surveillance côtière de la presqu’île de Crozon, au Conquet et à Ouessant. Le 24 août, les quatre bataillons sont acheminés sur Paris, rattachés à la 85ème DI pour une autre affectation, et fonctionneront de façon indépendante, tout en étant rattachés temporairement à d’autres unités.

Il arrive au corps le 30 mars 1915, et dès le lendemain, le bataillon est envoyé à Meaux pour une restructuration. Il est rejoint par le 4ème bataillon le 3 avril.

L’effectif des régiments territoriaux est très souvent fractionné, les déplacements et les affectations aux unités de combat sont très fréquents et souvent mal enregistrés dans les divers JMO.

Ces régiments sont « rattachés à différentes unités, pour des travaux de toutes sortes: boisage de tranchées, surveillance dans les gares, approvisionnements divers, évacuation de blessés, ensevelissement des tués, travaux en forêt en vue de fournir des traverses de chemin de fer, des supports pour les pièces d’artillerie, des étais pour les abris souterrains, des travaux routiers aussi, d’entretien et de réparation des routes, d’extraction de pierres… La situation évolue assez rapidement suivant les aléas de la guerre ». « De simples auxiliaires, laissant les outils de travail pour prendre le fusil en cas d’alerte, ils arrivent à être de plus en plus proches des lignes ennemies, et certains régiments assurent seuls la défense d’un secteur du front, alternant les périodes de présence en première ligne, sous le feu des obus ennemis, et des périodes de repos tout relatif au cantonnement, avec des entraînements à la marche, des exercices de lancer de grenades, de tirs, et de formation de compagnies de mitrailleuses. »

Nous ne savons pas plus sur le parcours militaire de Jean François Hénaff. Quoiqu’il en soit, en 1918, il est ouvrier militaire à la poudrerie de Moulin Blanc, à Brest. Il décède à 48 ans, à Brest, Rue de Lanmuron, le 25 septembre 1918. Nous n’avons pas d’éléments permettant de savoir s’il est mort d’accident ou de maladie. L’acte de décès a été transcrit à la mairie de Henvic, le 3 novembre 1918, portant la mention « Mort pour la France ».

Au Moulin-Blanc se trouve une Poudrerie d’État. Le travail y est difficile, et aux journées de douze heures s’ajoute une discipline rigoureuse à cause des risques d’explosions et d’incendie. De nombreux accidents ont lieu en raison de instabilité de la matière produite.

La poudrerie, créée par le Ministère de la Guerre, fonctionne de 1875 à 1940, produisant le coton-poudre, indispensable à la fabrication des poudres de guerre. Près de 3000 ouvriers y travaillent pendant la Première Guerre mondiale. La production de coton-poudre atteint 1000 tonnes en 1900, et pendant la Première Guerre Mondiale, la production augmente considérablement.

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Herri Pierre

La « Grippe Espagnole »

Pierre Herri est né le 18 décembre 1892 à Henvic. Son père François Herri, marin, est né également à Henvic, et sa mère, Anne Penven, repasseuse, puis ménagère, est née à Carantec. La famille est domiciliée au bourg à Henvic. Il a un frère.

Pierre Herri

Inscrit maritime provisoire le 14 février 1908 à Morlaix, il embarque comme mousse au cabotage au départ de Trouville, sur le vapeur « Gazelle », puis sur le vapeur « Augustin Normand » au Havre, et à nouveau sur le « Gazelle », comme novice jusqu’en décembre 1909.

Matelot léger sur le « Orne », du Havre à Trouville, jusqu’en mars 1910, il navigue ensuite au long cours sur le « François Arago », de juin à septembre 1910, et au cabotage, sur le « Deux frères », au Havre, de septembre à décembre 1910.

Au recrutement de la classe 1912, il est mis en sursis, car il a un frère au service.

Il est ensuite soutier au Havre, au long cours, successivement sur le « Louisiane », le « Savoie », le « Niagara », et le « Texas ». Qu’a-t-il fait pour être condamné le 1er mars 1913 à 15 jours de prison avec sursis par le tribunal commercial du Havre pour « désertion au service » du vapeur « Texas »? Il continue comme Soutier sur le Provence en mars 1913.

Le 14 avril 1913, il est levé au 2ème dépôt jusqu’au 7 juin, matelot 3ème classe sans spécialité, puis embarque sur le Jean Bart jusqu’au 14 avril 1914 où il est placé en position de dispense.

Il rejoint Le Havre et travaille comme matelot sur le « Hildevert » jusqu’au 17 juillet 1914.

Le 2 août 1914, il est mobilisé au 1er dépôt de Cherbourg, il est affecté au Front de Mer jusqu’au 1er janvier 1916, puis à la défense fixe jusqu’au 1er septembre. A cette date, il rejoint la marine de Boulogne jusqu’au 1er janvier 1918.

Il est alors affecté matelot sans spécialité à la Flottille des Chalutiers de la Manche, toute l’année 1918, puis à la marine de Boulogne du 1er au 19 janvier 1919, date de son décès, à 27 ans, à l’hôpital complémentaire St Martin de Boulogne, des suites de grippe, avec bronchopneumonie. Son acte de décès est transcrit à Henvic le 27 juin 1919. Il est déclaré « Mort pour la France » par décret du 2 mars 1934.

Durant l’automne et l’hiver 1918, une épidémie de grippe infectieuse se répand. Elle serait apparue dans les camps de Brest, où séjournent des régiments américains, avant leur départ pour le front. L’épidémie de grippe espagnole a fait plus de 20 millions de morts dans le monde, dont 200 000 en France.

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 Jacq Jean Marie

Père de 6 enfants !!!

Jean Marie Jacq est né le 23 mai 1878, à Taulé. Son père, Hervé Jacq, né à Henvic, est cultivateur, puis marin, avant d’être meunier au moulin de Quistillic. Sa mère, Anne Cléach, est également née à Henvic. Il épouse à Henvic le 9 novembre 1902, Marie Yvonne Herri, née à Henvic, et travaille comme meunier chez Choquer au moulin de Quistillic. Il aura 6 enfants, Charles Marie (1904), qui épousera Françoise Clech, Anne Marie (1905), qui épousera Marcel Yves Marie Cléach (4 enfants), Jean François (1907) qui épousera Claudine Gilet, Hervé, (1908, décédé à 6 mois), Marceline (1909) qui épousera François Marie Nicolas (3 enfants), et François (1913). Décédée en 1981, à l’âge de 98 ans, l’épouse de Jean Marie Jacq a donc connu un veuvage de 66 ans…

Jean Marie Jacq

Inscrit maritime le 14 janvier 1895 à Morlaix, il navigue comme novice, puis comme matelot sur le sloop « Marie-Louise », à la petite pêche, puis au bornage, sur le « Jeanne-Yvonne », jusqu’à octobre 1896. Il est matelot au bornage sur le sloop « Annette » jusqu’au 2 janvier1900.

Le 9 janvier 1900, il est recruté matelot de 3ème classe aux Equipages de la Flotte, puis fait l’école de mécaniciens. Il est renvoyé le 9 janvier 1901, car dispensé, ayant un frère sous les drapeaux. Rayé de l’Inscription Maritime le 9 janvier 1904, il est classé dans la réserve de l’armée de terre le 23 mai 1908 au 19ème RI de Brest, puis dans la réserve de l’armée territoriale le 1er octobre 1911.

Rappelé à l’activité le 1er août 1914, il arrive au 87ème RI Territorial de Brest le 3. Il est âgé de 36 ans. Jusqu’au 23, il est affecté à la surveillance côtière à Crozon, au Conquet et à Ouessant. Le 24 août, le régiment reçoit l’ordre de départ pour Paris (Gare de Batignolles). Il rejoint Courtry, puis Claye. Le 16 septembre le régiment se trouve vers Puiseux, chargé de l’assainissement du champ de bataille, consistant à ensevelir les morts, et à récupérer du matériel. A Betz au nord de Meaux, puis vers Soissons, il procède à la réparation de routes, à l’aménagement de tranchées « à l’allemande » au nord et à l’est de Compiègne puis vers Villers-Cotterets.

Jean Marie Jacq passe au 88ème RI Territorial de Lorient le 5 novembre 1914. Celui-ci est cantonné à Villers en Prayères au sud de Laon, assurant la garde des ponts sur l’Aisne et le canal, et effectuant des travaux de tranchées plus au nord vers Paissy. A partir du 28, le 88ème Territorial est seul présent dans ce secteur, alternant la présence en 1ère ligne et les travaux auxiliaires, situation qui durera jusqu’ à juin 1915. Le 7 décembre 1914, des obus allemands de 210 tirés vers les ponts du canal font 5 blessés. En janvier 1915, une attaque allemande a lieu sur le secteur voisin de Jumigny. 108 hommes renforcent son effectif le 28 février, venant de Lorient. Le 12 mai 1915, les hommes touchent des capotes bleu horizon, un évènement capital pour les soldats, qui jusque là, avec leur pantalons et leurs képis rouges, constituaient des cibles visibles de loin, seront un peu mieux camouflés.

Le 11 juin, un déplacement par train a lieu de Fismes à Amiens. Le 88ème Territorial devient réserve de la 4ème brigade d’Infanterie coloniale attachée à la 2ème DIC. Suit une période d’entraînement à la marche en juin vers Doullens, puis le 8 juillet à Hébuterne au sud d’Arras. Le 14 juillet, le régiment est déplacé par train d’Amiens à Noisy-le-Sec puis à Epernay. Des cantonnements ont lieu à Cramant près d’Avize, puis à St-Jean-sur-Tourbe, et le 25 août vers Ste-Ménéhould, et à Courtemont. A partir de cette date le régiment enregistre de très nombreux blessés par obus, lors de l’attaque de Massiges. Le 9 décembre, il évacue des blessés. Jean-Marie Jacq est -il un d’entre eux? 200 km séparent en effet Ste-Ménéhould de Montdidier. Quand a-t-il été blessé ? Il est possible que cela se soit produit dans les derniers jours de novembre à La Neuville aux Bois, à quelques kilomètres au sud de Ste Menehould, en Champagne, où le régiment, dans les tranchées, a subit des bombardements intensifs, avant d’être relevé et d’être affecté à d’autres tâches moins dangereuses durant le mois de décembre.

La présence de deux bataillons du 88ème Territorial à Andéchy, à 15 km au nord-est de Montdidier, est signalée le 28 septembre. Cette position est confirmée par le JMO du 13ème CA. Il semble plus probable que Jean-Marie Jacq ait été blessé dans cette zone, où les échanges d’artillerie étaient intenses en cette fin d’année 1915.

Quoiqu’il en soit, le soldat de seconde classe Jean Marie Jacq décède des suites de plaie dans la région lombaire droite par éclats de grenade, le 23 décembre 1915, à 37 ans, à l’hôpital des Ecoles à Montdidier. Cet hôpital de Montdidier, situé sur la ligne de front entre Amiens et Compiègne, soignait les innombrables blessés des tranchées. La transcription de l’acte de décès a lieu à la Mairie de Henvic le 22 février 1916, et porte la mention « Mort pour la France ».

On affectait dans les régiments territoriaux, ceux que l’on appelait les « pépères », des hommes encore capables de manier les armes, mais considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de 1ère ligne. Peu équipés, ils étaient chargés de la surveillance de points stratégiques, mais très vite, ils se sont trouvés engagés dans les combats, dans des fonctions de ravitaillement, d’évacuation des cadavres des champs de bataille, des gardes de prisonniers… et parfois aussi, dans les tranchées.

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Jézéquel Tanguy

Tombé dans la Somme

Tanguy Eugène Jézéquel est né le 23 décembre 1886, à Poulrinou, à Milizac. C’est le fils de François Jézéquel, cultivateur né à Guipronvel, et de Marie Anne Abiven, née à Plouvien, et décédée en 1911. Il est le 2ème de 6 enfants, dont deux décèdent très jeunes. Il se marie à Montreuil Bellay en 1911, à Anne Yvonne Créach, une soeur de Pierre et de Louis Marie Créach, dont nous avons évoqué le parcours précédemment. Le couple est domicilié à Croasprenn, à Henvic. Ils ont une fille en 1913, Marie Louise Simone, qui épousera Emile Jacq en 1934. Ils auront trois enfants.

Tanguy Eugène Jézéquel est incorporé pour son service militaire le 7 octobre 1907 au 11ème Régiment d’Artillerie de Marine à Lorient jusqu’au 26 septembre 1909. Un certificat de bonne conduite lui est accordé. Mis en réserve, il est affecté au 35ème Régiment d’artillerie de Vannes, puis au 51ème Régiment d’artillerie de Nantes.

En mai 1910, il est domicilié à Montreuil-Bellay, puis en 1912, à Plestin-les-Grèves, puis de nouveau à Montreuil-Bellay en 1913, où il est chauffeur d’automobiles.

Rappelé sous les drapeaux à la mobilisation générale du 1er août 1914, il part de Nantes, vers le 8 août, avec son régiment, constitué d’environ 1500 hommes et autant de chevaux, pour la région de Vouziers, dans les Ardennes. Un voyage en train qui dure environ trente heures, par un temps très chaud. Le régiment cantonne à Sedan jusqu’au 16 août, puis intervient en Belgique à Bouillon et à Maissin. Il est de retour à Sedan le 24, l’armée française reculant devant les forces allemandes, plus nombreuses et dotées d’une artillerie plus puissante. Le 5 septembre, le mouvement de retraite s’arrête vers Chalons sur Marne. C’est ce qu’on appelle la 1ère Bataille de la Marne. La guerre devient alors une guerre de tranchées. Le 18 septembre, le 51ème est tout près de Reims, à Cormontreuil.

Le 21 septembre, il rejoint Compiègne, puis, par train, Daours à l’est d’Amiens et participe à la bataille de la Somme vers Ovillers-la-Boisselle et de nouveau ce sont les tranchées…

Le 7 juin 1915, le 51ème est cité à l’ordre de l’armée: « au prix de pertes effroyables, deux lignes de tranchées ont été gagnées ».

Passé au 13ème d’artillerie le 22 juillet 1915, sur le front de Champagne, il est en position à proximité de Verdun (fort du Bois Bourru), sur la rive gauche de la Meuse en janvier 1916. Il y reste jusqu’au 23 juin. L’artillerie lourde est chargée de pilonner les lignes ennemies avant les attaques des régiments d’artillerie. Pendant cette période le 13éme d’artillerie aura tiré 47000 obus et on recense 4 tués et 11 blessés. Ce régiment reçoit une citation le 7 octobre 1916.

Passé au 114ème Régiment d’artillerie en ligne le 1er novembre 1916, il rejoint de nouveau le front de la Somme, comme canonnier conducteur d’artillerie lourde, à la 8éme batterie du 5ème groupe, vers Assevillers, qui occupe une position derrière le bois Bulow.

« Elle fût repérée très vite et eût à subir presque journellement des tirs, dont quelques uns très importants. Près de 2000 obus furent tirés sur cette position qui eût à plusieurs reprises ses terrassements complètement bouleversés. Malgré cela, le matériel n’eût à supporter que des dégâts insignifiants (atteintes sur les tubes et affûts, et quelques roues brisées). Les pertes en personnel de la 8ème batterie furent de 4 tués et 6 blessés, les pertes totales du 5ème groupe pendant la bataille de la Somme furent de 9 tués et 10 blessés.. »

A la fin de décembre 1916, le 5ème groupe quitte le front de la Somme. Tanguy Eugène Jézéquel est tué le 8 décembre 1916, à l’âge de 30 ans, atteint par des éclats d’obus, à Morcourt, près d’Asservillers, dans la Somme. « Tué à l’ennemi ». La transcription de son acte de décès a lieu à la Mairie de Henvic le 7 mai 1918, portant la mention « Mort pour la France ». Il est inhumé à Marcelcave, dans la nécropole nationale les Buttes, tombe individuelle n° 1153 bis. (p.106)

Plus tard, le 28 janvier 1917, le groupe recevra une citation: « Groupe de contre batterie remarquable par la précision de ses tirs et par le courage de son personnel, a donné de nouvelles preuves de ses hautes qualités pendant 5 mois d’opération sur la Somme sous le commandement du chef d’escadron Bourboulon. »

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Jourdren Jean François

Tué sur la Butte de Souains

Jean François Jourdren est né à Henvic le 12 novembre 1898. Son père, Tanguy Jourdren, cultivateur à Kerbleas, est né à Carantec, et sa mère, Marie Kerscaven, est née à Taulé. Il est le deuxième de 7 enfants.

Incorporé le 1er mai 1917, soldat de 2ème classe, il arrive à la 10ème compagnie du 62ème Régiment d’Infanterie le 17 décembre 1917. A cette date ce régiment se trouve dans l’Aisne à proximité de Soissons, vivant un calme relatif malgré des bombardements réciproques mais sans déplacement du front jusqu’au 12 mars 1918 où le régiment part au repos, réparti entre La Courneuve et Montfermeil au nord est de Paris. Le 23 mars c’est le retour au front à proximité de Roye. Une attaque vers Nesle est envisagée avec le 118ème RI de Quimper, et le 19ème RI de Brest. Sans artillerie efficace, c’est un échec et l’armée allemande fait reculer les français jusqu’au Sud de Roye. Le 18 avril, les trois mêmes régiments sont de nouveau en ligne devant le Chemin des Dames.

Le 27 mai, une attaque allemande, précédée d’un bombardement d’une violence inouïe avec emplois de gaz toxiques réduit au silence l’artillerie française et se solde par un désastre pour le 62ème qui perd en 2 jours, 45 officiers et 1751 hommes. Les quelque 200 rescapés se regroupent à Tannières qui est occupé dès le lendemain.

Le 10 juin, le régiment est reconstitué à Saron-sur-Aube, et embarque le 13 à Romilly sur Seine à destination de Le Thillot dans les Vosges. Il occupe diverses positions autour de Thann, sans opérations particulières avec toujours des échanges d’artillerie. Fin août, le régiment qui a rejoint Masevaux par étapes, embarque à la gare de Mortzviller pour Blesme, près de Vitry-le François. Après une période d’instruction jusqu’au 17 septembre, le 62ème fait mouvement de nuit par étapes, pour rejoindre les abords du camp de Suippes. Il est en position le 25 septembre, ainsi que le 19ème RI, avec pour objectif de reprendre cette place forte occupée. Le 26, c’est l’attaque, précédée d’un bombardement efficace, et l’armée française enlève l’une après l’autre les lignes de défense de la Butte de Souain. « Malgré le mauvais temps et la pluie, qui change le terrain crayeux de la Champagne en un bourbier profond », ce sera une victoire, mais sans Jean-François Jourdren qui n’avait pas encore 20 ans. Il est tué le 26 septembre 1918 à Souain-Perthes-lès-Hurlus. Il recevra la mention « Mort pour la France, Tué à l’ennemi sur la Butte de Souain ». Son acte de décès est transmis à Henvic le 17 août 1921. Son corps aurait été rapatrié à Henvic, pour y être enterré.

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Kerrien François Marie

Tué au Moulin de Laffaux

François Marie Kerrien est né le 20 août 1895 à Henvic. Son père, Jean François Kerrien, pilote lamaneur, puis cultivateur, né à Henvic, est domicilié à Kergourlès. Sa mère, Catherine Coat, ménagère, est également née à Henvic. Célibataire, il demeure à Kergourlès.

François Marie Kerrien

Il est mobilisé comme matelot de 2ème classe Fusilier temporaire, à la 1ère Compagnie du Bataillon des Fusiliers Marins.

Lorsque la guerre éclate, la Marine dispose d’un surplus d’effectif de plusieurs milliers d’hommes qu’elle ne peut pas utiliser à bord de ses bâtiments. Les régiments de Fusiliers Marins sont créés, pour combattre à terre. 6 000 hommes, prennent part aux combats sur le front, sous le commandement du contre-amiral Ronarc’h.

Du 12 au 28 septembre 1918, le Bataillon stationne près du village de Laffaux, entre Soisson et Laon, à l’extrémité ouest du Chemin des Dames, et prend part aux terribles combats qui s’y déroulent. Il ne reste aujourd’hui rien du Moulin de Laffaux, sinon un nombre important de mémoriaux et de stèles, dont celui dédié aux Fusiliers Marins, érigé en 1938.

Le 14 septembre, un terrible combat a lieu, qui se poursuit ensuite jusqu’à Laon, au prix de lourdes pertes puisque le bataillon perd les trois-quarts de ses officiers et plus de la moitié de son effectif (450 tués). Le 24 septembre, une section est envoyée pour s’emparer d’une tranchée encore occupée par l’ennemi. « L’affaire fut très vive et on se battit avec acharnement à la grenade, pour avoir ce bout de tranchée ». Trois fois les Allemands contre-attaquent et sont repoussés, une quatrième contre-attaque très forte parvient à chasser les marins qui n’ont plus de munitions, ayant même usé toutes les grenades allemandes qu’ils ont trouvées. C’est là, au Moulin de Laffaux, qu’est tué François Marie Kerrien, ce 24 septembre 1918 à l’âge de 23 ans. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 13 mars 1919, portant la mention « Mort pour la France », « Mort au Champ d’Honneur « .

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Laurent Jacques

Tué à Ovillers-la-Boisselle

Jacques Laurent est né le 30 octobre 1888 à Plouénan. Son père, Guillaume Laurent, cultivateur, est né à St Pol de Léon, ainsi que sa mère, Marie Claudine Guiziou. Il est le sixième des neuf enfants de la famille, qui demeure d’abord à Kerlaudy, à Plouénan, puis à Kermen, à Henvic.

Appelé sous les drapeaux, il est incorporé au 132ème RI à Reims le 8 août 1909, comme soldat de 2ème classe, jusqu’au 24 septembre 1911.

Rappelé à l’activité le 1er août 1914, au 19ème Régiment d’Infanterie, il part de Brest pour les Ardennes. Il suivra alors le même parcours que Vincent Combot, dont nous avons suivi la trace, et de Jean Marie Le Roux,

Nous avons vu qu’au moment où a été tué Vincent Combot, le 8 septembre, le 19ème se tient près de Lenharrée, et enregistre des pertes sensibles dues à la canonnade et à des luttes violentes d’infanterie vers Ecury-le-Repos. Les mois d’octobre et novembre sont faits de suites d’avancées et de reculs pas à pas, toujours meurtriers. Il faut harceler l’ennemi sans arrêt pour fixer à cet endroit le maximum de moyens.

Le 17 décembre, une opération est exécutée sur Ovillers où la 44ème Brigade, composée des régiments bretons, le 19ème et le 118ème RI, est le groupe d’infanterie d’attaque, et la journée se termine par la prise d’une position ennemie au cimetière d’Ovillers au prix de la perte de 23 officiers et d’environ 1200 hommes.

Selon une fiche matricule erronée, semble-t-il, Jacques Laurent serait porté disparu le 7 septembre 1914 à Lenharrée. Mais selon l’acte transmis à Henvic le 1er novembre 1920, après jugement du tribunal de Morlaix du 19 octobre 1920, il a été tué à l’ennemi le 17 décembre 1914, à Ovillers-la-Boisselle. « Mort pour la France ». Il avait 26 ans.

Il y eut tant de soldats du 19ème RI tués dans la région d’Ovillers la Boisselle, qu’un calvaire breton y a été érigé après la guerre. D’importants travaux de restauration ont eu lieu en 2011, et le 8 octobre, une cérémonie d’inauguration s’y est tenue.

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Le Bihan Claude

Tué à Souain-Perthes-lès-Hurlus,

Claude Le Bihan est né le 30 juin 1878 à Henvic. Son père, Alain Le Bihan, tailleur d’habits, puis journalier, né à Taulé, est domicilié au bourg de Henvic, avec sa mère, Marie Quéguiner, ménagère, née à Henvic. Il a une soeur, Marie. En 1901, Claude est marin, et en 1906, il est domestique à Feunteun Speur Vraz chez Quéméneur.

Inscrit maritime le 16 décembre 1893 au port de Morlaix, il navigue à la petite pêche comme mousse, puis comme novice, sur le « Anna », puis en 1895 et 1896 sur la « Jeanne ». Il navigue ensuite comme matelot au bornage, sur la « Marie Joséphine », jusqu’à juillet 1898.

Appelé au service militaire le 29 juillet 1898, au 2ème dépôt à Brest, il est renvoyé dans ses foyers le 6 octobre 1898, réformé n°2 pour « infirmités antérieures à son incorporation ». Il souffre en effet d’une alopécie presque complète, (perte de cheveux) suite à une teigne grave. Il passe aux « Hors de Services », mais le 29 octobre 1914, il est mis à la disposition des autorités militaires pendant la durée de la guerre, déclaré « bon pour le service armé » le 26 décembre 1914. Il est incorporé au 2ème RIC à Brest le 6 mai 1915, comme soldat 2ème classe. A son arrivée, le 2ème RIC est cantonné autour de Suippes. Les hommes, sous les bombardements de l’artillerie adverse qui apportent leurs lots quotidiens de tués ou blessés, préparent le terrain en vue d’une offensive, en creusant et en aménageant de nouvelles tranchées de plus en plus proches de celles de l’ennemi, en direction du Nord. Le 22 septembre, débute pour trois jours le bombardement des lignes ennemies. Le 25, à 9h 15, commence le mouvement des troupes qui enlèvent quelques lignes de défense. Vers midi, le PC de l’attaque est avancé à 600 mètres au Sud de Souain. A 16h30, les éléments les plus avancés font une brèche dans la défense allemande, à la ferme Navarin. A 19 heures, l’avancée est arrêtée en raison de nombreuses pertes et du désordre des unités. La nuit suivante et la journée du 26, on tente de reconstituer la division en ordre de bataille, opération ralentie du fait de la proximité des lignes ennemies et de la présence de la 12ème DI en opération ce jour-là.

« En résumé, cette journée est employée à la reconstitution définitive de la division qui bien qu’elle n’ait pas été engagée a subi des pertes du fait du bombardement ennemi. »

Les pertes du 25 au 30 septembre pour cette opération, sont de 139 officiers et de 5077 hommes tués blessés ou disparus pour la division.

Claude Le Bihan est l’un d’eux. Il est porté disparu, le 25 septembre 1915, à Souain-Perthes-lès-Hurlus, à 37 ans. « Mort pour la France ». L’acte de décès sera transmis à Henvic le 13 décembre 1921.

Après une année de guerre de position dans les tranchées, les états majors espéraient un retour à la guerre de mouvement, afin de libérer le pays. Mais cette journée du 25 septembre, extrêmement sanglante, « s’acheva sous la pluie qui n’avait guère discontinué depuis le début de l’attaque. Ils avaient espéré que cette offensive, si minutieusement préparée, les conduirait à une prompte et décisive victoire ».

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Le Duc Claude

Décédé à Salonique de « suites de maladie contractée au cours du service »

Un autre marin henvicois, Claude Le Duc, a beaucoup voyagé, et son décès, en Grèce, nous rappelle que cette guerre était mondiale. L’expédition de Salonique, autrement dit le « Front d’Orient », est une opération menée de 1915 à 1918 par les armées alliées, à partir du port grec macédonien de Salonique. L’opération, un peu oubliée, avait un intérêt stratégique dans le cadre de la lutte contre les puissances centrales. La baie de Salonique accueillera près de 300 000 hommes en 1916, ainsi qu’une escadre.

Claude Le Duc

Claude Le Duc est né le 16 octobre 1891 à Henvic. Il est le fils de François le Duc, et de Françoise Penven, domiciliés à Ty Nevez. Tous deux sont des cultivateurs nés à Henvic.

Inscrit maritime le 10 octobre 1905 à Morlaix, il navigue pendant un peu plus d’un an et demi au bornage sur le « Jeanne Yvonne ».

Il commence son service militaire le 13 novembre 1911, à Brest, comme matelot 3ème classe, devient 2ème classe le 1er octobre 1912, et chauffeur breveté 1ère classe, le 1er juillet 1914.

Il rejoint l’école des Mécaniciens et Chauffeurs à Toulon de mars à octobre 1912, puis revient au 2ème dépôt à Brest. Il est affecté au « Montcalm », un croiseur cuirassé, jusqu’au au 9 août 1915.

Il navigue beaucoup en Extrême-Orient. En 1906, le cuirassé perd son hélice bâbord en méditerranée, et est réparé à Bizerte puis à Brest, d’où il repart en extrême-Orient. En Août 1914, au moment de la déclaration de guerre, il se trouve à Tahiti, puis participe à la prise des Iles Samoa avec les Australiens. En mars 1915, il participe à la protection du canal de Suez.

Claude Le Duc embarque alors sur le « Goliath » et le « Shamrock » de Toulon. Nous avons vu précédemment que Jean François Berou, (p 13) et Yves Marie Guézennec, (p 37) ont aussi navigué sur ce navire de transport transformé en usine de distillation d’eau et en transport de barges et de munitions, qui, n’étant pas autonome, devait être remorqué, entre autre par le remorqueur « Goliath », d’où le nom de « mission Goliath-Shamrock ». Celle-ci se trouve à Moudros en Juin 1915, effectuant des essais de distillation d’eau de mer.

Il embarque ensuite sur le « Vinh-Long », un navire hôpital, du 1er janvier 1916, jusqu’à son décès à Salonique, le 2 novembre de cette année là. De janvier au 8 mars 1916, il stationne à Moudros, sur l’Ile de Lemnos, proche des Dardanelles. En avril, déclaré comme navire hôpital de 425 lits, le bâtiment stationne à Salonique, puis à partir de juillet 1916, voyage de Salonique à Bizerte ou Toulon. C’est à Salonique, où il était chauffeur sur un bateau de servitude, à la Direction du Port, que Claude Le Duc décède à l’hôpital Lazaret de Mirka le 2 novembre 1916, à l’âge de 25 ans, des « suites de maladie contractée au cours du service ». L’acte de décès est adressé au maire de Henvic le 17 novembre suivant. Il est déclaré « Mort pour la France ».

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Le Duc François Marie

Rapatrié à Henvic pour tuberculose pulmonaire

François Marie Le Duc est né à Henvic le 27 avril 1892. Son père, François Le Duc, cultivateur à Coatblohou, et sa mère, Marie Françoise Cléach sont tous deux nés à Henvic également.

Incorporé le 8 octobre 1913 au 71ème RI à St-Brieuc, constitué de 3 bataillons d’environ 3500 hommes et 190 chevaux. Le régiment part le 5 août 1914 pour Attigny, dans les Ardennes. Vers le 15, il est au Sud de Sedan et rejoint la colonne qui se rend en Belgique pour enrayer l’avance allemande. Le 19, il cantonne à Florennes et subit le baptême du feu le 21. Le 22, il se trouve vers Mettet, entre Charleroi et Dinant. Le commandement français constate l’écrasante supériorité de l’artillerie lourde allemande, qui rend intenables les positions péniblement acquises et le repli général est ordonné, tout en gênant le plus possible la percée ennemie. Le repli se fait vers Hirson, Laon, Gueux à l’est de Reims, puis Courjeonnet, au delà de la Marne. Le 6 septembre, l’ensemble des troupes fait front, réussit à arrêter l’avance ennemie et reprend même un peu de terrain. On commence à s’enterrer des deux cotés, aucun des adversaires n’ayant les moyens suffisants pour progresser. C’est le début de la guerre de tranchées.

Le 20 décembre 1914, Jean François Le Duc passe au 94ème RI et se trouve en Argonne vers La Harazée, en 1ère ligne en janvier 1915. Vers le 13 juillet, des tranchées conquises par les allemands vers Lachalade sont reprises. Mais en septembre, des attaques françaises vers Suippes, échouent. En octobre les attaques allemandes sont très meurtrières, avec l’emploi de gaz le 27. En fin d’année le régiment cantonne vers Mourmelon et Saint-Hilaire au Temple.

En mars 1916, le départ est donné vers le Nord de Verdun avec pour mission d’empêcher la progression allemande sous un déluge de bombes, vers Douaumont. En avril, au sud de Reims vers Cumières, une attaque allemande est repoussée.

C’est à ce moment que François Marie Le Duc semble tomber malade. Classé temporairement au service auxiliaire en avril 1916, pour « affaiblissement de la voûte du pied », il est maintenu au service armé (inapte 1 mois) par la commission de réforme du camp de Coëtquidan le 19 juillet 1916.

Revenu au front vers octobre 1916, il est réformé temporairement n° 1 et proposé pour une gratification par la commission de réforme de Laval du 1er mai 1917 pour « Bacillose pulmonaire aggravée par 7 mois de séjour au front ». Il est admis à la réforme temporaire avec une gratification de 400 Francs par décision ministérielle du 29 novembre 1917. Dirigé sur un centre spécial de réforme, il est proposé pour une pension de retraite de 5ème classe par la commission de réforme de Quimper pour « Bacillose pulmonaire caractérisée par des signes stéthoscopiques nets des deux côtés avec mauvais état général et contrôle bactériologique positif. »

Atteint, donc, de tuberculose pulmonaire, François Marie Le Duc revient à Henvic, où il décède le 4 août 1918. la mention « Mort pour la France » lui est attribuée.

Aux risques liés aux combats, et aux gaz, s’ajoutait la précarité des conditions de vie des soldats au front. L’hygiène, la nourriture, les lieux d’hébergement, quand il y en avait, étaient tellement épouvantables, qu’il fallait que les soldats soient vraiment très solides pour ne pas contracter de pneumonie, tuberculose, dysenterie et autre grippe espagnole…

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Le Gall François Marie

Disparu, à bord du vapeur « Geneviève »; torpillé par un sous marin allemand

Cadet d’une famille de sept enfants, François Marie Le Gall est né à Henvic le 11 septembre 1883. Son père, Pierre Le Gall, né à Guiclan, est cantonnier avant de devenir cultivateur, et sa mère, Marie Jeanne Béchu, est tisserande avant de travailler aussi à la ferme, à Goas ar Saoz.

Inscrit maritime provisoire 27 septembre 1898 à Morlaix, il sait lire et écrire, il commence comme mousse à Morlaix à la petite pêche sur le sloop « Anna », puis comme soutier sur le vapeur « Lutèce » de Rouen au Havre, au cabotage.

Mousse au long cours sur le trois-mâts « Asie » au Havre en 1901, il est soutier à nouveau sur le « Lutèce » en 1902, de Rouen au Havre. Matelot léger sur le vapeur « Ville de St-Nazaire » à Rouen. Il navigue ensuite de Rouen à Fécamp sur le vapeur « Emile », au cabotage, puis est soutier sur le « Montatoure » et « l’Artois », à Rouen, en 1903.

Appelé au service militaire, il est réformé le 14 octobre 1903, pour une « rétractation cicatricielle de la main droite ».

Il reprend du service comme chauffeur, au cabotage, sur les vapeurs « Aunis », « Artois », et « Sylvie ». De 1905 à 1907 entre Rouen et Alger, et en 1908 au long cours sur « Provence », « Touraine », en 1909 entre Le Havre et Alger sur « Psyché ». En 1910, il part pour la pêche au large au départ de Boulogne sur « l’Amérique », le « Labrador », la « Champagne ». En 1911, il revient au cabotage à Rouen sur le « Duchesse de Guiche », et « l’Aster ». En 1912 et 1913 il est à nouveau à la pêche au large sur « l’Afrique », sur le « Labrador », le « Corsaire », le « Jubarte », et le « Maris Stella ».

En 1914, il poursuit sa carrière de marin, toujours chauffeur ou soutier au cabotage vers Rouen et Nantes (« St-Louis », « Mont Blanc », « Charles Lacour »). En 1915, il repart au long cours sur le « Gascogne » à Bordeaux, et au Havre. A la fin de 1916, toujours chauffeur sur des navires employés au cabotage attachés au port de Rouen, il se trouve sur « Aline », puis « Denise » de janvier à mai 1917, et sur le « Picardie » de juillet à septembre.

Le 28 septembre 1917 il navigue sur le vapeur « Geneviève » du port de Caen. Le 16 janvier 1918, à 11 heures du soir, le navire est torpillé et coulé par le sous-marin allemand U 55. François Marie Le Gall disparaît avec le navire, âgé de 34 ans. Par jugement, il est déclaré « Mort pour la France « . Son acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 19 octobre 1919.

Le « Geneviève » est un vapeur de 79,20 m construit au chantier Osbourne Graham de North Hylton en 1912 pour l’armement F. Bouet, de Caen, et lancé le 22 Novembre 1912.

Il quitte Rouen le 13 Janvier 1918 à 17h00, pour Swansea, en passant par la rade du Havre, afin de rejoindre un convoi le 14 Janvier. Mauvais temps pendant tout le voyage. Le 16 Janvier 1918 à 23h, par 50°23 N et 05°20 W, naviguant en zigzags à 9 nœuds, l’équipage ressent un choc extrêmement violent, et entend une formidable explosion, tandis qu’une gerbe d’eau couvre le navire. La vapeur s’échappe de la chaufferie et de la machine par toutes les issues. « A l’évidence, dit le capitaine dans son rapport, nous venions d’être torpillés ». Il note qu’il a constaté l’absence du chauffeur Le Gall, de quart dans la chaufferie. « Il a du être tué sur le coup par l’explosion, ou brûlé par la vapeur. L’accès de la chaufferie et de la machine est impossible ».

Vingt cinq hommes, dont trois blessés peuvent évacuer le navire, mais Jean Marie Le Gall est le seul disparu de ce drame. Les embarcations de sauvetage sont recueillies le lendemain avec les rescapés par le « Regina » qui les débarque à Port-Talbot.

L’agresseur était le sous-marin allemand U 55. Lancé le 18 mars 1916, il a coulé un total de 64 navires. Il était commandé par Wilhelm Werner. Accusé de crimes de guerre, celui-ci ne fut jamais condamné comme tel, malgré les multiples atrocités sous-marines commises. Après avoir coulé des paquebots, Le « Torrington », le « Toro », le navire hôpital « Rewa » heureusement vide de blessés, et plusieurs autres, il plonge à chaque fois avec plusieurs survivants cramponnés au pont du sous marin. C’est lui aussi, qui a coulé le « Carpathia », qui s’était rendu célèbre lors du naufrage du « Titanic ». Ce capitaine part au Brésil en 1920, puis retourne en Allemagne, où il est acquitté des charges qui pèsent sur lui. Il rejoint la SS, en 1931, où il occupe de hautes fonctions jusqu’à son décès en 1945.

Le sous marin, quant à lui, sera remis au Japon le 26 Novembre 1918. Il servira dans la Marine impériale japonaise jusqu’à sa démolition en 1921.

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L’hostis François

Décédé au Héder, réformé pour tuberculose

François Jean L’hostis est né le 10 novembre 1896 à Lézireur, à Henvic. Il est le fils de Thomas L’hostis, quartier maître chauffeur, médaillé militaire né à Carantec, et de Marie Joseph Cléach, cultivatrice née à Henvic.

Inscrit maritime le 25 octobre 1910 à Morlaix, il commence sa carrière de marin comme mousse, à la petite pêche à Morlaix sur la « Jeanne-Louise » jusqu’en mai 1911 puis au cabotage de Caen à Rouen sur les vapeurs « Thérèse », en 1912, et « Castor », en 1913. Il continue comme novice du Havre à Rouen à bord de la « Sainte-Isabelle », et de l’ « Andelle » de février à avril 1914 où il débarque à Rouen.

Mobilisé le 5 mai 1915, à Cherbourg, il est affecté au 1er dépôt jusqu’au 22 mars 1916, avec une petite période en décembre aux chalutiers de la Manche. Il est ensuite affecté à Toulon, sur le Tourville, du 22 mars au 19 août. Un « Transport-hôpital » du type « Annamite ».

Il séjourne au 5ème dépôt des équipages de la flotte du 19 août 1916 au 5 janvier 1917, date à laquelle il est réformé n°1 pour tuberculose pulmonaire. Rapatrié à son domicile, au Heder Vihan, il y décède le 21 février 1917. La mention « Mort pour la France » n’apparaît pas sur son acte de décès.

Petit à petit, des mesures d’hygiène sont prises au cours de la guerre pour protéger les soldats qui, 24 heures sur 24, croupissent dans les tranchées, qualifiées de « boyaux de la mort ». En effet, ces endroits confinés, sales et humides sont des lieux propices à attraper des maladies, à être contaminé ou à contaminer, tant la promiscuité y règne. Pour lutter contre la tuberculose, des médecins créent des sanatoriums pour séparer et isoler les malades des tranchées et de la population civile. Ils sont soignés par des moyens naturels : repos, suralimentation, héliothérapie (lumière solaire).

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Le Roux Jean François

Disparu lors de la perte du cargo Vénézuéla, torpillé par un sous marin.

Jean François Le Roux est né le 11 juin 1891, à Henvic. Il est le fils de Claude Le Roux, marin pêcheur, et de Marguerite Le Dluz, cultivatrice, tous deux nés à Henvic.

En 1891, la famille demeure à Ty Croas Huella, puis à Kerantreiz, en 1896, au Pont du Vieux Moulin, en 1901, et au Menec Izella en 1906. En 1911, il est domicilié à Keracoual. Il a un frère, Louis.

Inscrit maritime à Morlaix le 2 septembre 1905, il débute comme mousse à la petite pêche, sur le sloop « Marie Françoise », de septembre 1905 à juillet 1907, au bornage au Havre, comme novice sur la « Providence », puis sur « l’Amiral Courbet », en 1907 et 1908. Il poursuit sur « l’Esperanza », un vapeur qui l’emmène de Fécamp à La Rochelle en mars 1909. De juin 1909 à mars 1910, il est chauffeur soutier sur le « Ville de Bayonne », à La Rochelle.

Sa carrière se poursuit jusqu’en mai 1911, comme soutier et chauffeur sur plusieurs navires de cabotage, le « Touraine », Le « Havre », le « Provence », le « Saint-Simon ».

Appelé au service militaire le 14 août 1911, il est matelot de 3ème classe, au 2ème dépôt, puis il est affecté sur le « Calédonien ». Il est mis en position de dispense en août 1912.

Revenu à la vie civile, il connaît plusieurs embarquements successifs au cabotage et au long cours, d’août 1912 jusqu’à la mobilisation en août 1914. Il navigue sur le yacht « Salvador », le « Trouville », le vapeur « Bacchus », le « Lorraine », le « St Michel », le « Ste Adresse ».

Le 17 août 1914, il est mobilisé à Cherbourg. Il est affecté au 1er dépôt du 17 au 29 août, puis au front de mer jusqu’au 15 mars 1916. Il passe deux mois aux chalutiers de la Manche, puis trois mois à la défense fixe. Il se trouve à la marine de Dunkerque de septembre 1916 à juillet 1917, puis aux torpilleurs de Dunkerque, jusqu’en janvier 1918.

Le 18 janvier 1918, il embarque au cabotage au Havre, comme graisseur, sur le cargo mixte le « Venezuela ». Ce navire est torpillé le 13 mars 1918, par le sous-marin allemand UB 59 à proximité de l’île de Wight, près de Falmouth lors d’une traversée Swansea-Rouen.

Jean François Le Roux est présumé disparu en mer, à 26 ans, lors de la perte corps et biens du Venezuela le 13 mars 1918. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 19 mars 1919, « Mort pour la France ».

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Le Roux Jean Marie

Tué à Douaumont, près de Verdun

Jean Marie Le Roux est né le 8 février 1890, à Henvic. Son père, Hervé Le Roux, cultivateur à Keryenevet, est né à St Pol de Léon, ainsi que sa mère, Julie Gilet. Il a un frère qui a un an de plus que lui.

Le 7 octobre 1911, il est appelé au service militaire, et est incorporé au 132ème RI. Soldat de 2ème classe, maintenu sous les drapeaux jusqu’au 8 novembre 1911, il reçoit son certificat de bonne conduite, et passe dans la réserve active.

Rappelé le 1er août 1914, à la mobilisation générale, il arrive au corps le 3 août au 19ème RI de Brest. Jean Marie Le Roux suivra le même parcours que deux autres henvicois, Vincent Combot, tué le 8 septembre 1914, et Jacques Laurent, tué le 17 décembre 1914. Il leur survivra quinze mois.

La 44ème brigade, constituée comme on l’a vu, du 19ème de Brest et du 118ème de Quimper, restera jusqu’en août 1915 sur ce secteur Sud d’Ovillers-La Boisselle. Sous des bombardements d’artillerie journaliers, il creuse des galeries de mines, et des tentatives d’avancées ont lieu de part et d’autres, avec des pertes incessantes dues aux éclats d’obus, aux ensevelissements, aux tirs sur les guetteurs, sans compter les patrouilles…

Le 18 août 1915, un embarquement se fait à Crèvecoeur pour Vitry-le François et le 19ème RI se retrouve en 1ère ligne, dès le 25, vers Tahure et Les Hurlus. La lutte est la même dans d’autres tranchées. Vers le 25 septembre, une attaque française vers la butte de Tahure conduit à des combats meurtriers pour la possession de quelques lignes. Le 13 octobre, le 319ème ne dispose plus que de 400 fusils, et le 25, par suite du nombre insuffisant de cadres, trois bataillons de la 44ème brigade sont mis en réserve à Perthes, où ils demeurent jusqu’au 26 février 1916. Le 19ème va cantonner vers Coupeville, au sud est de Chalons sur Marne. A partir du 24 mars, la 22ème DI est constituée en division isolée, à disposition de la 2ème Armée, et est transférée vers fin mars sur Verdun. Remise en 1ère ligne vers Douaumont et Louvemont dès le 30 mars, elle est soumise à des bombardements extrêmement violents le 2 et le 3 avril 1916.

C’est là que Jean Marie Le Roux est tué par l’explosion d’un obus, le 3 avril 1916, à l’âge de 26 ans, à Douaumont, précisément à « Louvemont Côte du Poivre », devant Verdun, dans la Meuse. «Tué à l’ennemi ». La transcription de l’acte de décès a lieu le 25 mai 1916 à Henvic, portant la mention « Mort pour la France ».

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Le Saout François

Décédé à Lyon des suites de pneumonie

François Marie Le Saoût, (un homonyme du suivant), est né le 28 janvier 1876, à Henvic. Il est le fils de Pierre Le Saoût, né à Henvic, marin demeurant à Kervor, et de Françoise Prigent, ménagère, née également à Henvic.

Inscrit maritime le 13 mai 1889 à Morlaix, il navigue à la petite pêche et au bornage du jusqu’au 28 mars 1894, sur la « Constance », au port de Morlaix. Mousse au départ, puis novice, il devient inscrit définitif, suite sur sa demande, et reste sur la « Constance », jusqu’en avril 1895.

Incorporé aux équipages de la flotte, comme engagé volontaire pour 5 ans, il est matelot chauffeur de 3ème classe, puis de 2ème et 1ère classe, en avril 1900. Il est promu quartier-maître chauffeur de 2ème classe, le 1er avril 1908. Rayé des contrôles de l’activité, et admis à la retraite perpétuelle, il se retire à Henvic le 1er janvier 1914, après 20 ans au service de l’état.

Il aura navigué à Toulon, sur le « Richelieu » et le « Trident », à Lorient, sur le « Cyclope » et le « Dupuy de Lôme », à Cherbourg, puis à Brest, sur le « Turco », « l’Archer », et « l’Alarme ». L’été 1903 il est sur la « Jeanne d’Arc », le « Dévastation », et le « Neptune ». De retour à Toulon, il est embarqué sur le « Jauréguiberry », le « Condé », puis le « Montcalm ». De nouveau à Cherbourg, il embarque sur le « Durandal » et le « Glaive ».

Mis à la disposition de l’autorité militaire pendant la durée de la guerre, il est affecté au 6ème Régiment Colonial à Lyon, le 9 décembre 1914, en tant que caporal. Le régiment est à cette date engagé au front en Belgique près d’Ypres à Reningelst, et enregistre des pertes journalières dues aux bombardements de l’artillerie allemande. Le 20 décembre, cantonné à Hollebeke, il reçoit le renfort de 2 officiers et 219 hommes. Le 21, la chute d’un obus allemand sur un abri tue plusieurs hommes. Le 24 décembre, »les allemands ont tiré sur les tranchées occupées par le 3ème bataillon des projectiles lancés par des minenwerfer* nous occasionnant des pertes sensibles ». Un officier est évacué, 2 hommes sont tués, et 12 sont blessés. Relevé le 28, le 6e RIC est à Cassel, et le 31, il est déplacé par train à Ste-Ménéhould dans la Marne.

Le 7 janvier 1915, François Marie Le Saoût décède des suites de pneumonie à l’hôpital Deschenettes, à Lyon, à l’âge de 38 ans. L’acte de décès est transmis à Henvic le 7 janvier 1915. Transcription a lieu le 22 novembre 1919. « Mort pour la France ».

La fiche de « Mémoire des hommes » attribue le décès à la maladie (pneumonie). S’agit-il des suites d’explosions d’obus de mortier du 24 décembre?

* Les Minenwerfer étaient les mortiers allemands, dont l’usage n’était pas encore répandu. Les effets signalés sont peut-être imputables à l’explosif que contenaient les projectiles, du nitrate d’ammonium et du carbone. « Les hommes ayant subi un bombardement de ces projectiles deviennent momentanément sourds, et crachent le sang. L’effet démoralisant produit est considérable ».

On peut s’interroger sur le fait qu’après avoir été marin d’état pendant 20 ans, François Marie Le Saoût se soit retrouvé dans un régiment d’infanterie coloniale. Sans doute que ces régiments, appelés à se déplacer vers les colonies, avaient besoin de personnels habitués à la mer et aux navires?

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Le Saout François Marie

Disparu à Ficheux

François Marie Le Saoût, qui n’a à priori aucun lien de parenté avec son homonyme vu précédemment, est né à Taulé le 9 juillet 1892. Il est le fils de Jean Louis Le Saoût, cultivateur né à Henvic, et demeurant à Lesnoa Greiz, et de Marie Ravalec, née à Carantec. Il est domicilié en dernier lieu à Henvic, à Kerellec Vihan.

Appelé sous les drapeaux, il est incorporé au 48ème RI de Guingamp le 10 octobre 1913, comme soldat de 2ème classe.

Le départ de Guingamp pour le front se fait le 5 août, par train, à destination de Vouziers, au Sud de Sedan. L’effectif du régiment est de 53 officiers et 3326 hommes, 181 chevaux, 35 voitures à 2 roues et 19 voitures à 4 roues.

Cantonnés vers la colline du château de Montdieu, les soldats assistent le 12 août au passage d’avions français et allemands. Le 15, sous une pluie très violente, le régiment se met en marche vers le Nord et intègre la colonne se rendant en Belgique. La frontière est franchie à Regniowez. Le 19, il passe à Philippeville, atteint Florennes à hauteur de Dinant, et tente de s’opposer à l’avance allemande à Ham sur Sambre, entre Namur et Charleroi. L’artillerie française est insuffisante et les troupes manquent de munitions. Les pertes le 22 août, sont de 17 officiers (dont le colonel) et de 605 hommes. Le régiment revient en France par Forge Philippe et une autre tentative à hauteur de Vervins aboutit au même constat d’impuissance. Perte de 18 officiers et de 474 hommes. La retraite se poursuit en direction de Reims, puis d’Epernay, jusqu’au 4 septembre. Le 5, l’ordre est donné de reprendre l’offensive depuis le sud de Sézanne. Le régiment remonte vers le nord-est dans la forêt de Gault et vers Montmirail, le 10, il se trouve à Congy, le 12, à Chamery au sud de Reims, le 14, à Prunay à l’est de Reims « où pleuvent les obus allemands ». Une fois de plus, on constate la supériorité de l’artillerie lourde allemande, empêchant toute avancée, et hors de portée des canons français. « Comme on ne veut pas reculer, on s’enterre pour se protéger ». Les pertes sont de 170 hommes (dont le commandant). Relevé de cette position, le 18, il est au Nord de Reims à St Thierry, le 25, à Fismes, le 27 à Villers-Cotterets, le 28 à Le Meux (sud de Compiègne). Il se rend par train à Marcelcave, à l’est d’Amiens, et remonte vers le nord-est, en direction d’Arras, par Hédauville et Foncquevillers, et retrouve la zone de front vers Ayette le 1er octobre. Le schéma habituel se reproduit, avec des duels d’artillerie, où les allemands dominent, des tentatives pour s’accrocher au terrain, puis un repli avec de nombreuses pertes, 565 hommes, sur Ficheux et Agny, au sud d’Arras. La moitié de l’effectif de départ a été perdue en 2 mois.

C’est au cours de ces épouvantables combats que François Marie Le Saoût est tué à 22 ans, le 5 octobre 1914, porté disparu, à Ficheux. L’acte de décès est transmis à Henvic le 22 juin 1920. « Mort pour la France ». Un secours de 150 Francs est accordé le 7 décembre 1916 à son frère.

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Marzin Jean

Tué dans une tranchée de 1ère ligne à Belloy-en-Santerre

Jean Marzin est né à Henvic, le 29 juillet 1878. Son père, Jean Marie Marzin, né à Henvic, est marin à Kervor. Sa mère, Marie Perrine Jacq, ménagère, est également née à Henvic. Le 19 octobre 1902, il épouse à Henvic, Françoise Claudine Prigent. Ils demeurent à Kerjestin.

Trois enfants naîtront, François Marie, en 1903, qui épousera Jeanne Françoise Bohic en 1929, Claudine Yvonne, en 1908, qui épousera François Alfred Castel, et François, en 1911, qui épousera Alice Marie Guivarch.

Inscrit maritime le 26 décembre 1892, à Morlaix, il embarque à 14 ans, au bornage, comme mousse, puis comme novice, jusqu’au 31 octobre 1896, sur le sloop Jeanne Yvonne. Inscrit définitif, il devient patron de gabarre à partir de 1903, et continue à naviguer sur le même bateau jusqu’à son incorporation.

Au début de la guerre, il a alors 36 ans, il est mobilisé pour la récolte, du 6 au 26 août 1914, puis reprend son travail sur la Jeanne-Yvonne jusqu’en février 1915.

Mis à la disposition de l’autorité militaire pendant la durée de la guerre, par dépêche ministérielle, du 28 décembre 1914, il est incorporé au 3ème RIC à Rochefort, le 8 février 1915, comme soldat de 2ème classe. A cette date, le 3ème RIC est cantonné à Maffrécourt, au nord de Ste-Ménéhould, et participe au creusement de tranchées vers Vienne-la-Ville, Ville-sur-Tourbe, et Massiges. Il est soumis aux bombardements et aux incursions de l’ennemi. Les affrontements sont particulièrement violents et meurtriers, pour s’approprier quelques lignes de tranchée de la Main de Massiges vers le 25 septembre.

Passé au 53ème RIC le 29 décembre 1915, il fait partie d’un renfort de 142 hommes, 5 sergents et 9 caporaux qui rejoignent le régiment au nord d’Abbeville pour 15 jours d’exercices et de manoeuvres de division et de corps d’armée. Le 17 janvier 1916, le régiment quitte par train Abbeville, pour Poix, au sud d’Amiens, puis le 20, rejoint à pied Gournay sur Aronde, au nord de Compiègne, pour une période d’instruction, jusqu’au 17 février. Le 18, il va cantonner à l’est de Montdidier, vers Faverolles, Etelfay. Il y restera jusqu’en septembre, les trois bataillons alternent par roulement les périodes d’instruction et les travaux de défense. Les échanges d’artillerie sont quasi quotidiens, avec leur lot de victimes. Des accrochages d’éclaireurs des 2 camps sont assez fréquents, et toujours meurtriers. En juin un avion français abat deux « saucisses » allemandes. Le 12 juillet, un raid fait une soixantaine de tués ou blessés. Un bataillon de tirailleurs sénégalais (environ 1000 hommes), intègre le 53ème, et cantonne à Orvillers. Après un déplacement d’une dizaine de kilomètres vers le sud, la 2ème quinzaine d’août, le régiment marche vers le nord, le 2 septembre, et se rapproche d’Amiens (Mézières en Santerre). Le 2 octobre, il est transporté par auto au camp de Marly, au nord de Chuignolles, à l’est de Péronne. A partir du 8 octobre, il est noté dans le journal de marche, que « les unités de ligne travaillent à la réfection des boyaux et tranchées, constamment bouleversées par les bombardements, et, dans la mesure du possible, nettoient le champ de bataille, on enterre les cadavres ». Du 10 au 14 octobre, une attaque française aboutit à une avancée de la ligne de front de 300 mètres sur un kilomètre de large, au prix de nombreuses victimes chez les deux adversaires. « Le terrain en avant de nos lignes est complètement bouleversé et couvert de cadavres et de matériel abandonné. »

Jean Marzin, soldat de 2ème classe de la 11ème compagnie est tué par balle à 38 ans, le 11 octobre 1916 dans une tranchée de première ligne, à Belloy-en-Santerre, à 53 km à l’est d’Amiens, dans la Somme, comme son adjudant-chef et 5 de ses compagnons. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 23 décembre 1916, portant la mention « Mort pour la France », « Tué à l’ennemi».

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Messager Etienne

Tué dans la Forêt d’Argonne

Etienne Marie Messager est né à Henvic le 31 mars 1886. son père, Pierre Messager, né à Henvic, est cultivateur à Kerrouant Uhellañ, et sa mère, Marie Louise Denise Nenez, née à Plouénan, est ménagère. Il est le septième de 10 enfants, et un de ses frères, Rolland, sera tué en septembre 1918. (Voir ci-dessous).

Comme beaucoup d’autres marins, il est soldat dans l’Infanterie Coloniale. Inscrit maritime en 1904, à Morlaix, il embarque à 18 ans à la petite pêche.

Le 9 avril 1906, il est incorporé à Brest aux équipages de la flotte comme matelot de 3ème classe. Le 1er juillet 1908, il devient fusilier auxiliaire de 2ème classe, puis de 1ère classe en 1909. Après trois mois à Brest au 2ème dépôt, puis cinq mois à Lorient comme stationnaire annexe, il embarque le 12 décembre 1906, sur le « Jean Bart » à Rochefort, puis sur le « Gloire », à Lorient, et sur le « Catinat », un croiseur protégé, à Cherbourg.

Il séjourne au 2ème dépôt de Brest d’août à décembre 1909. Il est rayé de l’inscription maritime le 4 décembre 1909, lorsqu’il s’engage pour 5 ans à terme fixe, dans l’armée de terre, au 2ème RIC à Brest, comme soldat de 2ème classe. Passé au 9ème RIC le 1er mars 1911, il part au Tonkin le 17, et passe 1ère classe le 12 juillet. Il y reste jusqu’en juin 1914, date à laquelle il rentre en France.

Passé au 6ème RIC le 24 juin 1914, il se trouve à Lyon à la déclaration de guerre. Les 8 et 9 août, le régiment est transféré à Epinal. 53 officiers, 3332 hommes, 159 chevaux et 45 mulets. Le 10 août, il se met en marche vers Rambervillers, puis Raon-l’Etape et Pexonne. Le 15 août, il traverse Badonvillers en ruines, brûlé par les troupes allemandes. Des vieillards et des femmes ont été fusillés. Marchant au devant de l’ennemi, le premier contact a lieu au sud de Walscheid. Dès le 1er jour, le colonel est tué et les pertes sont d’environ 500 hommes. L’armée allemande est stoppée momentanément, mais quand son artillerie entre en action, le repli s’impose. Il s’effectue pas à pas, les diverses unités se couvrant par l’arrière. De Saint-Quirin, il recule vers Baccarat puis Rambervillers et Bru. Le col de la Chipotte est vaillamment défendu au prix de lourdes pertes, les réservistes, tout juste arrivés, sont engagés devant un ennemi en surnombre, dont l’artillerie se déchaîne sur les points de résistance. Le 3 septembre, sur l’effectif de 71 officiers engagés depuis le départ de Lyon, il n’en reste 15, dont pas un seul de l’effectif de départ. Sur 4740 hommes, il en reste 1905.

L’armée allemande marque le pas et chacun renforce ses positions. Le 25 septembre, le régiment marche environ 50 km entre 2 heures 20 le matin et 16 heures 30 vers Thaon-les-Vosges où 2 bataillons prennent le train pour Toul le lendemain. Le 27, après une marche de 5 heures, ils participent à une attaque sur Loupmont au nord de Commercy, qui échoue. Le 3ème bataillon rejoint les 2 premiers le 1er octobre. Trois tentatives pour reprendre Loupmont sont autant d’échecs au mois d’octobre.

Le 11 novembre, le 1er et le 3ème bataillon quittent par train Pagny, au sud de Toul, et arrivent à Bailleul le 13. Ils passent aussitôt en Belgique à l’ouest d’Ypres. Ils y restent jusqu’au 24 décembre, assurant les relèves des tranchées en 1ère ligne à Lampernisse, Hollebeke…

Le 29 décembre, le régiment est transporté en auto à Cassel et le train l’emmène à Ste-Ménéhould le 31. Deux mois s’écoulent entre raids et bombardements.

Le 9 mars 1915 une attaque du 6ème sur les tranchées allemandes du « Fer à Cheval » en forêt d’Argonne dans la zone dite des Trois Ravins se solde par un échec et les pertes sont de 13 sous-officiers et 145 hommes.

C’est au cours de cette attaque du 9 mars, qu’Etienne Messager est tué, à Lachalade, à 28 ans.

A gauche, Etienne Messager, et à droite, son frère Rolland, voir ci-dessous 

« Mort au champ d’honneur » durant le combat qui eut lieu à Trois Ravins à mi-chemin de Reims et Verdun, dans la Marne. (aux Ravins de Courtes Chausses, dans le bois à l’est de Chalade) Son acte de décès est transmis à Henvic le 3 août 1915. Nous n’avons pas trouvé de lieu de sépulture.

Les jours qui suivent, malgré les combats qui continuent, des médailles et décorations sont distribuées. Mais un sort terrible attend ceux qui ne peuvent plus obéir, tétanisés par la peur, rendus fous et incapables de réagir dans des conditions aussi inhumaines. Le journal du régiment mentionne que « Le soldat Félix Bertouille est condamné à la peine de mort pour abandon de poste en présence de l’ennemi, et passé par les armes ». Des sergents et caporaux sont quant à eux dégradés et remis soldats de 2ème classe pour « insuffisance grave dans le commandement devant l’ennemi ».

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Messager Rolland

Décédé à l’hôpital des Mécaniciens de Brest « de grippe infectieuse ».

Rolland Marie messager est né le 3 avril 1879 à Henvic. Il est le troisième enfant de sa famille, un des cadets de Etienne Messager, cité juste précédemment, qui est tué en mars 1915. Nous avons vu que leurs parents, Pierre Messager, et Marie Louise Denise Nenez, étaient cultivateurs à Kerouant. Il épouse Marie Jeanne Rumeur à Henvic le 18 juin 1911.

Inscrit maritime le 18 septembre 1894 à Morlaix, il navigue comme mousse sur le sloop Françoise à la petite pêche de novembre 1894 à mars 1895. De juin à octobre 1895, il est sur le yacht « Lotus » à la plaisance au départ de Rouen. De novembre 1895 à avril 1896, il embarque sur le sloop « Jeanne » à Morlaix, il est à nouveau sur le yacht « Lotus », de Rouen, jusqu’en novembre 1896. Il commence alors le cabotage sur le vapeur « Pont-Audemer », au Havre, en fin d’année 1896, puis embarque sur le yacht « Némésis », de janvier 1897 à janvier 1899, toujours au Havre.

Il est appelé au service militaire le 11 avril 1899. Au 2ème dépôt à Brest jusqu’au 31 mai, il part ensuite à Toulon, où il embarque sur le « Jemmapes », puis sur le « Neptune », et la « Couronne », jusqu’au 1er mars 1900. Il est ensuite un an sur le « Jean-Bart », basé à Rochefort, puis va à Lorient en 1901, au 3ème dépôt, et sur le « Gueydon ». De retour à Toulon, il embarque sur le « Guichen », entre mars 1902 et mars 1903, puis est mis en congé après 47 mois de service à l’état. Il recevra la médaille de Chine 1900-1901.

De retour à la vie civile, il poursuit sa carrière de marin. De 1903 à 1905, il est matelot sur les yachts « Ariane », puis « Ste Marthe », entre Trouville et Rouen. En 1906, il est cuisinier à bord du « Edmond-Gustave », un vapeur qui l’amène à Marseille. En tant que cuisinier, il navigue sur une dizaine de navires qui l’amèneront à La Ciotat, à Saïgon par trois fois, de 1907 à1909.

Toujours cuisinier sur le « Natal », le « Armand Belné », de Marseille, à Diego-Suarez en août 1913, à Port-Saïd en novembre 1914, il est signalé malade en mai 1915. Jusqu’à juillet 1916, il repart à bord du « Edouard Gérane », de Brest à New York, d’octobre 1916 à décembre 1917. Il est à nouveau malade.

Il est alors réformé n°2 au 2ème dépôt de Brest, le 23 mai 1918, pour bronchite chronique avec dépérissement. Il décède le 21 septembre 1918, à 39 ans, à l’hôpital des Mécaniciens de Brest « de grippe infectieuse ».

La transcription de son acte de décès est faite à Henvic 3 novembre 1918. La mention « Mort pour la France » lui est refusée, mais son nom est tout de même gravé sur le monument de Henvic. Nous n’avons pas pu trouver le motif de ce refus, sinon parce qu’il n’était plus militaire?

C’est à cette époque que la grippe espagnole fait des ravages dans la région brestoise. « …Environ 120 américains par jour meurent dans le camp de Pontanezen. La population, qui ne comprend pas qu’une grippe puisse être si dévastatrice, pense qu’on lui cache la vérité, et parle d’une épidémie de choléra, ou pire… de la peste… »

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Nicolas Louis

Tué lors de son premier combat

Louis Jean Marie Nicolas est né à Henvic le 17 septembre 1891. Son père Jean Marie Nicolas, né à Taulé, est commerçant au Bourg, ainsi que sa mère, Marie Félicie Calvez, née à Plouvorn. Auparavant, elle était couturière.

Aux recensements de 1896, 1901, et 1906, il demeure chez ses parents à Henvic. Il est le 3ème des 4 enfants. En 1911, il habite à Meaux.

Admis « bon pour le service armé » le 8 octobre 1912 à Quimper, il déclare renoncer au sursis, et est incorporé au 118ème RI à Quimper, comme soldat de 2ème classe. Il a presque terminé son service quand la guerre intervient. Dès le 7 août, 55 officiers, 3320 hommes et 186 chevaux quittent Quimper par train, et débarquent à Autry et Challeranges, au sud des Ardennes, le 9 août. Des marches par Boult-au-Bois, St-Pierremont, La Berlière, Bulson, les mènent à Francheval, à l’est de Sedan, le 16 août. Ils organisent des lignes de défense vers Givonne du 17 au 20. Le soir du 20 août, l’ordre d’offensive parvient du G.Q.G. de Joffre: « L’ennemi sera attaqué partout où on le rencontrera… »

Le 21 août ils se mettent en marche vers la Belgique par Dohan et Auby. Le 22, à 4h45, le départ est donné. Le 19ème de Brest est en avant-garde, le 118ème en tête du gros de la colonne. Le premier contact avec l’armée allemande entraîne des pertes considérables pour le 118ème qui, tout comme le 19ème, est cloué au sol par le bombardement de l’ennemi solidement établi au nord de Maissin. L’infanterie allemande ne tente pas d’avancer mais brise toute tentative d’avancée des français par des tirs de canons, mitrailleuses et fusils. Le groupe d’artillerie français, du moins ce qu’il en reste, se replie vers 18h, l’infanterie se retire sur Paliseul vers 23 heures. Les débris de bataillons quittent Maissin vers minuit. Maissin est investi vers 1h par l’armée allemande. Ils sont contraints d’abandonner à l’ennemi les morts et les blessés intransportables. Des centaines de blessés reçoivent les premiers soins dans les villages de Transinne, Redu et Our, où ils seront faits prisonniers par l’armée allemande. Les historiens considèrent cette bataille de rencontre comme l’un des plus meurtriers affrontements, avec Rossignol et Ethe, le samedi 22 août 1914, dans la province belge. Du côté français, 4500 hommes sont blessés ou tués, et des pertes équivalentes sont relevées du côté allemand.

Ce fût le premier et dernier jour de combat de Louis Nicolas, tout comme pour Joseph Dilasser, que nous avons vu précédemment (p 30). Il meurt à 23 ans, « disparu au combat », le 22 août 1914, dès le premier mois de la guerre, à Maissin, en Belgique. L’acte de décès du 5 avril 1921, est transcrit le 5 avril à la mairie de Henvic, portant la mention « Mort pour la France « , suite au jugement du tribunal de Morlaix du 9 mars.

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Pailler Claude

Le père de l’évêque André Pailler

Sur les quatre Pailler qui ont leur nom inscrit au Monument aux Morts trois sont des cousins, et deux d’entre eux sont des frères, Claude et François Marie.

Claude Pailler est né à Henvic le 30 novembre 1880. Son père, Jean Pailler, né à Henvic, est maçon à Chapellendy. Sa mère Anne Bohic, ménagère est également née à Henvic. Claude est le 3ème d’une famille de sept enfants. Le père étant décédé en 1890, la famille demeure chez le père d’Anne Bohic à Kervor. Claude Pailler épouse Angélique Rolland, à Henvic le 9 août 1908. Domiciliés à Kerilis, ils élèvent un neveu, Georges. Ils auront 3 enfants, Simone Marie Anne, décédée à 3 mois, Jean Claude, qui épousera Nathalie Marguerite Hélène Marie Salou, et André Louis Marie.

Claude Pailler devient inscrit maritime le 2 mai 1895 à Morlaix. Mousse, puis novice et enfin matelot il navigue au bornage, sur le sloop « Marie Joséphine » jusqu’en 1900.

Appelé au service militaire le 6 décembre 1900, il restera dans la marine jusqu’à son décès en 1917. Matelot de 1ère classe en 1903, il devient Quartier Maître en 1907 et Second Maître en 1913.

A Brest, au 2ème dépôt, en 1901, il navigue sur le cuirassé « Amiral Trehouart ». A Toulon, de 1901 à 1906, il embarque sur le « Valmy », la « Couronne », le « Gaulois », le « Charles Martel », le « Bouvet ». De retour à Brest, de 1906 à 1908, il est sur le « Montcalm », puis le « D’Entrecasteaux ». De retour à Toulon, de 1909 à 1912, il navigue sur le « Descartes », la « Vérité », puis sur le « Gueydon » et le « Condorcet » du 6 octobre 1913 au 30 mars 1917.

D’octobre à décembre 1913, le « Condorcet », un cuirassé de type « Danton », effectue une croisière dans le Levant, Egypte, Syrie, Grèce. En mai 1914 il effectue de grandes manœuvres vers la Corse, l’Algérie, la Tunisie. D’août 1914 à 1917, il demeure en Adriatique. Il détruit le croiseur autrichien « Zenta », puis va à Bizerte, à Malte, à Corfou. En décembre 1916 il envoie sa compagnie de débarquement à Athènes, puis fait escale à Corfou et à Moudros.

Entré à l’hôpital militaire d’Achilleion à Corfou, le 27 mars 1917, le second maître canonnier Claude Pailler meurt trois jours plus tard, à 36 ans, des suites d’une pneumonie infectieuse.

Il est déclaré « Mort pour la France » par décret du 2 mars 1934. L’acte de décès est transmis à Henvic le 14 avril 1917.

Claude Pailler était le père de l’évêque André Pailler, qui sera archevêque de Rouen de 1968 à 1981.

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Pailler Claude Marie

Une carrière de marin

Claude Marie Pailler est né le 28 mars 1880, au Veneg Uhellañ. Il est le 3ème d’une famille de cinq enfants. Son père, Jacques Pailler, maçon, et sa mère, Marie Guillemette Bohic, ménagère, sont tous deux natifs de Henvic. En 1905, il épouse Jeanne Yvonne Jacq, et ils auront 4 enfants, Anne, qui épousera Pierre Marie Jaffrès, François, qui épousera Anne Marie Scouarnec, Marie Hervelline, qui épousera René Le Duc, et Françoise, qui décède à l’âge de trois mois.

Inscrit maritime le 4 mai 1896 à Morlaix, il commence la navigation au bornage, comme novice sur la « Marie-Joséphine », de mai 1896 à janvier 1898, puis comme matelot, sur le sloop « Jeanne-Yvonne », de janvier à mars 1900.

Appelé au service militaire, il est affecté au 2ème dépôt à Brest, le 1er octobre 1900. Il part ensuite à Lorient, sur le cuirassé « Hoche », puis à Toulon, où il est placé en position de dispense après un an de service.

Embarqué au long cours comme soutier au Havre sur « l’Aquitaine », puis le « Touraine », en 1903 et 1904, puis au cabotage comme soutier, vers Trouville, Le Havre et Caen, en 1904 et en 1910, sur « St-André », « St-Rémy », « Niobé ». On le retrouve ensuite sur le « Daphné », avec Caen comme port d’attache, à partir de 1911, jusqu’au 6 juillet 1914. Le 27 août, à Brest, il est ajourné et rejoint à nouveau Caen sur le « Daphné ».

Mobilisé au 2ème dépôt à Brest du 15 janvier au 4 avril 1915, il est affecté au 2ème Régiment de Fusiliers Marins de Cherbourg. Le front est alors stabilisé dans le secteur de Nieuport.

Le 13 août 1915, il est à nouveau à Brest au 2ème dépôt, et le 23 septembre, il est déclaré réformé n° 2 pour infirmités ne pouvant être attribuées au service militaire. Le 25 septembre, il est mis en situation de « Hors de Service ».

Claude Marie Pailler décède à 37 ans, à son domicile de Kergren le 17 juillet 1917. L’Etat Civil ne fait pas état de la mention « Mort pour la France ». Il est cependant inscrit au monument aux morts.

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Pailler François

Tué lors du naufrage de l’Etendard

François Marie Pailler est né à Kervor à Henvic le 17 février 1885. Nous avons vu précédemment, qu’il est un frère cadet de Claude Pailler. Il épouse Jeanne Françoise Le Noan. Le couple aura deux filles, Paulette Renée Anne Françoise, toujours vivante au moment où nous écrivons ces lignes, et Fernande, née 3 jours après la disparition de son père, et décédée le 15 mars 2007 à St Martin des Champs, à 89 ans.

Inscrit maritime le 10 octobre 1898 à Morlaix, il navigue comme mousse au bornage, d’octobre 1898 à juin 1901, sur la « Marie Joséphine », puis comme novice, de juin 1901 à mars 1903. Il est ensuite matelot au bornage, sur le sloop « Reine des Cieux », de mars 1903 à mars 1904.

François Marie Pailler

Appelé au service militaire le 2 mars 1905 à Brest, il est matelot de 3ème classe en 1905, de 2ème classe en 1906, et quartier-maître électricien de 2ème classe en 1909. (Il a renoncé au sursis à incorporation auquel il a droit, son frère Claude étant au service de l’état).

Après un passage au 2ème dépôt de Brest en mars 1905, il est affecté au « Charles Martel », à Toulon le 27 mars, puis au « Magenta », du 1er juillet 1905 au 20 février 1906. Ayant obtenu son brevet de torpilleur, il rejoint le 3ème dépôt de Lorient, et la flottille des torpilleurs de l’océan, De nouveau à Brest sur « Dévastation », jusqu’en décembre 1906, il repart pour Toulon rejoindre la flottille des torpilleurs de la Méditerranée, jusqu’à août 1908.

A Brest il embarque sur le « Magellan », de septembre 1908 à mars 1909, à Rochefort et Carquois puis sur le « Hache » jusqu’en mai 1910, où il est réadmis pour 3 ans. Après un passage à Cherbourg sur le « Chasseur », puis le « Fantassin », il est de retour à Brest en janvier 1913, et passe dans la réserve en mars 1913.

De retour à la vie civile, il embarque le 1er juin 1913, à Boulogne-sur-Mer, sur le vapeur « Emma », à la pêche au large, jusqu’au 31 mars 1914.

La guerre ayant éclaté, il est mobilisé le 27 août 1914, au 2ème dépôt à Brest et affecté au croiseur « Surcouf », de septembre 1914 à juin 1915, puis sur le contre-torpilleur « Etendard », du 2 juin 1915 au 25 avril 1917. Ce navire effectue au sein de la flottille de patrouille de la Mer du Nord, des patrouilles à partir de Brest, et remplit des missions en Afrique Equatoriale et Occidentale Française (Cameroun). C’est lors d’une de ces patrouilles dans les bancs de Flandre, alors qu’il tentait de s’opposer seul à un raid de torpilleurs allemands visant le port de Dunkerque, que le 25 avril 1917, « l’Etendard » est torpillé, puis coulé au canon, par des torpilleurs allemands entre Ostende et Dunkerque. Son épave est localisée par 51°06,3N et 002°29,2E, par huit mètres de fond. La soute à munitions ayant été touchée, le bâtiment explose, et une colonne de flammes monte jusqu’à 100m. Il est perdu corps et biens. Quelques corps sont retrouvés les jours suivants dont celui du commandant le 11 juillet.

Le Contre torpilleur « Etendard »

Le quartier maître électricien François Marie Pailler est porté disparu au cours de ce naufrage le 25 avril 1917, à 32 ans. L’acte de décès est transmis à Henvic, après jugement du tribunal de Rochefort, le 12 février 1918. Il porte la mention « Mort pour la France ». Il recevra la Médaille Militaire à titre posthume le 7 décembre 1919.

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Pailler Jean Marie

Une longue carrière de marin

Jean Marie Pailler est né le 24 février 1866 à Henvic. Il est le fils aîné de Louis Pailler, maçon, né en 1837 à Henvic, et de Marie Corréoc, fileuse puis ménagère, née en 1841 à Henvic, décédée à 56 ans à Henvic. En 1894, la famille est domiciliée à Henvic. Cette année là, le 3 juin, à 28 ans, il épouse Françoise Manach née en 1870.

Le couple aura trois enfants, Marie Joséphine Charlotte, née le 26 mars 1895, Jean François Yves Marie, né le 2 avril 1901, qui épousera Yvonne Jeanne Marie Pailler le 11 juin 1926 à Cherbourg. Ce couple aura 7 enfants. La dernière, Françoise Marie, née le 20 juin 1904, décède à 13 ans. elle n’a que 5 ans lorsque la maman décède en 1909.

De même que pour de nombreux jeunes henvicois, Jean Marie Pailler commence une longue carrière de marin, comme inscrit maritime provisoire, puis comme novice. Il navigue sur le sloop « Anna », à la pêche, de janvier à octobre 1885, puis au bornage, d’octobre 1885 à février 1886.

Il est « Inscrit Maritime définitif » lorsqu’il est incorporé au service militaire dans la marine, le 4 mars 1886. Mais son service est interrompu pendant un an, d’octobre 1988 à octobre 1889. Il est mis en sursis exceptionnel comme soutien de famille. Son père, probablement malade, décède en 1890, à 53 ans. A son retour, il navigue sur le navire hôpital la « Bretagne » à Brest, la frégate cuirassée la « Couronne », puis le cuirassé d’escadre « Dévastation », à Toulon, et ensuite sur le navire école « Borda », basé à Brest.

Il termine alors son service en mars 1892, comme matelot de 1ère classe.

Etant donné le nombre de marins henvicois, il arrive que quelques-uns se retrouvent su les mêmes navires. dont les noms sont souvent cités.

Le 27 mars 1892, il s’engage pour 3 ans dans la marine. Il navigue sur le croiseur « Aréthuse », basé à Brest, puis retourne sur la « Couronne » à Toulon. Promu quartier-maître de 2ème classe en 1892, puis de 1ère classe en 1893, il devient canonnier breveté de 1ère classe.

Il signe un nouvel engagement en mars 1895, et navigue à nouveau sur la « Couronne », et le cuirassé « Neptune », basé à Brest.

En mars 1898, il s’engage à nouveau, et navigue sur le garde-côtes cuirassé « Jemmapes », puis le « Dévastation », basé à Brest, la « Couronne », et le cuirassé « Magenta », basé à Toulon. De 1902 à 1906, il revient à Brest, sur le cuirassé « Masséna », de 1906 à 1908, puis sur le croiseur cuirassé « Kléber », basé à Cherbourg.

C’est là qu’il obtient la Médaille du Maroc. Il repart à Toulon de 1908 à 1911, où il est affecté au « Jauréguiberry », un cuirassé d’escadre.

Au mois de mars 1912, il a 46 ans lorsqu’il qu’il est congédié définitivement de la marine.

Mais deux ans plus tard, la guerre éclate, et Jean Marie Pailler est mobilisé au 2ème dépôt à Brest du 12 au 29 août 1914. Il est alors affecté au 1er régiment de marins. Il n’y restera qu’un mois. Probablement malade, âgé de 48 ans, il est ramené à Brest au 2ème dépôt, le 3 octobre. Il y demeure jusqu’au 19 juin 1915, date à laquelle il est renvoyé dans ses foyers.

Il décède à Henvic, la veille de l’armistice, le 10 novembre 1918, à l’âge de 52 ans. L’Etat Civil ne fait pas état de la mention « Mort pour la France ». Il est cependant inscrit au Monument aux Morts.

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Prigent Joseph

Le plus jeune des henvicois tués au cours de la guerre

Joseph Marie Prigent est né à Henvic le 27 mars 1900. Son père, Yves Prigent, cultivateur à Pennallan, est né à Henvic, et sa mère, Louise Cléach, ménagère, est née à Taulé. Célibataire, il est cultivateur avec son père en 1911.

Le 28 août 1918, il a donc 18 ans, il se présente à la mairie de Brest, volontaire pour un engagement de 3 ans. Il est recruté comme apprenti-marin au 2ème dépôt. Il décède dix jours plus tard, le 6 septembre 1918, à l’âge de 18 ans, à l’infirmerie de Quélern, à Roscanvel, des suites de grippe et de complications pulmonaires. L’acte mortuaire est adressé au maire de Henvic le 2 mai 1919. la mention « Mort pour la France » lui est refusée, mais son nom est inscrit au Monument aux Morts.

Comme Pierre Herri et Rolland Messager, ce jeune homme a-t-il succombé durant l’épidémie de grippe espagnole qui sévissait à cette période? C’est le plus jeune de ceux qui ont leur nom inscrit au monument aux morts.

Des descriptions de cette terrible maladie sont données par des témoins de l’époque. Cela débute par de la fièvre et des courbatures, et ressemble à une grippe « ordinaire ». Puis, très vite, des complications pulmonaires apparaissent sous forme d’une sorte de pneumonie. En quelques heures, le malade subit des souffrance atroces, avant de tomber dans le coma, et de mourir par asphyxie.

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Prigent Yves

La tuberculose

Yves Marie Prigent est né le 23 février 1893, à Henvic. C’est le frère de Joseph Prigent, que nous avons cité précédemment. Une famille de 11 enfants.

Inscrit maritime le 24 janvier 1911, à Morlaix, il navigue au bornage, à Morlaix, sur la « Marie-Pauline », de janvier 1911 à janvier 1913.

Recruté au service militaire, le 9 juin 1913, à Brest, il est classé « impropre au service à la mer, mais utilisable en service à terre, pour taille insuffisante. Il mesure 1m 52 ». Affecté au 2ème dépôt jusqu’au 1er août, il intègre l’école des mécaniciens de Brest. Il est affecté matelot sans spécialité au « Kleber », un croiseur cuirassé, le 30 juillet 1914. Le navire est alors en réserve à Landévennec.

De retour de Dakar, ce navire saute le 27 juin 1917, sur une mine larguée par le sous-marin allemand UC 61, et coule devant Molène, près des Pierres Noires, faisant 35 tués.

Yves Marie Prigent était-il à bord lors de ce naufrage? Le 20 octobre 1918, il entre à l’hôpital militaire de Marseille en provenance du service « d’Armement Militaire des Bâtiments de Commerce ». Il y décède un mois plus tard, très exactement, de tuberculose pulmonaire aiguë. L’acte de décès est transcrit à Henvic le 20 novembre 1918. Il porte a mention « Mort pour la France ».

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Rolland Yves

Un accident de l’aviation maritime

Yves Rolland est né le 19 novembre 1889 à Henvic. Il est le fils de Jean Marie Rolland, né à Henvic, menuisier charpentier, puis charron et forgeron au Héder, et de Marie Prigent, née à Henvic. En 1906, il est charpentier comme son père.

Inscrit maritime le 19 mars 1904 à Morlaix, il commence sa carrière comme Mousse sur le sloop « Reine des Cieux », au bornage, jusqu’en novembre 1905. C’est ensuite Le Havre sur le sloop « Neptune », au pilotage de juillet 1907 à juillet 1908, comme mousse, puis comme soutier, sur le caboteur « Thérèse et Marie », au départ de Rouen d’octobre 1908 à octobre 1909, quand il débarque au Havre.

Il effectue son service militaire à partir du 13 décembre 1909, au 2ème dépôt, jusqu’au 1er février 1910, où il rejoint le 3ème dépôt à Lorient. Il est affecté au bataillon d’apprentis fusiliers le 1er juillet 1910, jusqu’au 15 mai 1911, et obtient le brevet de fusilier. Sur « Dupuy de Lôme » jusqu’en septembre 1911, puis au 3ème dépôt, et sur le « St-Louis » en novembre 1912. Le 17 novembre 1912, il rejoint Toulon sur le « Justice », jusqu’au 13 décembre 1913, où il est placé en congé illimité.

Il est rappelé le 31 juillet 1914 au 2ème dépôt de Brest, jusqu’au 13 août 1914, où il rejoint le 1er Régiment de Fusiliers Marins à Cherbourg.

Nous avons vu précédemment les missions qu’a accompli ce régiment, après la défense de Paris, dans le nord de la France, durant les premiers mois de la guerre. A partir du 28 octobre, l’inondation du polder sur la rive gauche de l’Yser est entreprise par les belges, arrêtant la percée allemande. Dixmude ne sera abandonnée que le 10 novembre.

Yves Rolland est blessé lors des combats de Dixmude et recevra à ce titre la Croix de Guerre à Etoile d’Argent. C’est à cette période que cesse « la guerre de mouvement » lorsque la ligne de front se fige vers le 15 novembre, chacun se protégeant du mieux possible des bombardements et des incursions sporadiques de l’adversaire, et que débute la « guerre des tranchées ».

Le 25 mars 1915, remis de ses blessures, il est affecté aux torpilleurs de Brest jusqu’au 1er mai, puis du 20 mai 1915 au 14 mai 1916, au Front de Mer à Brest.

Yves Rolland

Le 14 mai 1916, il rejoint le centre d’aviation de Saint-Raphaël, dépendant de Toulon

Il décède accidentellement le 16 septembre 1916, à 26 ans, à St Raphaël, dans un accident d’aviation maritime. L’acte de décès est transcrit 17 avril 1919, avec la mention « Mort pour la France ». Il recevra la Médaille militaire à titre posthume le 18 mars 1922.

Le Centre d’Aviation Maritime de Saint-Raphaël-Fréjus est le premier Centre d’Aviation Maritime créé en France, par décret du 20 mars 1912. En juillet 1914 il devient le Centre Principal d’Aviation Maritime et il est chargé « des expériences, de l’entraînement, de l’instruction et des approvisionnements sur hydravions ».

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Roué Hervé

Victime de la tuberculose

Nous avons eu quelques difficultés à trouver qui était Hervé Roué. Il est né à Plouénan le 17 février 1891. Son père Hamon Roué, né à Plouénan, est d’abord cultivateur puis journalier avant d’être matelot, puis patron marin. Sa mère, Marie Le Roux, est cultivatrice, née à Henvic. Au recensement de 1896, il demeure à Keracoual. Sa mère est décédée, l’année précédente alors qu’il n’avait que 4 ans, et son père se remarie avec Marie Olive Le Gall, de Guiclan. En 1901, et en 1906, la famille, qui compte 5 enfants, demeure à Ty Croas, à Kerrouant.

Inscrit maritime le 28 juillet 1906, à Morlaix, il commence sa carrière de marin comme mousse au bornage, sur « Cécile », à Morlaix jusqu’au 23 avril 1907, puis il part au Havre, au pilotage, sur le sloop « Elorn ». Il navigue ensuite au cabotage au Havre et à Rouen avec les vapeurs « Hanour » et « Grande Vague », jusqu’en janvier 1908. Il est ensuite soutier sur « Michel », jusqu’en 1909, puis chauffeur sur « Pessac », toujours au Havre.

Admis sur sa demande dans la marine, le 13 avril 1909, il est affecté au 2ème dépôt jusqu’en juillet, puis sur « Calédonien », jusqu’en mars 1910. Après un passage au 1er dépôt à Cherbourg, au 5ème dépôt à Toulon, il est affecté sur « Sarbacane », basé à Rochefort de juin 1910 à mai 1912, puis sur « Epée », basé à Toulon de mai 1912 au 13 avril 1913, où il est placé en congé illimité.

Redevenu civil, il revient au cabotage comme matelot sur divers vapeurs : « Havrais », « St André », « St Paul », « Michel » jusqu’au 3 août 1914.

Mobilisé, il revient au service de l’état au 1er dépôt de Cherbourg du 4 août 1914 au 27 mars 1915. Il passe quartier-maître en octobre 1914. Du dépôt de Paris, il passe à Rochefort, jusqu’au 10 novembre 1916, puis est mis en subsistance du 7ème Génie à Avignon, jusqu’au 22 mai 1918.

De retour au 2ème dépôt à Brest, il est réformé le 22 avril 1918 pour tuberculose pulmonaire, et est renvoyé dans ses foyers le 22 août 1918. Il décède à Henvic le 8 avril 1919, à l’âge de 28 ans. Son acte de décès ne comporte aucune mention.

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Scouarnec François Marie

Tué lors de la bataille d’Ypres en Belgique

François Marie Scouarnec est né à Henvic le 5 avril 1892. Son père, Yves Scouarnec, cultivateur à Kerantreiz, et sa mère, Marie Louise Cléach, ménagère, sont tous deux nés à Carantec. Il est le deuxième de 5 enfants.

Inscrit maritime 14 septembre 1907 à Morlaix, il commence sa carrière de marin comme mousse au bornage jusqu’au 11 avril 1908 sur le sloop « Marie-Françoise », à la petite pêche, puis sur la « Louise » de mai à juin 1908, puis sur le « Fabert » de janvier à novembre 1909.

Promu matelot, il navigue au bornage à bord de la Marie du 4 novembre 1911 au 27 avril 1912, à Morlaix.

En 1911, il est recensé cultivateur chez son père à Kerantreiz Vras.

Le 14 avril 1913, il est appelé au service militaire. Levé au 2ème dépôt, jusqu’au 7 juin, il est affecté sur le Jean-Bart jusqu’au 14 avril 1914, lorsqu’il est placé en position de dispense. Pourquoi n’a t-il effectué qu’un an de service militaire? Cela n’a pas empêché sa mobilisation le 2 août 1914, au 2ème dépôt de Brest. Il y demeure jusqu’au 3 septembre, puis il est alors affecté à la défense fixe jusqu’au 7 mars 1916, et se retrouve au 2ème dépôt du 7 mars 1916, jusqu’au 2 avril 1917, quand il intègre le 13ème bataillon de Fusiliers Marins de Cherbourg.

Il participe à l’offensive des Flandres au sud de Dixmude (Poësele, Steenstratte, Merkem) d’août à octobre 1917.

Cette opération, menée conjointement par les britanniques, les belges et les français, sera appelée la 3ème bataille d’Ypres.

Le matelot de 3ème classe François Marie Scouarnec est tué en Belgique, au Pont de Steenstraat le 16 août 1917, à 25 ans. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Henvic le 28 septembre 1917. « Mort pour la France, tombé au champ d’honneur ». Il reçoit la Médaille Militaire et la Croix de Guerre, avec Etoile de Bronze, à titre posthume, le 1er mars 1922.

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Scouarnec Pierre

Inhumé à ND de Lorette

Pierre Scouarnec est né le 23 octobre 1889 à Henvic. Son père, Yves Scouarnec, cultivateur à Kerellec, est né à Carantec, et sa mère, Marguerite Prigent, ménagère, est née à Henvic. Il est le deuxième de 5 enfants.

Inscrit maritime le 23 avril 1904 à Morlaix, il débute la petite pêche sur la « Françoise », comme mousse, jusqu’au 20 janvier 1906, puis comme novice, jusqu’au 23 mai 1908. Il navigue ensuite au bornage sur le « Lutin », de juin à septembre 1909.

Appelé au service militaire le 8 novembre 1909, il est levé au 2ème dépôt jusqu’au 15 décembre 1909, où il embarque sur le « Montcalm », basé à Brest, jusqu’au 6 mai 1911.

Il reçoit un certificat d’origine de blessure de Défense fixe de Brest en 1912, pour « foulure du pied gauche en service commandé », lors de la Campagne de Guerre au Maroc, du 3 au 5 février 1910, sur le « Montcalm ». Il est alors affecté sur le « Kleber », basé à Cherbourg du 6 mai 1911 au 12 mars 1912. Débarqué à Toulon, il rejoint le 2ème dépôt à Brest le 8 avril, et est affecté à la Défense fixe de Brest du 1er août 1912 au 16 novembre 1913, où il est placé en congé illimité.

Le 31 juillet 1914, il est mobilisé au 2ème dépôt de Brest. Il y demeure jusqu’au 13 août, avant de rejoindre à Cherbourg, le 1er Régiment de Marins.

Nous avons vu précédemment le parcours de ce régiment dans le nord de la France, durant toute la guerre de mouvement, jusqu’à ce que les forces en présence s’enlisent dans une guerre de tranchées. Le 11 janvier 1915, la remise du drapeau au régiment est faite par le président de la république.

Fin janvier 1915, la brigade se trouve dans le secteur de Nieuport, et en février, le journal de marche note que « les jours et les semaines se passent en bombardements variés et en travaux gigantesques, pour nous mettre à l’abri de l’artillerie ennemie autrement puissante que la nôtre. L’action de l’infanterie se borne à des reconnaissances plus ou moins agressives, et à des coups de main qui n’ont pas grande utilité, certes, mais que j’autorise pour entretenir le tempérament combatif des troupes».

Le 9 mai, alors que la brigade se prépare pour une attaque à 22 heures, ce sont les allemands qui tentent d’avancer, après de violents bombardements qui tuent 63 marins et en blessent 178 autres. L’ordre d’attaque est maintenu et les marins atteignent l’objectif prévu, qu’ils abandonneront quatre jours plus tard. « Sous ma responsabilité, je fais évacuer les tués et les blessés, et abandonner nos malencontreuses conquêtes. Cette affaire nous a coûté 57 tués, 204 blessés et 22 disparus du 1er Régiment, qui perd aussi 6 officiers. Du moment que notre artillerie n’était pas capable de museler celle d’en face, il était bien certain que nous ne pourrions conserver les positions conquises ».

Le matelot de 3ème classe sans spécialité Pierre Scouarnec est tué à St-Georges en Belgique, à l’âge de 25 ans, le 11 mai 1915. « Mort pour la France, tombé au champ d’honneur ». Son acte de décès est adressé au maire de Henvic le 7 octobre 1915. Il est inhumé à Ablain St Nazaire, dans la nécropole nationale ND de Lorette, tombe individuelle, carré 39, 5ème rang, n°7736.

Tombe Pierre Scouarnec à la nécropole nationale ND de Lorette

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Stéphan Jean Marie

Tué dans la Marne

Jean Marie Stéphan est né le 8 septembre 1883 à Taulé. Il est le fils de Yves Stéphan, cultivateur à Lesnoa, et de Louise Bellec, tous deux nés à Henvic. En juin 1914, juste avant la déclaration de guerre, il épouse Marie Herri. Ils auront un fils, René, le 15 mai 1915, qui sera orphelin à trois mois, car son père sera tué à la guerre le 12 août de la même année. L’enfant lui même ne vivra que trois ans. Il est domicilié à Henvic au moment de son décès.

Inscrit maritime, il navigue sur le sloop « Marie Louise », comme novice à la petite pêche, de septembre 1899 à juin 1900, puis sur « St-Louis », de juin 1900 à juin 1901.

Le 1er octobre 1903, il est recruté au service militaire à Brest, mais il est réformé le 14, pour « hernie inguinale gauche » et passé « Hors de Service ».

Revenu à la vie civile, il navigue comme matelot à la petite pêche sur le « St-Louis », jusqu’en avril 1906, sur la « Françoise », jusqu’en octobre 1908, puis au bornage, sur le « Lutin », jusqu’au 15 septembre 1910. On note qu’il a été condamné à une amende de 25 Francs pour « coupe illicite de goëmon en 1910… »

Alors qu’il avait été réformé au service militaire, il est tout de même reconnu « bon pour le service armé » à Morlaix en décembre 1914, et mis à la disposition de l’autorité militaire pendant la durée de la guerre.

Incorporé au 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale, il part 10 juillet 1915. A cette date le 2ème RIC est rattaché à la 15ème Division d’Infanterie Coloniale, dépendant du 32ème Corps d’armée, dont le quartier général est à Neuville-au-Pont au Nord, de Ste Ménéhould, et défend la zone qui s’étend de Vienne-le-Château à Vienne-la-Ville. Le front à ce moment est qualifié de « relativement calme »: les pertes journalières de la division sont de 5 à 10 tués et de 5 à 30 blessés par les échanges d’artillerie et les raids divers d’éclaireurs de part et d’autre, ces journées sont qualifiées de « sans incident ». Une note parvient au QG l’informant d’une prochaine offensive française. L’artillerie procède donc à des tirs de réglage sur les premières lignes allemandes, entraînant bien évidemment la réplique de l’ennemi. Le 12 juillet, on se prépare à l’attaque. Des patrouilles d’éclaireurs apprécient les dispositifs de défense allemands, et on aménage les boyaux de liaison se rapprochant du front. Le 13, on apprend que l’attaque est prévue pour le lendemain et l’artillerie française pilonne les lignes allemandes. L’artillerie allemande réplique par des tirs d’obus à gaz asphyxiants. Le 14, une brigade formée du 2ème RIC, d’un bataillon du 1er RIC et d’un bataillon du 173ème RI est constitué pour une attaque dans la direction de Boiscarré et la route de Binarville.

Le résultat est désastreux, sans changement de position notoire, avec des pertes de 48 officiers et 2000 hommes pour la brigade, le 2ème RIC y contribuant pour 30 officiers et 1300 hommes.

Suit une période de calme relatif, du 16 au 30 juillet, bien que Vienne le Château soit canonnée le 28. On commence de part et d’autre la guerre des mines. Le 6 août, un pilonnage par l’artillerie allemande, et les minenwerfer sur la Houyette, fait 9 tués et 13 blessés. Le 7, à 3heures 45, l’explosion d’une mine allemande marque le début d’une offensive qui surprend les hommes récemment incorporés: 46 tués, 101 blessés, 24 disparus. La lutte pour la possession d’un couloir, d’un boyau est acharnée et se solde pour les journées du 11 et 12, à 216 tués, 1428 blessés, 524 disparus.

C’est ce 12 août 1915, que le soldat de 2ème classe Jean Marie Stéphan, âgé de 31 ans, est tué à La Fontaine Houyette, dans le Bois de la Gruerie, près de Vienne Le Château, dans la Marne, « Mort pour la France, tué à l’ennemi, disparu ». L’acte de décès est transcrit à la Mairie de Henvic le 21 mai 1921.

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Stéphan René

Dans l’Infanterie Coloniale

René Stéphan est un frère de Jean Marie Stéphan, que nous venons de citer. Il est né le 2 décembre 1888 à Henvic.

Inscrit maritime le 17 février 1906 à Morlaix, il commence comme novice à la petite pêche, sur le sloop « St-Louis », à Morlaix, de février à avril 1906, puis sur le sloop « Françoise », jusqu’en 1907. Il devient alors matelot sur ce bateau, où il continue la pêche jusqu’au 4 janvier 1908.

Appelé au Service militaire le 14 décembre 1908, à Brest, il est réformé le 27 décembre pour « abcès froid costal », et passé aux Hors de Services. Il travaille alors comme cultivateur chez son père, à Henvic.

Le 24 décembre 1914, il est tout de même reconnu apte au service armé, et mis à disposition de l’autorité militaire pendant la durée de la guerre.

Le 20 avril 1915, il rejoint le 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale à Rochefort. C’est en fait un régiment d’infanterie de marine (RIMA).

A cette époque, le régiment se trouve dans la Marne; au nord de Ste-Ménéhould; vers Massiges et Ville-sur-Tourbe. Les périodes de creusement de tranchées, sans cesse bouleversées par l’artillerie ennemie, alternent avec celles de défense en 1ère ligne, où l’on essaie de localiser les patrouilles d’éclaireurs et de détruire les ouvrages que construit l’adversaire.

Début juin, après un repos à Courtisols, près de Chalons sur Marne, le régiment remonte à Bussy-le-Chateau, puis à Somme-Tourbe, à l’est de Suippes. En août le travail se fait surtout de nuit. Le 24 août, le 33ème est chargé de creuser des boyaux en avant des premières lignes du côté de Souain et Tahure, première étape en vue d’une attaque de la butte de Tahure. Les pertes quotidiennes s’accumulent. Le 1er septembre, le 33ème est relevé par le 53ème et va bivouaquer à l’ouest de Souain.

C’est là, à Souain-Perthes-lès-Hurlus, que décède le 6 septembre 1915, le soldat René Stéphan, à 26 ans, « Mort pour la France, tué à l’ennemi ». L’acte de décès est transmis à Henvic le 22 janvier 1916. Il est enterré dans la nécropole nationale de Somme-Suippe, à l’est de Reims.

Un caporal et quatre soldats de la même compagnie sont également blessés, probablement au cours d’une patrouille.

Claude Le Bihan, que nous avons évoqué précédemment, connaîtra le même destin à cet endroit, 19 jours plus tard.

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Tanguy Jean Marie.

Un vapeur coulé par un sous marin

Jean Marie Tanguy est né à Henvic le 10 septembre 1886. Son père Louis Tanguy, marin, est né à Taulé, et sa mère, Françoise Coat, et née à Henvic. En 1901, la famille demeure au Hoel, à Kerantreiz.

Inscrit maritime, il débute comme mousse à la petite pêche à Morlaix sur le sloop « Louis-Marie », jusqu’au 23 mars 1902. Il est ensuite mousse sur le vapeur « Montaigne », au cabotage puis au long cours à Dunkerque, de mai 1902 à mars 1904. Il embarque alors comme novice sur « Louis-Marie », à la petite pêche à Morlaix, jusqu’en janvier 1905. Il poursuit sa carrière de marin comme matelot sur « Abeille 6 », vapeur au Havre, de juin à septembre1905. Puis il est soutier au long cours sur le « Ferdinand de Lesseps », au Havre, de septembre à novembre 1905, puis sur « Savoie », en décembre de la même année. Il revient au cabotage sur le vapeur « St-Thomas », au Havre, comme soutier, de janvier à août 1906.

Le 24 octobre 1906, il commence son service militaire dans la marine, comme matelot de 3ème classe, puis de 2ème et de 1ère classe, le 1er janvier 1910. Il obtient la spécialité de chauffeur graisseur breveté le 1er janvier 1907.

Affecté au 2ème dépôt de Brest jusqu’à janvier 1907, à l’atelier central de la Flotte en janvier et février 1907, à la 1ère flotte de torpilleurs de l’Océan en mars et avril, il quitte le 2ème dépôt le 24 mai 1907, pour Lorient, où il embarque sur « Julien de la Gravière », du 1 juin au 3 décembre 1907. Il est ensuite sur la « Gironde », au départ de Lorient, du 1er janvier 1908 jusqu’au 1er mars 1909, où il débarque à Toulon. Sur le « D’Entrecasteaux » au départ de Brest le 27 mai 1909 jusqu’au 6 avril 1910, où il débarque à Toulon. Il rejoint Brest et est placé en congé illimité, le 24 août 1910. En 1908, il reçoit la Médaille du Maroc avec agrafe Casablanca Gironde 1907/1908.

De retour à la vie civile, il embarque comme chauffeur sur le « Caraïbe », un vapeur au long cours, en septembre 1910. Après un retour au cabotage au Havre sur « Diego Suarez » et « St-Luc », il repart au long cours sur « Bretagne », et « Louisiane », de novembre 1910 à mars 1911.

De juin 1911 à janvier 1912, il navigue au cabotage au Havre et à Rouen sur Finistère, « Daphné », « la Dive », et « St-André ». Au long cours sur « Touraine » de janvier à avril 1912, au cabotage au Havre sur « St-Mathieu » de juin à novembre 1912, « St-Barnabé », de Dunkerque à Rouen de janvier à octobre 1913, « Sylvie », de Rouen à Alger. Il effectue un retour d’octobre 1913 à janvier 1914, sur le « St-Mathieu », de janvier à mars 1914, puis le « Montblanc », entre Le Havre et Nantes.

Le 27 août 1914, il est mobilisé au service de l’état, en sursis d’appel, et mis à la disposition de la Compagnie de Navigation de la Seine, dépendant du 2ème dépôt de Brest jusqu’au 13 avril 1915, puis du 1er dépôt de Cherbourg. Son sursis d’appel expire le 31 décembre 1916, et il rejoint le 2ème dépôt de Brest le 1er février 1917. Le 28 mars 1917, il embarque au cabotage sur le vapeur « Président Leroy Lallier » comme chauffeur entre Dunkerque et Bayonne.

Le 9 avril 1918, le vapeur, en convoi, est torpillé par le sous-marin UB 109, coulé par 48°50N, 5°13W, au nord ouest d’Ouessant, à 13 milles du phare de l’Ile Vierge.

Jean Marie Tanguy est déclaré « Disparu en mer, Mort pour la France », à l’âge de 31 ans. L’acte de décès est transcrit à Henvic en 1919. Il recevra la Médaille Militaire à titre posthume en avril 1932.

Le « Président Leroy-Lallier » était un vapeur armé de la Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord. Touché par une torpille par travers bâbord à 22h45, les chaudières éclatent presque aussitôt coupant le navire en deux. Il coule par l’arrière en moins de deux minutes, entraînant 23 hommes avec lui. Il y aura seulement 7 rescapés.

Les sous-marins allemands exerçaient une guerre totale, coulant sans distinction des navires civils et militaires. Le 29 Août, ce sous-marin heurta une mine au large de Douvres et coula, entraînant dans la mort 28 de ses 36 hommes d’équipage.

La marine marchande paye un lourd tribut. En ce qui concerne la Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord, la Première Guerre Mondiale est une véritable catastrophe. Sur 19 navires en flotte en 1914, 13 seront détruits, occasionnant la mort de 7 commandants, 18 officiers et 82 maîtres, matelots, chauffeurs, soutiers, novices et mousses, soit 107 navigants auxquels se sont ajoutés 8 sédentaires morts pour la France.

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