Henvic à la veille de la Révolution

La paroisse gérée par le Conseil de Fabrique

A la veille de la Révolution de 1789, la noblesse a beaucoup perdu de son faste et de son pouvoir. Du château de Lézireur, il ne reste plus grand chose. Par contre celui de Trogriffon semble encore bien florissant. En 1788, il est occupé par « Noble et Puissant Messire Pierre-Joseph-Jean chevalier Seigneur de Coëtanlem. Pierre de Coëtanlem était issu d’une des branches de cette famille bien connue dans la région morlaisienne. Jean de Coëtanlem, né vers 1455, fut en son temps un fameux corsaire, et c’est son neveu, Nicolas de Coëtanlem, avec qui il s’était associé, qui fit construire à Morlaix, pour la Duchesse Anne, la frégate baptisée « La Cordelière ». Celle-ci, commandée par Hervé de Portzmoguer, sombra le 12 Aout 1512, en face de Brest, au cours d’un combat héroïque contre la flotte anglaise.

Bien que sans doute plus proches des paysans que ne le fut la noblesse ancienne, les occupants de Trogriffon gardent encore leurs droits seigneuriaux et féodaux. Pierre de Coatanlem n’est cependant pas très inquiété durant la révolution. Il est tout simplement assigné à résidence dans son manoir. Il mettra à profit ce temps, pour rédiger un dictionnaire breton, qui avait disparu durant plusieurs années, mais qui a été retrouvé et qui est préservé en lieu sûr.

Dans la paroisse, les problèmes concernant l’ensemble de la communauté sont étudiés et débattus par une sorte de conseil des sages, appelé « fabrique ». Cette instance joue un rôle considérable. C’est elle qui est chargée de la gestion des biens de l’église, qui sont très importants. Une liste, datée du 9 Mai 1790, énumère les biens « tenus à titre de fermage et les rentes foncières » par la fabrique de Henvic. Celle-ci possède en effet beaucoup de terres louées à des fermiers. La fabrique de Henvic gère en outre les « biens temporels » de ce qu’on appelle alors le « lieu de Ste Marguerite », c’est à dire la chapelle elle-même, mais aussi les bâtiments et les terres qui en dépendent.

Deux fois par an, les fabriciens doivent en outre procéder au collectage des impôts, auprès des paroissiens. Ces impôts sont considérables, tant les impôts royaux, que ceux dus à l’église.